The Girl In White 

par Alessia Charvet et Anouk Sommer

travail réalisé dans le cadre des mémoires de master de la Fac. de médecine de l’UniGe 

 

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La femme médecin peut-elle être un Dieu ? : l'histoire de la première femme médecin-ambulancière à New York

L’image de la femme médecin est une figure qui est de plus en plus représenté à l’écran mais qui est difficile à explorer dans les films plus anciens, le personnage étant soit une caricature extrème - montrant des femmes hyper-sexualisées ou, au contraire, ayant abandonné beaucoup de caractéristiques féminines pour se modeler à l’image de leur collègues masculins - soit tout simplement inexistant. Le film The Girl In White, racontant la vie de la Doctoresse Emily Dunning, se distingue en proposant une figure très moderne de la femme médecin. Il offre ainsi une vue plutôt unique du rôle des femmes dans la médecine à une époque où elles y font leur première apparition.

 

Emily Dunning Barringer

 Emily Dunning est la première femme ambulancière aux Etats-Unis, ainsi que la première à obtenir un internat en chirurgie, au Governor Hospital de New York. Elle découvre sa vocation lors de ses études à l’université de Cornell, encouragée dans cette direction par son mentor, la Dre Putnam Jacobi. Cette dernière a, quelques années auparavant, obtenu son diplôme de l’Université de Médecine à Paris, avant de revenir exercer aux Etats-Unis. Après son internat, Emily Dunning travaille comme gynécologue et chirurgienne à New York, devenant plus tard la directrice du service de gynécologie à l’hôpital Kingston Avenue de Brooklyn. Elle reste militer tout au long de sa vie pour faire avancer les droits des femmes et devient présidente de l’American Medical Women Association. En 1950, une dizaine d’années avant son décès, elle publie son autobiographie : « Bowery to Bellevue : The Story of New York’s First Woman Ambulance Surgeon ». Elle épouse un de ses collègues, Ben Barringer, avec lequel elle a deux enfants.

 

Présentation du film

The Girl In White est un film de 1952, réalisé par John Sturges, avec pour premiers rôles June Allyson jouant Emily Duning et Arthur Kennedy dans le rôle de Ben Barringer. Les acteurs principaux ont eu des périodes d’assez grand succès mais le film se situe dans des périodes creuses de leur carrière.  John Sturges réalise ce film au début de la sienne. Le film rencontre peu de succès à sa sortie, comme nous le verrons plus tard dans l’analyse de la réception du film.

The Girl in White se focalise principalement sur l’internat d’Emily, mais débute avec une découverte fictive de sa vocation : sa rencontre avec la Dre Yeomans, qui aide la mère d’Emily à accoucher. Le film se déroule donc durant les années 1900 à New York. Ce contexte est peu précisé dans le film - mais peut être déduit des dates de diplômes d’Emily Dunning (1901) – le seul évènement permettant de situer le film étant une épidémie de fièvre typhoïde, sachant qu’une des plus grosses épidémies à New York a eu lien entre 1906 et 1907.

La Dre Marie Yeomans sert de premier aperçu des  préjugés portant sur les femmes médecins, à travers les réactions de surprise des gens à sa rencontre et du manque de confiance des personnages envers ses capacités médicales.

Le film suit brièvement les études d’Emily, où l’on voit les premières barrières qui s’opposent à sa réussite : le dédain de ses collègues et de ses professeurs, les attentes de son ami - Ben Barringer - qui aimerait qu’elle abandonne sa carrière pour l’épouser ou encore le refus des hôpitaux de la prendre comme interne malgré ses excellents résultats. Emily finit par obtenir – grâce à l’insistance de la Dre Yeoman auprès de Seth Pawling, le directeur de l’hôpital – une place d’interne en chirurgie au Governor Hospital. Ce poste implique également de s’occuper des urgences arrivant à l’hôpital et de faire des gardes d’ambulancière. Elle y retrouve Ben, qui lui fait bon accueil, mais le reste de ses collègues se montre très opposé à son travail. Un interne en particulier, Dr. Graham, est très opposé à l’idée d’une femme pratiquant la médecine. Ce docteur sert de pendant négatif au personnage de Ben Barringer, qui soutient beaucoup Emily. Le Dr. Graham représente l’opinion d’une majorité décroissante au cours du film, pour finir isolé dans ses idées qui restent fixes.

