Pour la Maison de l’histoire, l’idée de cette exposition a immédiatement fait résonance avec d’autres initiatives passées, comme celle qui, pendant la guerre civile espagnole, vit les collections du Musée du Prado de Madrid déplacées dans les sous-sols du musée, avant d’être envoyées dans les mines des Pyrénées, puis d’être exposées dans les couloirs de la bibliothèque du Palais des Nations à Genève. «Ce projet est une manière intéressante de parler différemment de ce qui se passe en Ukraine, ajoute Sébastien Farré. Au-delà des bombardements, des tanks ou des munitions, d’importants enjeux se tissent autour des questions de patrimoine et de vie culturelle. Le peuple ukrainien lutte chaque jour pour protéger sa culture, mais aussi pour maintenir un quotidien qui soit le plus viable possible Même si cela reste symbolique, cette exposition est une manière de signifier que les musées sont toujours là.»

Saisissantes de vide, les photographies exposées montrent la réalité triste et troublante des institutions culturelles ukrainiennes en temps de guerre. Mais, malgré la menace, les équipes locales travaillent sans relâche pour assurer la pérennité de leurs collections. «L’exposition donne à voir l’aspect dramatique de la guerre dans un lieu symbolique de l’Ukraine, tout en rappelant qu’un énorme travail est mené pour ne pas renoncer à ce qui fait la richesse d’une société, constate Sébastien Farré. Elle participe à la volonté de résistance du peuple ukrainien. Si la culture a toujours fait partie des discours des belligérant-es pour justifier la guerre ou pour défendre la grandeur de leur projet, elle est aussi un élément qui permet aux victimes de dénoncer la violence. Car celle-ci ne touche pas seulement les personnes mais aussi le patrimoine collectif. Le combat n’est pas seulement militaire, il est aussi politique, institutionnel et culturel.»