Actualités

 

Chaque semestre, le Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités de l’Université de Genève (CMCSS) propose un cycle thématique visant à éclairer, sous l'angle des sexualités, un thème phare et d'actualité. Pour le semestre de printemps 2024, le CMCSS a choisi d'aborder le thème des « nus artistiques, nus politiques ».

Des conférences, une visite guidée performative  et une summer school sont organisées durant tout le semestre avec différents partenaires académiques et culturels. Celles-ci permettont d'interroger le sujet depuis des perspectives variées, à partir d’exemples concrets d’œuvres et/ou de pratiques artistiques, dans des allers-retours entre passé et présent.

Image : Francesco Vecellio (attr.), Lucrèce (détail), v. 1530, huile sur toile, The Royal Collection, Hampton Court Palace. Royal Collection Trust / © His Majesty King Charles III 2024

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L'origine de Gaëlle © Kit Brown

Jeudi 13 juin 2024 | 18h-18h40, 19h-19h40, 20h-20h40
Musée cantonal des Beaux-Arts – Lausanne (MCBA)

Amies secrètes
Une performance de Gaëlle Bourges & invitées

Performance inédite conçue par Gaëlle Bourges, qui interroge le rapport aux corps nus représentés par les surréalistes. Danseuse et chorégraphe, Gaëlle Bourges réalise depuis plusieurs années des interventions performatives au sein de grands musées européens. En collaboration avec le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA) dans le cadre de son exposition Surréalisme. Le Grand Jeu.

Sur réservation, prix d'une entrée
S'inscrire

Elles sont nombreuses, elles ne se connaissent pas forcément, elles n’apprécient peut-être même pas leur travail respectif, mais elles sont réunies dans une même exposition : on va en profiter, car on commence à en oublier certaines, alors que toutes ont compté. On va donc les inviter à revenir - Flora Acker, Marion Adnams, Rachel Baes, Denise Bellon, Simone Breton, Claude Cahun, Leonora Carrington, Ithell Colquhoun, Lise Deharme, Maya Deren, Suzanne Duchamp, Germaine Dulac, Nush Éluard, Leonor Fini, Jane Graverol, Henriette Grindat, Violette Hérold, Valentine Hugo, Gladys Hynes, Georgette Magritte, Elise Müller, Mereth Oppenheim, Gisèle Prassinos, Sonja Sekula, Dorothea Tanning, Marie Vassilieff, Unica Zürn, Irène Zurkinden. On pourra les voir et les entendre ; entrer en contact avec leur travail, leur radicalité. Françoise Pétrarque faisait ça : elle se mettait dans les pas des anciennes écrivaines, les étudiait et les commentait en espérant devenir leur égale. Il faut faire pareil.

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Dimanche 7 juillet - vendredi 12 juillet 2024
Istituto svizzero, Rome, Italie


« Chiaroscuri : Arts et sexualités à Rome »
Une summer school à l'Istituto svizzero de Rome

Organisée par : Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités (CMCSS, UNIGE), Unité d'histoire de l'art (UNIGE), HEAD - Genève, Accademia di Belle Arti di Firenze

La summer school « Chiaroscuri : Arts et sexualités à Rome » a pour objectif d'inviter des étudiant-e-x-s de masters issu-e-x-s des institutions partenaires (CH/IT) à explorer la question des imaginaires figuratifs au croisement du sacré et du sexuel, qui interrogent le christianisme et les sexualités. Entre arts, questions sexuelles et christianisme, censure, tabous et morale, des exemples du Moyen Âge et de la Renaissance seront mis en résonance avec des récits modernes et contemporains pour réfléchir aux dimensions publiques, politiques et artistiques des sexualités, dans l’Italie d’hier et d’aujourd’hui. Sur la base des approches théoriques partagées durant la semaine, des ateliers et des visites guidées, les étudiant-e-x-s restitueront en groupe leurs recherches par le biais de diverses pratiques artistiques à choix.

