Journal n°139

Un nouveau modèle d’analyse aide à prévenir le «burn-out»

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Un article paru le 24 mars dans la revue Work & Stress propose une nouvelle méthode visant à prévenir le burn-out au travail. Mis au point par Julien Chanal, chercheur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, et ses collègues des universités canadiennes de Laval et du Québec à Trois-Rivières, ce modèle statistique analyse le lien entre les motivations à effectuer les diverses tâches du travail et les symptômes d’épuisement professionnel. L’outil a été développé pour les enseignants du primaire et du secondaire au Canada à la suite du constat que 30% d’entre eux quittent la profession dans les cinq premières années. Selon les auteurs, il pourrait cependant être utilisé pour étudier ce phénomène dans d’autres professions.

Plusieurs types de motivations expliquent le choix d’un métier et le comportement des individus. Il faut d’abord distinguer les motivations autonomes, reliées aux besoins psychologiques fondamentaux (faire preuve de compétences, se sentir responsable de ses actes) et les motivations contrôlées, liées aux avantages ou aux pressions sociales qui entourent la profession (disposer de grandes vacances, venir d’une famille d’enseignants).

Faire le lien entre les différentes motivations et les symptômes du burn-out

À cela s’ajoutent, à un autre niveau hiérarchique, les motivations situationnelles (les diverses tâches à effectuer dans le cadre d’un travail donné) et contextuelles, c’est-à-dire les raisons générales qui poussent l’individu à choisir une profession.

Pour faire le lien entre les différentes motivations et les symptômes du burn-out, les chercheurs ont envoyé un questionnaire à 806 enseignants de primaire et de secondaire au Québec francophone, qui travaillaient tous depuis moins de cinq ans.

Afin d’analyser les résultats, les chercheurs ont développé une modélisation statistique qui considère simultanément l’ensemble des motivations prédéfini pour la profession d’enseignant.

Il en ressort qu’au niveau contextuel (pourquoi la personne a choisi ce métier), les motivations autonomes jouent un véritable rôle de protection pour prévenir l’épuisement professionnel, tandis que les motivations contrôlées ont relativement peu d’impact négatif. Au contraire, au niveau situationnel (les tâches liées à la profession), les motivations autonomes ont un faible effet de protection alors que les motivations contrôlées ont un fort impact négatif sur l’épuisement émotionnel.

Ces résultats, selon les auteurs, permettent de cibler l’endroit où il faut impérativement agir et la manière dont on peut le faire pour prévenir les burn-out, en l’occurrence les tâches au niveau situationnel plutôt que le contexte global de l’enseignement et de la formation des enseignants. —