2 avril 2020

 

Lu dans la presse

Médecins et biologistes sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Mais des universitaires d’autres horizons s’emparent également du sujet dans les médias

 

Dans son édition du 31 mars, Le Temps pose une question à plusieurs spécialistes: "Maintenant qu'elle a trouvé une solution pour les entreprises, la Suisse devrait-elle soutenir directement les ménages?". Professeure d'économie à l'Institut de démographie et socioéconomie (SdS), Solène Morvant-Roux propose d'expérimenter le revenu inconditionnel. «Cette distribution de revenu pourrait se faire sous forme de carte prépayée pouvant être débitée au fur et à mesure des dépenses de base, avance la chercheuse. L'enjeu est de préserver l'anonymat, comme les billets de banque, tout en ciblant certaines dépenses. Les montants crédités auraient une durée de vie limitée, pour éviter que cette aide ne soit thésaurisée». Pour la professeure, ce serait aussi un premier pas vers des "financements conditionnels", qui soutiendraient des activités ayant une utilité sociale ou environnementale et permettant de créer localement des emplois et du lien social.

 

Le 12h45 (RTS Un) du 27 mars consacrait un sujet à l'Algérie où la crise sanitaire prend une tournure politique. Comme dans de nombreux autres pays, le régime a interdit les rassemblements pour enrayer l'épidémie. Mais, tandis que le gouvernement affirme que sa décision est purement sanitaire, l'opposition y voit une manœuvre pour enterrer le mouvement contestataire. "Le débat a été vif et tranchant parmi les opposants sur la poursuite ou non des manifestations à Alger, raconte Hasni Abidi, chargé de cours au Global Studies Institute. La voix de la raison l'a emporté: il y a une suspension mais ce n'est pas la fin de ce mouvement social". Paradoxalement, selon l’expert, la crise sanitaire serait une chance à saisir pour l'opposition. "La crise sanitaire peut lui être profitable dans la mesure où le pouvoir algérien a montré une défaillance importante dans la gestion de l'épidémie, non seulement en matière de communication mais aussi parce qu'il n'a pas les moyens de prendre en charge les citoyens testés positifs ni d'offrir les lits demandés par le corps médical", analyse le politologue.
> Visionner l'intervention

 

Professeur au Département de sociologie (SdS), Sandro Cattacin se penche sur la manière dont notre société réagit en cette période de crise dans une interview publiée par le GHI le 25 mars. Pour le spécialiste, les mesures mises en place doivent être accompagnées d'un processus d'apprentissage. "L'introduction de la distance civique peut être comparée à l'arrivée du préservatif dans notre société, commente le sociologue. Bien que la population soit consciente de la nécessité de cette mesure, celle-ci n'est pas tout de suite adoptée. Les comportements s'intègrent avec plus de force quand ils s'accompagnent d'un apprentissage. Dans l'idéal, il faut un temps d'adaptation dont on ne dispose malheureusement pas aujourd'hui." Le professeur salue par ailleurs la montée de la solidarité en ces temps difficiles: "On pourrait penser que dans des situations de crise comme celle-là, l'individualisme l'emporte. Mais en réalité, c'est le collectif qui s'avère le plus fort. Il y a par exemple une condamnation très forte des gens qui ont un comportement non conforme, ceux qui se ruent sur les pâtes ou le papier toilette ou ceux qui continuent à se rassembler."