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Plus d'informations


Mercredi 28 février | 12h15
HEAD, bât. E, salle Georges Addor
Et sur Zoom

Nudité, sexualités et transféminité à la fin du Moyen âge : Madame Marguerite dans les Cent Nouvelles Nouvelles
Conférence de Clovis Maillet, HEAD – Genève, HES-SO
Dans le cadre du cycle de conférences
Actualité de la recherche de la HEAD – Genève & UNIGE

La quarante-cinquième des Cent nouvelles nouvelles narre l’histoire d’une lavandière transgenre dénoncée pour ses relations sexuelles avec des femmes romaines. Humiliée publiquement, on la force à montrer son pénis sur un chariot au marché. L’image inédite d’un manuscrit conservé à Glasgow invite à des rapprochements hagiographiques (Eugénie de Rome) et littéraires (Les nymphes de Fiesole de Boccace, le fabliau de la Saigneresse). Elle rappelle aussi que l’ostension génitale fut longtemps une pratique judiciaire pour les procès de genre comme d’impuissance.

Spécialiste des questions de genre et d’histoire des transidentités, titulaire d’une thèse de doctorat à l’EHESS sur la parenté médiévale sous la direction de Jean-Claude Schmitt (2010), Clovis Maillet a publié La parenté hagiographique (Brepols, 2014), Les genres fluides (Arkhê, 2020), et prépare un ouvrage sur l’histoire trans (Perrin) et un second sur les écologies trans (avec Emma Bigé pour LLL). Il a enseigné à l’Université Paris-Cité, à l’ESAD TALM Angers, à l’UCO, et est depuis 2023 est chargé de cours HES à la HEAD – Genève (HES-SO) et co-responsable du Work.Master.

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© Anthony Masure


Vendredi 1er mars 2024 | 12h15
Uni Dufour U159

Lucrèce mise à nu. Éros et politique à la Renaissance
Conférence de Henri de Riedmatten, Université de Genève


Affiche
Flyer

Comment faire d’un geste aussi dramatique que le suicide un objet de contemplation, notamment politique et/ou érotique ? Voilà une question à laquelle les artistes se sont confrontés à la Renaissance. L'intervention se propose d’explorer les représentations du suicide de Lucrèce dans l’art du XVIe siècle, au sud comme au nord des Alpes, sondant sa fonction politique à titre d'héroïne emblématique de la République romaine et exposant la tendance vers le nu qui s’y déploie avec ses inexorables détournements érotiques. 

Henri de Riedmatten est professeur boursier du Fonds national suisse au sein de l’Unité d’histoire de l’art de l’Université de Genève. Il y dirige le projet de recherche « De la restauration comme fabrique des origines. Une histoire matérielle et politique de l’art à la Renaissance italienne ». Sa dernière publication, Le suicide de Lucrèce. Éros et politique à la Renaissance, est parue chez Actes Sud en 2022. Ses recherches actuelles sont consacrées aux questions d’iconoclasme et de restauration ainsi qu’à la représentation animale dans l’art de la période moderne.

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© Université de Genève 2024 - photographe mandatée: S. Forestier
 


Mercredi 17 avril 2024 | 12h15
IFAGE salle 408
Et sur Zoom


Le modèle émancipé : Elsa von Freytag-Loringhoven, critique de Dada à New York
Conférence de :
Eric Fassin, sociologie et études de genre, Université Paris 8, Sophiapol
Joana Masó, études littéraires, Université de Barcelone, ADHUC, Chaire Unesco
Dans le cadre du cycle de conférences Actualité de la recherche de la HEAD – Genève & UNIGE


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L’artiste et écrivaine allemande Else von Freytag-Loringhoven (1874-1927), exilée dans l’avant-garde new-yorkaise pendant la seconde moitié des années 1910, y a produit sous forme artistique une critique de l’art de ses contemporains. D’un côté, elle célébrait l’obscénité de l’Ulysse de Joyce, publié en feuilleton dans The Little Review à côté de ses propres textes. De l’autre, elle dénonçait dans ses poèmes l’art sans vie du
poète William Carlos Williams et de Marcel Duchamp, dont le paradigme était pour elle son work in progress, Le Grand Verre. Aussi a-t-elle fait couler l’eau dans l’urinoir pour la première représentation de Fontaine. « L’art en tant que personne » : pour les contemporains, elle incarnait dada. Elle a ainsi rédigé une autobiographie consacrée à sa quête de l’orgasme pour introduire un recueil de ses poèmes, dès lors impubliable. Avec son corps, parfois nu, elle a pratiqué des actions critiques dans les galeries et les ateliers, ainsi que des performances avant la lettre dans les rues de New York. Elle a également réinventé le travail de modèle comme une pratique artistique émancipée ; à la fin de sa vie, elle a même ouvert une école sans maîtres ni élèves dont elle était l’artiste-modèle. N’ayant jamais signé ni exposé aucun objet de son vivant, elle a surtout produit un art sans oeuvre ni auteur. À partir de ses pratiques, aujourd’hui redécouvertes, nous pouvons concevoir une critique féministe de l’avant-garde masculine.
 