Le film se concentre beaucoup sur le travail d’Emily, avec de multiples scènes la montrant aussi - si ce n’est plus- compétente que ses collègues masculins, que ce soit dans l’action, par son intelligence clinique ou dans ses relations avec les patients. Lorsqu’Emily ramène à la vie un patient déclaré mort prématurément par le Dr. Graham, elle gagne enfin le respect de ses autres collègues et de ses supérieurs. La fin du film voit Emily acceptée par ses collègues et Ben partant provisoirement pour Paris, pour poursuivre ses recherches. Emily et Ben se promettent de se retrouver, montrant qu'Emily ne veut pas tout sacrifier à sa carrière, ayant écouté les mises en garde de la Dre Yeomans à ce sujet.

 Au niveau des outils cinématographiques utilisés, le film se distingue peu. La musique est très peu présente, elle apparaît quelques fois de manière extra-diégétique pour souligner certains moments émotionnels, comme la naissance du frère d’Emily, ou en interne au film (scène de bal, fête, radio). La façon de filmer n’est pas particulièrement notable non plus, avec une caméra généralement horizontale, fixe, ou faisant de petits recadrages. La faible  utilisation de ces effets fait ressortir la mise en pratique plus importante de l’éclairage et de la lumière, typique du cinéma hollywoodien de cette époque. Le personnage d’Emily ressort beaucoup, dans ses moments importants, grâce à la particularité de l’éclairage, qui la fait briller alors que les autres personnages restent dans l’ombre.

 

 

Analyse d’un extrait : « Lèves- toi et marche »

 

Résumé

Emily va en ambulance chercher un patient empoisonné à l’hydrate de chloral et se trouvant dans le coma. Puis on se retrouve dans l’hôpital avec le Dr. Graham, qui déclare le patient mort et se moque d’Emily lorsqu’elle veut poursuivre les soins. Elle le fait tout de même, avec l’aide des infirmières, et réanime le patient. Une des infirmières prévient la presse, et des journalistes viennent prendre en photo “le miracle”, lorsque Dr Seth Pawling arrive.

 

Explications médicales

Les symptômes d’overdose à l’hydrate de chloral sont hypotension, hypothermie, insuffisance respiratoire et coma. Les traitements administrés dans l’extrait sont les traitements recommandés pour les overdoses d’opioïdes : ventilation artificielle, stimulants (café, douleur) et faire marcher le patient. La technique de ventilation artificielle précède l’utilisation du bouche à bouche : la scène montre la doctoresse et les infirmières compresser le dos du malade qui est couché sur le ventre. 

C’est une scène plutôt longue au niveau du film, accentuée en cela par les nombreuses transitions en fondus-enchaînés qui reviennent sur la même scène, donnant des effets d’ellipse. Cette scène est reconstruite quasiment à l’identique à partir d’une scène tirée de la biographie d’Emily, qui la décrit comme ayant effectivement duré plusieurs heures de la nuit.

 

Découpage de l’extrait (minutes 00:52 - 00:58 du film)

  • 1e scène : arrivée de l’ambulance au lieu de l’urgence
  • 2e scène : à l’hôpital
    • Séquence 1
      • Partie 1 : Emily et Dr Graham
      • Partie 2 : Réveil du patient : Emily se rend compte qu’il n’est pas mort puis le réanime
    • Séquence 2 : une des infirmière va chercher les autres pour leur demander de l’aide
    • Séquence 3 : patient qui marche dans le couloir
    • Séquence 4 : une des infirmières appelle la presse en secret
    • Séquence 5 : arrivée de la presse puis du Dr Pawling
    • Séquence 6 : Emily s’explique avec le Dr Pawling

 

Analyse : la femme médecin

Une femme médecin peut-elle être un Dieu ?

Au cours de l’année, nous avons pu voir que l’imagerie qui accompagne les médecins dans les films est souvent liée à la religion, élevant le médecin – masculin – si ce n’est au rang de dieu, souvent au rang de saint. Une des questions que nous nous sommes posées en regardant The Girl in white était de voir si cela était également repris dans la représentation d’Emily.

