Journal n°98

Refaits à neuf, les Philosophes sont rendus à leurs utilisateurs

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Le 8 décembre, le bâtiment des Philosophes réouvrira ses portes après trois ans de travaux de rénovation. Ce fleuron de la chimie genevoise, inauguré en 1879, retrouve ainsi sa splendeur passée

Après un important travail de réhabilitation, les autorités cantonales rendront le bâtiment des Philosophes le 8 décembre aux étudiants, enseignants et chercheurs de la Faculté des lettres ainsi qu’aux collaborateurs de la Bibliothèque de l’UNIGE. Entièrement refaits à neuf, les lieux sont désormais plus accueillants, plus lumineux, plus accessibles et, surtout, mieux adaptés à leurs activités.

Des installations avant-gardistes
L’histoire de cet ancien haut lieu de la chimie remonte à la fin du XIXe siècle. L’époque est marquée par de grands projets éducatifs et l’Etat profite des terrains libérés par la démolition des fortifications de la ville pour édifier des bâtiments universitaires. Après la construction d’Uni Bastions, suivie de celle de l’Ecole de médecine, il s’agit de bâtir un nouvel écrin pour les chimistes. En effet, les précurseurs de la chimie genevoise – qui se sont installés dans les sous-sols d’Uni Bastions en 1872 – sont à l’étroit et, les salles manquant de ventilation, les gaz toxiques se répandent dans les escaliers, au grand dam des usagers.

La construction du nouveau bâtiment, décidée en 1875 par le Conseil d’Etat, est confiée aux architectes Henri Bourrit et Jacques Simmler. De longs débats ont lieu sur la forme à lui donner. Bourrit et Simmler effectuent alors des voyages d’études dans les laboratoires avant-gardistes d’Allemagne, où le fait que chaque étudiant ait, de sa place, «une échappée du ciel, afin de pouvoir bien juger la couleur des précipités et des liqueurs» apparaît comme une condition indispensable. La loi du 5 mai 1877 décrète la construction et l’ameublement d’une Ecole de chimie au boulevard des Philosophes, accordant un crédit de 967  000 francs. Les travaux sont aussitôt entamés et, le 22 octobre 1879, le nouvel édifice est inauguré lors d’une cérémonie au cours de laquelle le recteur Marc Monnier remercie les Conseils de la République et surtout le peuple de Genève «qui ont permis d’élever à une science de plus en plus importante un véritable monument».

Rythme effréné des transformations
Mais très vite les énormes dégagements et écoulements d’acide issus des travaux des chercheurs et des étudiants menacent de ronger tout ce qui est en métal à l’intérieur du bâtiment. Des réfections générales deviennent urgentes et, en 1899 déjà, le Conseil d’Etat parle «d’un bâtiment fatigué, car très utilisé».

Les interventions invasives se succèdent et feront disparaître une grande partie des éléments originaux. En 1979, l’Ecole de chimie quitte le bâtiment pour rejoindre celui de Sciences II, nouvellement construit sur les rives de l’Arve. Rebaptisé alors «Bâtiment des Philosophes», l’édifice change d’affectation, accueillant une partie de la Faculté des lettres et entraînant de nombreux travaux de transformation et de restauration successifs. Manque d’entretien, laisser-aller et dégradation des lieux sont déplorés par les utilisateurs de l’époque. L’incendie qui survient dans la nuit du 29 au 30 juin 2008 aggrave encore la situation. L’Etat de Genève fait alors le choix de rénover l’auguste bâtiment en 2010.

Respecter l’existant
Respecter l’existant: tel a été le mot d’ordre des travaux de rénovation et de modernisation du bâtiment. Celui-ci abrite désormais à la fois des locaux d’enseignement, des bureaux ainsi qu’une bibliothèque déployée sur trois étages. Pilotés par le bureau d’architectes Brunn+Butty, les travaux ont cherché à respecter au mieux la configuration spatiale originelle du bâtiment. De même, les choix architecturaux se sont appuyés sur les éléments existants. Ce qui pouvait être conservé a été restauré. C’est le cas des riches éléments de décor (faux marbre et décors en plâtre) ainsi que des sols et des menuiseries qui subsistaient. C’est le cas également du grand amphithéâtre où le bois d’origine des bancs et tablettes a pu être conservé (tout comme les graffitis qu’ils portaient, témoignages des innombrables volées d’étudiants venus apprendre en ces lieux).

Une approche complémentaire a consisté en un traitement contemporain discret et en sympathie stylistique avec l’existant, comme par exemple la couverture des cours intérieures par des verrières. Un choix qui a permis de créer des espaces de convivialité à destination des étudiants.

Le public pourra découvrir l’ensemble de ces travaux de réfection à l’occasion de l’inauguration du bâtiment, le 8 décembre, grâce à un système de visite original en réalité augmentée: des compléments vidéo s’incrustent sur les photos prises avec son téléphone, à l’aide d’une application spécifique.

| Lundi 8 décembre |

Inauguration du bâtiment des Philosophes
de 12h à 19h – stands, animations et visites guidées
17h30 – cérémonie


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