Éric Fassin est professeur de sociologie et d’études de genre au département de science politique de l’Université Paris 8, rattaché au Sophiapol (Paris Nanterre), et membre senior de l’Institut Universitaire de France. Il vient de publier State Anti-Intellectualism and the Politics of Gender & Race. Illiberal France and Beyond (CEU Press, Budapest, 2024).

Joana Masó est maîtresse de conférences à l’Université de Barcelone et chercheuse à la Chaire UNESCO Femmes, développement et cultures. Elle travaille à la croisée de la littérature et de l’art. Elle a notamment publié Tosquelles. Soigner les institutions (L’Arachnéen, Paris, 2021).

Ensemble, Éric Fassin et Joana Masó viennent de publier Elsa von Freytag-Loringhoven. La artista que dio cuerpo a la vanguardia (Arcadia, Barcelone, 2024).

Guerilla Girls, 1989.pngGuerrilla Girls, Do women have to be naked to get into the Met. Museum?, 1989
Guerrilla Girls © - Courtesy www.guerrillagirls.com


Lundi 13 mai 2024 | 18h30
Uni Dufour U159

Le nu féminin dans l’art : un enjeu féministe
Conférence de la Prof.e Giovanna Zapperi, Université de Genève

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Dans l’histoire de l’art occidental les corps féminins occupent une place privilégiée, celle du nu, qu’il conviendra ici comprendre en tant que forme symbolique véhiculant des conceptions hégémoniques de la différence des sexes. Que se passe-t-il donc lorsque, vers le milieu du 20e siècle, des nombreuses artistes femmes emploient leur propre corps et questionnent le nu féminin en tant que moyen et objet d’expression artistique ? Alors qu’un changement de paradigme semble s’esquisser dans les arts visuels, le statut symbolique du corps féminin dans la représentation devient l’objet d’enquête de la part d’historiennes et critiques d’art dont les travaux se situent dans une perspective féministe. Cette conférence tentera de penser le lien structurant entre production artistique et élaboration théorique à la lumière de la critique féministe.
 

Giovanna Zapperi est professeure ordinaire en Histoire de l’art contemporain à l'Université de Genève. Elle a obtenu son doctorat à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris en 2005. Avant sa nomination à l’Université de Genève, elle a été professeure d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Tours (2017-2021) et à l’École nationale supérieure d’art de Bourges (2010-2017). Elle a été professeure invitée « Rudolf-Arnheim » à l’Université Humboldt de Berlin (2007-2008), chercheuse en résidence à l’Institut d’études avancées de Nantes (2009), pensionnaire de la Villa Médicis, Académie de France à Rome (2013-2014) et Rudolf-Wittkower-Fellow à la Bibliotheca Hertziana, Institut Max Planck d’Histoire de l’art à Rome (2020-2021).

Ses recherches portent sur le lien entre le genre, la culture visuelle et la critique dans l’art au 20e siècle, avec une attention particulière à l’art et aux écrits des femmes, à la question de l’archive, aux rapports entre art et politique, ainsi qu’aux débats critiques qui animent le champs artistique le plus actuel, sujets sur lesquels elle a publié des nombreux articles dans des revues internationales et catalogues d’exposition.

Elle est l’auteure de L’artiste est une femme. La modernité de Marcel Duchamp (Paris 2012), Lo schermo del potere. Femminismo e regime della visibilità (avec Alessandra Gribaldo, Verona 2012) et de Carla Lonzi. Un art de la vie (Dijon 2018). Elle a dirigé l’ouvrage L’avenir du passé. Art contemporain et politiques de l’archive (Rennes 2016) et, avec Francesco Ventrella, Art and Feminism in Postwar Italy. The Legacy of Carla Lonzi (Londres 2021). En 2019-2020, avec Nataša Petrešin-Bachelez, elle a assuré le commissariat de l’exposition Defiant Muses. Delphine Seyrig and Feminist Video Collectives in France, 1970s-1980s au Museo Reina Sofia à Madrid et au LaM, Lille Métropole.