1er décembre 2022: Leçon d'adieu Prof. Negro
12H30
CMU - AUDITOIRE MÜLLER (A250)
Francesco NEGRO
Professeur ordinaire
Départements de médecine & de pathologie et immunologie, Faculté de médecine UNIGE
Service de gastro-entérologie et hépatologie, Département de médecine &
Responsable de l’Unité de viropathologie, Service de pathologie clinique, Département diagnostique, HUG
«Une carrière marquée par des vaccins... qui n’étaient pas là»
Université de Turin, 1980: une jeune chercheuse meurt en quelques heures d’une hépatite B fulminante. Le vaccin qui aurait pu la sauver ne sera disponible que trois ans plus tard. Alors stagiaire dans le même laboratoire, le professeur Francesco Negro n’oubliera jamais à quel point les maladies infectieuses ont fait des ravages, et combien les vaccins ont protégé de vies. Quelques décennies plus tôt, le jeune Francesco, 5 ans, est cloué au lit pendant plusieurs semaines à cause de la rougeole. Il découvre alors avec émerveillement un livre d’anatomie qui scellera son avenir professionnel: il sera médecin. La lutte contre les hépatites virales constituera ainsi le cœur de sa carrière.
Si les vaccins contre les hépatites A et B sont maintenant de routine, celui contre l’hépatite C n’a toujours pas vu le jour. Heureusement, ce virus, identifié en 1989, peut maintenant être traité efficacement. Ce n’est toujours pas le cas de l’hépatite D, qui touche 5% des personnes souffrant d’une hépatite B en aggravant son évolution vers un cancer du foie. Longtemps après sa découverte par l’équipe dans laquelle le professeur Negro a effectué sa thèse, ce virus continue à déconcerter les scientifiques.
Lors de sa leçon d’adieu, le professeur Negro se remémorera les virus qui ont constitué le fil rouge de sa carrière. Il détaillera les progrès étonnants de la recherche, et montrera à quel point les vaccins ont changé en à peine un demi-siècle la perception que nous avons des virus. Mais les êtres humains sont toujours prompts à oublier les dangers d’hier. De fausses études en rumeurs, l’hésitation vaccinale mène à la résurgence de maladies que l’on pensait appartenir au passé, et complique le contrôle des virus émergents. Au-delà du risque sanitaire, c’est aussi une profonde fracture sociétale qui nous menace aujourd’hui. Le professeur Negro se penchera aussi brièvement sur l’histoire de la vaccino-hésitation, sur laquelle il est en train d’écrire un ouvrage.
Biographie
Francesco Negro effectue ses études de médecine à l’Université de Turin, puis se spécialise en gastroentérologie. Il effectue ensuite des séjours post-doctoraux à l’Université de Georgetown et aux NIH, où il travaille dans le domaine des hépatites virales. Il arrive à Genève en 1994, et rejoint le service de gastro-entérologie et hépatologie des HUG. Maître d’enseignement et de recherche à la Faculté de médecine depuis 1999, il est nommé en 2006 professeur associé aux Départements de médecine interne des spécialités (devenu depuis le Département de médecine) et de pathologie et immunologie, de même que médecin adjoint agrégé. Il poursuit ses recherches dans son laboratoire et est responsable de l’unité de viropathologie dans le service de pathologie clinique des HUG. Il est promu à la fonction de professeur ordinaire en 2014.
Attaché à la médecine translationnelle, Francesco Negro allie clinique et recherche fondamentale dans le domaine des hépatites virales. L’organisation et le suivi de l’Étude suisse de cohorte Hépatite C lui ont permis de développer des protocoles thérapeutiques ; il a en outre mis au point une application sur smartphone pour aider les médecins à avoir accès facilement aux recommandations cliniques. Sur le plan de la recherche, il travaille notamment sur la pathogénèse des altérations métaboliques associées au virus de l’hépatite C, et particulièrement sur les mécanismes menant à la résistance insulinique ou le diabète. Il est en outre membre du comité éditorial de plusieurs revues de sa spécialité et de la direction de l’Association européenne pour l’étude du foie. Par ailleurs très investi dans la vie facultaire, il a notamment assuré la présidence de la Commission MD-PhD et a contribué activement à l’essor de nombreuses carrières académiques. Il est nommé professeur honoraire en octobre 2022.
1 déc. 2022