Du point de vue du récit, des évènements du film, Emily Dunning est un médecin parfait. La découverte romancée de sa vocation auprès d’une autre femme médecin en action met la première pierre à l’édifice d’un personnage de “grand médecin”, aux aspirations nobles. Au cours de l’histoire présentée par le film, la jeune femme ne commet aucune erreur. Son seul « manquement » est plutôt de l’ordre de l’hésitation alors qu’elle doit répéter l’anatomie du squelette devant ses collègues d’université, mais même cette scène est plutôt là pour montrer son combat contre les préjugés de ses collègues et de ses professeurs. En dehors de cela, Emily gagne la confiance des patients et de ses collègues par sa capacité à réaliser l’impossible : elle remet l’épaule d’un homme très grand, qui lui avait été adressé en défi par ses collègues masculins, elle se porte à merveille dans une ambulance et réanime même un patient déclaré mort. L’extrait choisi, qui montre cette réanimation, illustre bien le parallèle fait entre la jeune femme et une figure de sainte : non contente de ressusciter un mort, elle le fait marcher ! Au fur et à mesure du film, sa parole, sa réputation et ses méthodes se répandent : lorsqu’Emily tente de réanimer ce patient, les infirmières ne sont pas sûres du résultat, mais sont de toute façon prêtes à la suivre. La presse accourt pour voir son miracle (« They’d kill me if they found out, but I thought it would make a great story !» dit l’infirmière qui les prévient). La scène qui clôt le film voit finalement le chef de l’hôpital lui porter ses excuses et admirer la façon dont elle pratique la médecine.

En regardant le film, il semblerait bien que la Dre Dunning soit incapable de commettre une erreur médicale, ce qui l’entoure rapidement d’une aura de prodige, ou de faiseuse de miracles.

La construction des scènes, de l’aspect visuel du film, fait également ressortir Emily comme un personnage hors du commun.

 

 

La gestion de la musique – souvent des violons lents, théâtraux – fait ressentir au spectateur les moments émotionnels de la découverte de la vocation d’Emily, ou ses réflexions sur son dévouement à la médecine comme des instants à graver dans la mémoire, des paroles ou images desquelles s’inspirer. Les sons internes au film sont parfois utilisés à l’avantage de la scène, comme le son augmenté des bruits de pas lorsque le patient dans le coma se remet à marcher, qui montre bien l’importance de ce qui est en train d’être effectué par les personnages. 

L’utilisation de l’éclairage encadre Emily, souligne sa différence, et attire l’attention sur ses gestes. Comme l’on peut s’y attendre du premier rôle, la jeune femme est souvent au centre de l’écran, en pleine lumière. Cependant, l’utilisation de la lumière dans ce film et, plus poussée que cela : la lumière auréole Emily et ses actions. Dans l’extrait analysé, l’ambulance arrive par et avec la lumière dans un cadre très sombre, pour passer à l’hôpital bien éclairé, donnant cette impression que la jeune femme apporte avec elle la vie et la lumière. Quelques instants plus tard, alors que la doctoresse s’agenouille au sol pour ventiler le patient, la lumière passant depuis la porte derrière elle fait une flèche qui s’ouvre sur Emily et ses actions alors qu’elle sauve une vie. Toujours dans cette scène, le lieu où le patient commence à marcher est baigné de lumière, contrairement au reste de l’hôpital qui est plongé dans la pénombre, comme nous le montre le trajet de l’infirmière qui va chercher du café. En dehors de cette scène, la scène de fin du film voit Emily mise en avant dans la lumière alors qu’elle reçoit les excuses de son supérieur, qui reste dans l’ombre.  Ainsi, Emily est très souvent entourée de lumière, qu’elle amène par elle-même ou qui la suit simplement, comme une sainte son auréole.

L’utilisation de la caméra permet également de donner cet air prodigieux au personnage principal. Encore une fois, étant le personnage principal, il est normal pour Emily de se retrouver au centre, mais certains effets accentuent cela. Durant l’extrait, le plan où Emily se rend compte que le cœur de son patient bat encore est un des rares où son regard traverse presque la caméra, capturant l’attention du spectateur, pour ce qui va suivre, comme si en traversant presque la limite de l’écran, elle traverse aussi presque la limite du possible, en réanimant cet homme. Le long de l’extrait, mais aussi lors d’autres moments du film, les recadrages de la caméra suivent les mouvements des personnages qui se déplacent autour d’Emily pendant qu’elle reste immobile, faisantd’elle et son patient le centre de gravitation des autres personnages.

Ainsi, la caméra réutilise également les connotations d’importance liés aux hommes médecins dans les films pour transmettre l’image d’Emily au spectateur.

Cependant, si Emily est filmée en partie comme un personnage saint, à l’instar de ses collègues masculins, elle apporte une énergie bien féminine à l’image. Ainsi, elle sera représentée avec une image très maternelle.

