2 avril 2020

 

Préserver sa santé mentale
en période de confinement

 

Retranchés chez eux, les individus les plus fragiles risquent de développer des comportements à risque s’inquiètent psychologues et psychiatres

 

Le confinement partiel auquel est astreint la population suisse n’est pas sans conséquence sur la santé psychique de certaines personnes. Augmentation de la violence domestique et des tentatives de suicide, anxiété, dépression en sont quelques-unes des manifestations prévisibles. L’État de Genève a d’ailleurs estimé nécessaire de rappeler dans un communiqué que les réseaux de prise en charge du canton restent à disposition des victimes ou d’éventuels témoins.

 

Une ligne de soutien psychologique
pour les collaboratrices et collaborateurs

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A l’UNIGE, la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation a mis en place à l’attention des collaboratrices et collaborateurs de l’Université une ligne téléphonique d’écoute, de soutien et de conseil psychologique 12 heures par jour, 7 jours sur 7: 022 379 92 00. Cette permanence téléphonique est assurée par des bénévoles en fin de formation de psychologie clinique, ayant bénéficié d’une formation spécifique aux interventions de crise. Ils et elles sont encadrés et placés sous la responsabilité de deux psychologues-psychothérapeutes seniors reconnus au plan fédéral. En cas de détresse psychologique significative ou de problématiques requérant des mesures spécifiques, la permanence peut aider à identifier des professionnel-les approprié-es au sein du réseau de soin cantonal.

 

Quand le couvercle de la marmite à vapeur reste trop serré trop longtemps

Dans une interview accordée le 26 mars à la Tribune de Genève, Panteleimon Giannakopoulos, professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine, s’inquiète surtout de la durée du confinement: «Si l'on ferme de manière trop serrée le couvercle de la marmite à vapeur, trop longtemps, on observe des phénomènes d'anomie et de transgression. L'anxiété déborde, l'agressivité gagne du terrain.» Privés de leurs exutoires habituels, autres que le téléphone portable et internet, les individus peuvent se laisser aller à des déviances qui auparavant étaient neutralisées par la possibilité de fuite. Le Conseil fédéral a par conséquent très bien fait de garder le confinement à son niveau actuel, estime le psychiatre.

Afin d’éviter des débordements qui pourraient à la longue prendre des formes collectives, le professeur Giannakopoulos préconise de maintenir des activités qui entretiennent le lien social, à commencer par le travail au sens large. La notion de devoir préserve en effet le sentiment de se rendre utile et d’être présent pour les autres. Au contraire, s’enfermer et ne penser qu’à son propre salut fragilise. Respecter des horaires de sommeil et de repas réguliers, entretenir des routines permet également de canaliser l’anxiété.

Va-t-on assister à une épidémie de divorce à la suite de cette crise? Là encore, cela dépendra de la durée. Dans tous les cas, il faut s’attendre à un changement sociétal majeur, de l’avis du psychiatre. Avec un risque, palpable, d’ériger à nouveau des frontières, dans nos têtes comme dans la réalité.