Journal n°125

Partenariats pour le développement durable: les défis pour l’Université

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Des représentants du monde académique, des organisations internationales et du secteur privé se sont réunis le 15 novembre dernier pour un «trialogue». Objectif: mieux collaborer pour résoudre les grands défis de demain

La volonté de l’université de servir la «cité» s’exprime aujourd’hui entre autres par sa capacité à nouer des collaborations avec d’autres acteurs du changement: les entreprises privées notamment mais également les organisations internationales/ONGs, qui font de Genève un lieu clé pour penser et créer le monde de demain. Le «Geneva Trialogue», organisé à Genève le 15 novembre dernier, a rassemblé plus de 200 représentants de ces trois secteurs autour de la thématique de la production et du partage du savoir nécessaires à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) à laquelle se sont engagés les dirigeants du monde pour 2030. Ce «trialogue» et les collaborations qu’il souhaite renforcer impliquent notamment «la capacité du secteur académique à créer des ponts avec le reste du monde», comme l’a souligné le vice-recteur Denis Hochstrasser dans son discours d’ouverture.

Les défis d’un trialogue

Cette capacité repose sur un partage des ressources académiques et de meilleures connexions avec la société: les avancées scientifiques réalisées dans les laboratoires ne peuvent contribuer au mieux-être de la société que si des acteurs privés et publics sont impliqués dans leur déploiement. Cette démarche collaborative implique-t-elle une remise en cause du fonctionnement du secteur académique? Lors de cette rencontre, Simone Buitendijk, de l’Imperial College of London, a notamment posé la question cruciale de la compétition entre les universités, qui freine le partage de la connaissance, alors que Nikhil Seth d’UNITAR évoquait les motivations scientifiques qui prévalent dans le milieu académique, au détriment de la recherche de solutions. Pour Pablo Achard, un des initiateurs du Geneva Trialogue et adjoint au Rectorat de l’UNIGE, il s’agit de trouver de nouveaux équilibres dans une société en mutation: «La recherche fondamentale doit être à l’abri de toutes pressions, aussi nobles soient-elles. L’université, indépendante, est sur un pied d’égalité avec ses partenaires dans ce trialogue. Ce qui n’exclut pas la recherche appliquée et la volonté forte actuellement de collaborer avec d’autres acteurs pour trouver des solutions. Les deux s’alimentent de manière positive. De même, la réalité d’une compétition accrue entre les institutions, souvent stimulante, est heureusement contrainte par l’ethos scientifique de partage et de transparence.» «Au-delà de la production de savoir, relève Pablo Achard, nous avons une capacité de proposition et d’action plus grande qu’on ne l’imagine et sur laquelle il faut miser.» La récente Geneva-Tsinghua Initiative visant à former des étudiants aux enjeux liés aux ODD est un pas dans ce sens, au sein duquel s’inscrit le Geneva Trialogue. http://genevatrialogue.com