Au niveau du récit, certains évènements nous montrent un aspect plus féminin, sans pour autant lui retirer cette aura de sainteté. Quelques scènes avec des enfants permettent de souligner son aspect maternel, ainsi que le ton qu’elle utilise avec ses patients adultes, qui se rapproche parfois de celui d’une mère et ses enfants. Ce mélange d’images maternelles et religieuses est très rapidement annoncé par le film, dans les scènes d’ouverture où l’image d’Emily avec son frère et la Dre Yeoman amène facilement à l’esprit celle de la Vierge à l’enfant, avec la Dre Yeoman comme ange annonciateur.

Ainsi, ce film utilise également les moyens classiques de montrer les médecins en passant par un registre religieux pour représenter Emily. Cependant, le fait que l’histoire parle de sa différence en tant que femme médecin ce ressent aussi dans l’utilisation de ce registre, qui s’appuie plus sur des images féminines religieuses.

 

Une femme peut-elle être l’égale d’un homme ?

Dans le film « the girl in White », Emily Dunning, une femme est représentée emplissant tous les stéréotypes d’un homme médecin. En effet, le film représente Emily Dunning comme un médecin sans différences avec ses compères masculins.

Dans la période où est apparu ce film, le personnage du médecin est devenu un des principaux thèmes au cinéma. Il est représenté comme un bourgeois respecté, beau et intelligent dévoué à son métier et à ses patients. Le personnage principal de ce film possède tous ces attraits.

Le personnage d’Emily ne perd ni sa beauté ni sa féminité aux dépens de sa carrière. L’actrice interprétant le rôle correspond aux critères de beautés d’une femme de cette époque. Elle n’est pas montrée avec les archétypes de la femme intelligente ou du savant, comme des lunettes ou des problèmes capillaires. Nous pouvons remarquer une vraie volonté du cinéaste de représenter une femme médecin sans fioriture, puisque l’infirmière fait une remarque à Emily sur le fait qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’elle ait cette apparence: «  Funny you’re not at all like I imagined » puis après qu’Emily lui demande ce qu’elle imaginait elle répond: « Oh glasses of course! ». 

Elle montre de l’assurance et de la confiance en soi malgré l’adversité. Nous pouvons remarquer que la protagoniste dévoile une grande intelligence et une autonomie. Elle ne fait aucune erreur médicale et semble trouver des solutions à ses problèmes. Le film va dans le sens des stéréotypes de genre, comme lors de la préparation d’une fête où les femmes sont montrées à la cuisine et les hommes confectionnent de l’alcool comme des scientifiques. Mais Emily est l’exception puisqu’elle est représentée comme étant l’égal voire la rivale de ses camarades, ce qui représente la doctrine féminine.

Le cinéaste nous montre au cours d’une scène Emily qui se doit de soigner un patient en lui remettant une épaule déboitée. La situation tend à être ironique puisque le patient est un homme très grand, la Dre semble petite et inapte à côté. Emily trouve pourtant une solution en demandant au patient de s’étendre sur le sol et elle lui remet l’épaule à l’aide de ses jambes.

En opposant ainsi deux carrures, le cinéaste mets en avant la problématique d’une femme médecin et montre qu’il ne s’agit pas d’une infirmité. Cet effet est renforcé par le cadrage du film, nous passons d’un plan rapproché à un plan pied, ce qui appuie sur la différence de taille.  

 

La protagoniste apparaît également comme prête à faire des sacrifices afin de réaliser son rêve de devenir médecin. Le personnage montre une grande détermination qui ne décroît pas au cours de l’histoire. Elle renonce d’abord à un premier mariage arrangé par sa mère, ce qui était une promesse d’une vie calme et sûre. Puis elle apparaît à l’université comme très studieuse et dévouée. Plus tard dans le scénario, Emily est demandée en mariage par un de ses camarades (Ben Barringer) à nouveau elle renonce car son devenir de médecin est sa priorité.

