Espaces en tension.
Des imaginaires sociaux pour penser un monde abimé

Ce cycle de conférences publiques propose d’interroger la multitude des spatialités qui façonnent les imaginaires sociaux contemporains, en les abordant comme des réalités construites, traversées de rapports de pouvoir, de conflits d’usages et d’imaginaires concurrents. En articulant cette réflexion à une démarche fondée sur des méthodes de recherche variées — sensibles, participatives, visuelles, critiques — et sur l’analyse des imaginaires sociaux, il explore la manière dont les sociétés expérimentent, organisent et transforment leurs territoires.

Séance d'introduction réservée aux étudiant·es
 

Cette intervention portera sur un projet de quantification de la cohésion territoriale européenne, un objectif politique de l'Union européenne (UE) visant à assurer un développement global harmonieux et équilibré de l'UE (article 174 du traité sur le fonctionnement de l'UE). Différentes visions (imaginaires ?) du territoire européen ont été synthétisés par des storylines et quantifiés au moyen d’indicateurs statistiques.

Hy Dao est professeur titulaire à Faculté des sciences de la société et vice-directeur de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Genève. Il est également géographe au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Il a été responsable et expert dans plusieurs projets européens sur la cohésion territoriale (programme ESPON). A Genève, il collabore avec le Centre d'analyse territoriale des inégalités (CATI-GE) depuis le début des années 2010, notamment sur le projet de géoportail CATI-GE.
Il enseigne la cartographie et la géomatique dans différentes formations de base et avancées de l’Université de Genève.
 

Je me propose de réfléchir à la transformation de nos expériences et de nos imaginaires météorologiques, et plus précisément au passage d'un régime de la variation à un régime de la perturbation dans l'épreuve et la qualification du temps qu'il fait, du temps que nous nous faisons. Un mot m'aide à penser cela, et à abriter nos vulnérabilités et nos inquiétudes : le verbe "weathering", par lequel la langue anglaise construit tout autrement que dans notre mot "temps" la question météorologique, et nous ouvre des pistes pour penser les formes d'une exposition généralisée.

Marielle Macé est écrivaine et universitaire (directrice de recherches au CNRS, professeure à l'EHESS, Paris, ancienne pensionnaire de la Villa Médicis, Rome).
 

La catastrophe de Blatten de mai 2025 et ses suites immédiates ont donné à entendre une grande diversité d’interprétations et de propositions. Celles-ci frappent par la large gamme de thématiques abordées, convoquant tantôt l’histoire des écroulements dans les Alpes, tantôt l’actualité du changement climatique global, tantôt la vie dans les hautes vallées alpines, tantôt tel ou tel trait considéré comme relevant de l’identité helvétique. Plusieurs ont suscité des controverses dont on peut penser qu’elles vont s’installer dans la durée. L’intervention présentera ces divers récits et les controverses en question, en insistant sur la diversité des imaginaires sociaux qui les fondent et la pluralité des spatialités et des territorialités dont ils rendent compte.
 

Bernard Debarbieux est professeur honoraire à l’Université de Genève, formé en géographie, histoire et urbanisme. Il a travaillé sur quelques catégories géographiques privilégiées (notamment la montagne et la ville) à l’aide d’une théorie des imaginaires sociaux de l’espace. Il a été professeur principalement dans les universités de Grenoble et de Genève, et pour des périodes plus courtes à la State University of New York, au Vassar College (NY), à l’Université de Montréal, et invité pour un semestre à l'université de Marrakech, à la Maison des Sciences de l’Homme (Paris) et à l’Institut Européen de Florence.
 

C’est quoi, un Living lab? Montage d'un projet transdisciplinaire à la Jonction sur "chaleur en ville"
 

Prof. Estelle Sohier
Culture visuelle de l’extractivisme. Voir ou ne pas voir l’origine des métaux précieux

Estelle Sohier est professeure associée au département de géographie et environnement de l'UNIGE. À la croisée de la géographie et de l'histoire culturelles, ses travaux portent sur l'histoire de la photographie et de ses usages durant la période coloniale, et les notions de culture visuelle et d’imaginaire géographique.
 

Nicolas Puig est chercheur en anthropologie à l'IRD (URMIS, Université Paris Cité). Il travaille en Tunisie (terrain non actualisé), en Égypte et au Liban sur la fabrique des environnements urbains et les relations entre musiques et dynamiques sociales et politiques. À partir de ces questionnements, il explore des anthropologies du sonore par lesquelles il s’intéresse aux expériences sensibles au Caire et aux insertions des migrants et réfugiés dans les villes libanaises. Il développe depuis peu des enquêtes collaboratives en écologie humaine (circulations virales au Liban, savoirs écologiques locaux des pêcheurs apnéistes au Sénégal et au Liban).
 

Aude Le Gallou est géographe et maître-assistante au Département de géographie et environnement de l’Université de Genève. Ses recherches s’intéressent aux formes d’appropriations matérielles et symboliques de l’abandon dans une perspective de géographie culturelle.
 

Les revendications autochtones à travers le monde renvoient à une panoplie d' « espaces en tensions ». A titre d'illustration, on proposera une réflexion sur les taonga (« trésors ») des Māori dans leur dimension spatiale avant tout, c'est-à-dire au-delà de leurs aspects de patrimoine au sens conventionnel du terme. On évoquera également les conflits - juridiques, politiques, socioculturels ... - que les taonga ne cessent de susciter.

Isabelle Schulte-Tenckhoff est professeure honoraire d’anthropologie à l’Institut de hautes études internationales et du développement, Genève. Avant de rejoindre l'IHEID en 2003, elle a rempli diverses fonctions dans l'enseignement et la recherche au Canada, en France, aux Etats-Unis et en Suisse. Ses recherches portent, entre autres, sur les droits des peuples autochtones ainsi que le rapport entre anthropologie et droit (international).
 

Le Saint-Bernard, race emblématique de la Suisse, incarne la bonté du chien, à la fois meilleur ami de l’homme et protecteur fidèle. Cette intervention mobilise la géographie historique et les études animales afin d’offrir une analyse de trois figures de ce chien et de leurs territoires, ainsi que leurs usages pour les humains et leurs places dans les imaginaires humains en Suisse et ailleurs.

Lucas M. Müller est Collaborateur scientifique au département de Géographie et environnement de l’Université de Genève. Il est titulaire d’un doctorat du Massachusetts Institute of Technology, et il dirige le projet « Avalanches », financé par un subside Ambizione du Fonds national suisse pour la recherche scientifique, depuis 2023.