19 novembre 2020 - AC

 

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La parole des Églises à l’heure du coronavirus

 

 

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À gauche: Michel Grandjean; à droite: François Dermange

 

Si, au temps de la peste ou du choléra, c’est vers les Églises que tous les esprits se tournaient, aujourd’hui, ce sont les épidémiologistes et les politicien-nes qui mènent la danse. «Au Moyen Âge, les institutions charitables sont presque toujours religieuses, explique Michel Grandjean, historien du christianisme à la Faculté de théologie dans un article de la Tribune de Genève paru le 14 novembre dernier. L’Église médiévale vient au secours des gens parce que cela répond à son idéal de secours aux pauvres, mais aussi parce qu’il n’y a tout simplement pas d’autre instance qui puisse le faire.» Le professeur rappelle que certaines confréries se spécialisaient pour soigner des maladies spécifiques, à l’instar de la léproserie de Vidy, à Lausanne, qui a d’ailleurs donné son nom au quartier – puisqu’une «maladière» désignait le lieu où l’on isolait et soignait les lépreuses et les lépreux. Au Moyen Âge, les ecclésiastiques jouaient un rôle prépondérant quand survenait une épidémie, en avançant l’idée que celle-ci constituait un châtiment divin venu punir les humains s’étant mal comportés. Bien que contestable, l’explication se révélait efficace sur deux points, selon Michel Grandjean: «Elle permettait de donner du sens à la situation et offrait des possibilités d’actions spirituelles, comme la prière, la repentance ou l’invocation de certains saints pour y mettre un terme.» À l’heure du coronavirus, si les Églises n’ont plus de rôle sanitaire à jouer, certain-es regrettent néanmoins leur mutisme dans l’espace public. «Le silence des Églises face à ce qui se passe est inquiétant, regrette François Dermange, professeur d’éthique à la Faculté de théologie. Certes, on n’attend plus rien des Églises aujourd’hui, on ne leur tend plus le micro, mais elles-mêmes n’osent plus parler de la mort, de l’âme, du monde à venir. Les Églises doivent sortir de leur timidité, il est de leur devoir de proclamer leur espérance en des temps si troublés: la mort n’a pas le dernier mot.»

 

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