Chaque année depuis 2013, une semaine d’événements vient enrichir la réflexion autour des droits humains. La commémoration, le 10 décembre prochain, des 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, a incité les organisateurs/trices à axer l’édition 2023 sur la question, fondamentale, de l’universalité. La portée «universelle» de la Déclaration parachève l’entreprise entamée par les Lumières visant à fonder l’organisation sociale et les règles morales sur des dénominateurs communs à l’ensemble de l’humanité. C’est le choix de la science contre le préjugé, de la démocratie et de la raison contre l’arbitraire. Ces idéaux, la Déclaration de 1948 les a inscrits dans un texte de loi placé sous l’autorité des Nations unies. Leur universalité s’avère toutefois de plus en plus contestée, et celle-ci est aujourd’hui au cœur des débats sur les droits humains. Ces droits sont-ils une invention exclusive des pays occidentaux souhaitant imposer aux autres nations leurs valeurs? Peuvent-ils souffrir des dérogations? Le fait que les pays occidentaux eux-mêmes ne les respectent pas toujours suffit-il à remettre en question leur portée universelle?

Ces questions seront mises en perspective lors de la conférence d’ouverture de la Semaine des droits humains, qui aura lieu du 20 au 24 novembre prochains à l’UNIGE. Nouvellement nommé rapporteur spécial de l’ONU sur les questions relatives aux minorités nationales, le professeur de droit Nicolas Levrat y interviendra sur la thématique «Minorités et sociétés plurielles: comment conjuguer l’universalité et la diversité?». Il participera ensuite à un dialogue inédit avec la photographe afghane Fatimah Hossaini dont l’œuvre est un plaidoyer en faveur des femmes, de la jeunesse et de la paix.

Autre temps fort de la Semaine: la conférence donnée par Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Les millions de personnes déplacées au Soudan comme les 120 000 Arménien-nes ayant fui le Haut- Karabakh au cours des derniers mois, ainsi que les victimes du conflit israélo-palestinien sont autant de témoins d’une humanité en crise. Face à ce constat, la défense et le respect des droits humains font figure de dernier rempart, estime Volker Türk.

Une conversation avec Soltan Achilova, finaliste du prix Martin Ennals et photojournaliste, permettra d’évoquer la vie des gens ordinaires du Turkménistan. Durant cette semaine, il sera également question de racisme, d’avortement et de révolution en Iran. L’universalité vue par le prisme du climat et des inégalités de genre et de sexualité fera en outre l’objet d’un speed-debating organisé par l’Association des étudiant-e-x-s en science politique et relations internationales (AESPRI), le think tank participatif de politique étrangère Foraus et Amnesty UNIGE.