Le questionnement de la distribution des tâches entre les genres est également remis en question par le personnage de Ben Barringer. Les stéréotypes de genre semblent être inversés entre Emily et Ben. Ce dernier montre une grande sensibilité au cours du film, représentée lors d’une scène où il effeuille une marguerite, un jeu censé miroiter les sentiments de la personne aimée. Habituellement, cet acte est réalisée par une femme, démontrant la sensibilité et les croyances aux divinations. De plus, Mr. Barringer semble idéaliser la place d’une femme dans la société, comme s’il souhaitait pouvoir effectuer les tâches attribuées aux femmes. Lorsqu’Emily renonce à la première demande en mariage de Ben, ne voulant pas sacrifier son travail, il lui fait comprendre, presque avec jalousie, l’importance de la proposition qu’il lui fait. Il ne lui offre pas qu' un mariage mais une sécurité et une vie calme à passer à la maison, en s’occupant d’enfants. Finalement, Ben semble moins déterminé à poursuivre son ascension dans le domaine médical, en effet il n’est pas prompt à accepter un très bon poste à l’étranger et se trouve presque poussé par Emily. Il nous a semblé qu’il acceptait de s’éloigner d’elle pour gagner son amour, et devenir méritant de l’estime d’Emily. 

Le personnage d’Emily Dunning montre un grand dévouement envers ses patients. Nous avons remarqué que la prise en charge des patients est avant-gardiste pour l’époque. En effet, Emily semble être à l’écoute de ses patients et ne s’occupe pas uniquement du côté somatique de la prise en charge. Nous pouvons par exemple citer une scène dans laquelle elle s’occupe d’un enfant et également de sa peluche. Emily apporte la sensibilité féminine dans la prise en charge des patients. Dans l’extrait de la scène analysée, nous pouvons mettre en avant le côté encourageant, presque maternel de la Dre avec son patient. Nous pouvons faire un parallèle avec une mère apprenant à son enfant à marcher, avec douceur et accompagnement. En effet, elle apporte une touche de féminité qui semble lui permettre une meilleure prise en charge de ses patients. Ceci lui vaudra également la reconnaissance de ses compères.

L’obstacle nous fait grands

Emily est une femme médecin ce qui est source d’épreuves mais permet une évolution positive du personnage principal.

Tout d’abord, Emily doit lutter pour prouver son appartenance à l’université de médecine, où elle est la seule femme. Étant donné son genre, elle n’a pas le droit à l’erreur car sinon elle est reprise et dévalorisée. Elle semble travailler énormément afin d’égaler, et même surpasser ses camarades. A la fin de ses études, Emily se trouve très haut dans le classement des étudiants.

Malgré ses excellents résultats, Emily est à nouveau confrontée à une opposition. Aucun hôpital ne veut l’accepter pour qu’elle puisse faire ses années d’internat. La protagoniste est aidée par son mentor qui doit jouer de son influence afin qu’Emily soit acceptée dans un hôpital. Le cinéaste nous montre à plusieurs reprises la bataille des femmes afin de faire leur place dans un monde d’hommes. Emily se fait passer pour un homme afin d’obtenir un rendez-vous avec un directeur d’hôpital. Plus tard nous apprenons que sa mentor a écrit des livres médicaux, sans mentionner être une femme, afin de s’assurer que ses livres soient publiés. Puisque ces livres apparaissent comme très reconnus et utilisés, le cinéaste montre l’absurdité de la ségrégation homme-femme dans le domaine médical professionnel.

Après avoir été acceptée dans un hôpital, elle fait face à de nombreuses critiques et est sujette de médisances. A nouveau, le personnage principal fait preuve de détermination et ne laisse pas cette résistance entraver sa formation.

Le monde professionnel hospitalier n’est pas fait pour une femme, les tenues, les salles de bains communes sont des exemples de difficultés auxquels Emily doit faire face. Malgré ces obstacles, elle trouve des solutions et sa prise en charge des patients est irréprochable. Elle est soutenue par les autres femmes, représentées par des infirmières, ce qui démontre la solidarité féminine. Dans l’extrait analysé, nous pouvons remarquer que la Dre est seulement aidée d’infirmières. Nous avons pu lire dans le passage du livre racontant cette scène, que les seules personnes à répondre à l’appel d’Emily sont les infirmières et que tous les hommes (médecins ou non) ne semble pas intéressé par sauver la vie d’une personne déclarée morte. Nous pouvons remarquer le manque de confiance de la gente masculine envers la Dre et le soutien apporté par les autres femmes. Au cours du film, de plus en plus d’hommes se rangent de son côté et reconnaissent sa légitimité au sein de l’hôpital. Tout d’abord un ambulancier lui vient en aide puis des internes et finalement le directeur hospitalier. Nous avons remarqué qu’au cours des entrevues avec le directeur, la position d’Emily changeait: au début du film elle est assise quand il est debout, ce qui montre la domination du directeur et la subordination d’Emily. A la fin de l’extrait que nous avons décidé d'analyser, Emily refuse de s’asseoir et se trouve au même niveau que le directeur, comme un signe d’égalité. Malgré cela, elle est filmée d’abord avec au premier plan Mr. Pawling, apparaissant flou, ce qui nous met presque du côté de ce dernier puis elle est filmée en plongée. Cette manière de la filmer nous a semblé représenter la supériorité des hommes qui l’écrase, soulignant le courage dont elle fait preuve en ripostant.

