Publié le 28 mai 2020

 

«C'est comme si j'étais coincée dans le film 'Un jour sans fin'»

 

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Même si beaucoup attendent impatiemment de retrouver les salles de cours, les étudiant-es se disent globalement satisfait-es de la mise en place de l’enseignement à distance, selon les résultats d’une enquête menée par l’Observatoire de la vie étudiante fin avril. Dans un style plus narratif et subjectif, une lettre collective rédigée par des étudiantes dans le cadre d’un cours en sciences de l’éducation traduit de manière saisissante les états d’âmes traversés durant ces semaines de confinement. Les enseignant-es dressent également un premier bilan de cette expérience inédite à travers une série de vidéos publiées par le Pôle de soutien à l’enseignement et l’apprentissage. Témoignages d'un confinement

 

Une large majorité d’étudiant-es (74%) jugent positivement la qualité de l’enseignement à distance mis en place par l’Université à la suite des mesures de confinement. C’est ce qui ressort d’un sondage effectué entre le 21 et le 29 avril par l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) afin de savoir comment ils et elles ont vécu cette période de dématérialisation de l’enseignement et, pour beaucoup, d’isolement et d’incertitudes.

Pour les besoins de cette enquête, 8'580 étudiant-es en bachelor et en master ont été contacté-es. Ils et elles sont 4'575 à avoir ouvert le questionnaire et 3'703 l’ont complété.

 

Difficultés à se motiver et à se concentrer

Si les étudiant-es sont globalement satisfait-es des mesures prises par l’Université, l’enquête montre toutefois que la transition ne s’est pas déroulée sans difficultés. Ainsi, à la question de savoir si l’enseignement à distance a exigé davantage de travail que l’enseignement habituel, 36% considèrent la quantité de travail comme «beaucoup plus grande» et 35% «un peu plus grande». Les commentaires libres accompagnant le questionnaire font également état d’une plus grande difficulté à se motiver ou à se concentrer sur les études.

L’enquête révèle par ailleurs que les difficultés rencontrées par les étudiant-es ont rarement été d’ordre technique, liées à l’utilisation des plateformes et outils proposés. Seul-es 8% affirment en effet avoir rencontré des problèmes de ce type. Par contre, 51% pointent des difficultés d’organisation et de méthode de travail. 41% estiment avoir souffert d’un manque de place de travail et 40% d’un sentiment d’isolement. La fermeture des espaces de la Bibliothèque a également constitué un handicap pour 69% des étudiantes et étudiants.

Les étudiant-es considèrent que l’enseignement à distance s’est néanmoins révélé efficace (72%) et de bonne qualité (74%) et leur a permis d’atteindre les objectifs de cours (65%). Le taux descend à 51% pour ce qui concerne l’acquisition des compétences. Des commentaires libres expliquent que les cours pratiques (séminaires, TP, laboratoires…) ne peuvent pas être remplacés par le format numérique. Seuls 3% estiment que l’enseignement à distance est de «mauvaise qualité».

 

Une parenthèse plutôt intéressante

Enfin, plus de 60% des étudiant-es considèrent la parenthèse du confinement comme plutôt intéressante, dans la mesure où elle leur a permis de découvrir une nouvelle façon de suivre l’enseignement et de repenser le mode de fonctionnement de l’Université. Beaucoup d’entre elles et d'entre eux se réjouissent néanmoins que la parenthèse se referme: «C’est évidemment moins bien que l’enseignement en réel, avec de vrais contacts et ce qu’il y a autour de l’enseignement, la prolongation des discussions à la cafétéria, etc…». D’autres soulignent que «cette situation difficile a créé une solidarité inédite entre étudiant-es et professeur-es qui sont confronté-es aux mêmes problèmes, aux mêmes angoisses et aux mêmes difficultés.»

 

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«C'est comme si j'étais coincée dans 'Un jour sans fin'. Je me sens mal, car j'ai plus de temps qu'avant pour réviser mes cours et pourtant, je n'arrive pas à me concentrer. J'ai l'impression que les heures passent plus vite que d'habitude et pourtant le temps paraît infiniment long…»

Dans le cadre d’un cours sur les aspects théoriques et méthodologiques des approches narratives dans le domaine de la formation (FPSE), la professeure Nathalie Muller Mirza a invité ses étudiantes à rédiger une lettre collective sur leur expérience du confinement. «Ce document a une structure particulière qui s’articule autour d’un «nous» en introduction et en conclusion, et des «je» dans le récit d’expériences singulières, explique l’enseignante. Une partie est consacrée à rendre compte de la «difficulté» et une autre aux stratégies développées pour y «faire face». Il a été rédigé sur un logiciel collaboratif qui permet le travail collectif en synchrone.» Chaque couleur dans le texte est associé à une contribution.

 

Lettre collective aux étudiantes et étudiants qui, comme nous, font face au confinement et à l’annulation des cours en présentiel due au coronavirus…


 

Chercher, tâtonner, échanger

 

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Dans une série de vidéos publiées sur le site du Pôle de soutien à l’enseignement et l’apprentissage, des enseignant-es racontent leur version du passage en urgence à l’enseignement à distance. Ils et elles évoquent la manière dont s’est effectué le choix des outils, les obstacles rencontrés ainsi que les stratégies qu’ils et elles ont développées pour maintenir le contact avec leurs étudiant-es. Une expérience lors de laquelle chacune et chacun a dû chercher, tâtonner et échanger avec les collègues afin de se muer, en l’espace de quelques jours, en cyber-enseignant-e.