Journal n°74

Un trou noir s’attaque à une «super-jupiter»

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Une équipe d’astrophysiciens a observé un trou noir avaler une «super-jupiter» dans une galaxie située à 47 millions d’années-lumière. Une découverte inédite

Placé en orbite depuis 2002, le satellite astronomique européen INTEGRAL étudie les rayons gamma émis par des sources telles que les trous noirs, les étoiles à neutrons et les supernovae. Alors qu’il y a quelques mois les astrophysiciens de l’UNIGE faisaient le point sur les données récoltées par le satellite ces dix dernières années, INTEGRAL continue de les surprendre en détectant l’inattendu grâce à son champ de vision extrêmement étendu. Une équipe menée par Roland Walter, chercheur à l’Observatoire de l’UNIGE, a en effet détecté pour la première fois un trou noir absorbant un objet dont la masse correspond à environ 15 fois celle de Jupiter. La découverte a paru dans la revue Astronomy & Astrophysics le 2 avril dernier.

Découverte par hasard
Les scientifiques utilisaient INTEGRAL pour étudier une galaxie quand ils remarquèrent un signal lumineux situé ailleurs, mais néanmoins dans le même champ de vision. Doté de propriétés techniques sophistiquées, INTEGRAL a pu enregistrer des informations tout au long de cette émission, qui a duré plusieurs mois.
En analysant les caractéristiques du signal lumineux perçu, les astrophysiciens ont réussi à déterminer que l’émission émanait d’un trou noir localisé au centre de la galaxie NGC 4845. Ce trou noir endormi depuis plus de trente ans s’est réveillé en absorbant une «super-jupiter».
Selon les estimations, ce trou noir a une masse 100 000 fois supérieure à celle du Soleil. Les scientifiques aiment à dire qu’«il joue avec la nourriture», puisqu’il lui aura fallu près de trois mois pour détourner la planète de sa trajectoire et l’avaler. D’après les analyses, seules les couches externes de la planète gazeuse ont été mangées par le trou noir, soit environ 10% de la masse totale de l’objet, dont la plus forte densité reste en orbite autour du trou noir.

Et dans la voie lactée?
Les chercheurs s’attendent à ce qu’un événement similaire se produise cette année, dans notre galaxie, la Voie lactée. Il ne s’agira pas d’une planète, mais d’un nuage gazeux avec une masse deux à trois fois supérieure à celle de la Terre, qui tourne autour du trou noir supermassif situé au centre de notre galaxie et s’en rapproche dangereusement.
Les observations de ce type de phénomène faites avec INTEGRAL permettront aux scientifiques d’estimer le nombre de planètes errantes dans la galaxie – il y en aurait presque autant que d’étoiles – et de comprendre ce qu’il advient d’un tel objet lorsqu’il est happé par un trou noir.


Communiqué de presse UNIGE
Communiqué de presse ESA