 

Plus que d’accepter sa présence, ses compères semblent prendre exemple sur elle dans leur approche médicale. A la fin du synopsis, l’hôpital est en manque de personnel soignant, et fait recourt au mentor d’Emily, également une femme. Ils acceptent sa présence et reconnaissent son talent avec plus de facilité, ce qui montre qu’Emily en tant que pionnière à ouvert la voie et facilité l’accès au domaine professionnel médical à d’autres femmes.

 

Réception par le public

Affiche: IT WAS SHOCKING!

The first time a woman doctor dared to crash a man’s world!

The first time she dared to ride a racing ambulance! …

The first time she dared to go where women doctors were not wanted, to see things the men saw, to do the things they did! 

Malgré la représentation féministe du personnage de Emily Dunning, l’affiche appuie sur la différence homme femme.

Par la répétition du mot « woman » qui est toujours opposé avec le mot « man », l’annonce du film semble appuyer sur la particularité de la représentation de la femme dans le film.

De plus, le poster appuie sur le côté avant-gardiste de la représentation d’une femme médecin en répétant à trois reprises le « the first time » mis en avant par un soulignement.

Le portrait d'Emily Dunning est montré en grand, au-dessus de ses collègues, comme si elle les surpassait. La Dre est représentée comme on représenterait une sainte, soit avec des fleurs, un des attributs saints, et un air de compassion, soit avec l’annonce du film dans une bulle qui forme comme une auréole sainte au-dessus d’elle. Nous pouvons également remarquer qu’il s’agit du seul personnage où nous pouvons voir ses vêtements qui sont blancs, appuyant à nouveau sur la caractéristique sainte, et également du médecin.

La réception du film n’a pas été aussi positive que nous l’avions imaginé, la problématique du genre n’était pas un sujet de grand intérêt à l’époque et l’intrigue à été qualifiée de banale et peut intéressante dans le New-York Time faisant état du compte rendu du film: « the facts of her pioneering and stuggle against prejudice, bigotry and hazing rarely are compound into dramatic punch », plus tard dans l’article le scénario est caractérisé comme un « unspectacular narrative ». L’article met en cause la mauvaise réception du film au manque de poigne et d’aspect dramatique au désir d’Emily de devenir médecin.

Le film a effectivement été un échec puisqu’il a entraîné une perte de presque 300’000 dollars, selon les archives de la MGM.

 

 

 

Conclusion

Pour conclure, il est intéressant de remarquer qu'à notre époque, où la problématique du genre est proéminente, ce film nous a paru excellent. Nous pourrions alors penser que la signification du film est contextuelle et que le sens réside dans l’usage qu’on en fait. En effet la réception du film évolue en fonction du contexte et l’interprétation du film n’est pas fixe.

Ce film nous a paru très avant-gardiste et le manque de rebondissement dont il fait preuve ne nous a pas semblé problématique puisque l’aspect militant pour les droits des femmes nous a semblé être un thème suffisant pour lui donner de la valeur. De plus, l'évolution du personnage de la Dre et de sa perception par ses paires nous a paru être présentée avec finesse et humour parfois.

Le personnage principal semble quelque peu idéalisé voire divinisé. En effet, elle ne commet aucune erreur et semble toujours prendre les bonnes décisions. Lors d’un passage en particulier elle semble effectuer un miracle en réanimant (ressuscitant) un malade déclaré mort.

Nous avons également noté que Emily Dunning est représentée comme l’égal de ses collègues masculins et possède toutes les vertus du “bon médecin” de l’époque.

Nous avons pu remarquer qu’Emily a dû faire face à de nombreux obstacles pour montrer son appartenance à la profession de médecin. Elle mène une vraie lutte contre les préjugés de genre et le système patriarcal, sans être représentée non plus comme sacrifiant les valeurs féminines de l’époque.

 

Bibliographie