3 décembre 2020 - AC

 

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L’anatomie humaine en pleine évolution

 

 

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Estella Poloni, généticienne des populations.

 

Augmentation de la taille, os supplémentaire, réduction du nombre de dents: il semblerait que l’anatomie d’Homo sapiens évolue ces derniers siècles. Le sujet semble en tout cas inspirer les scientifiques, comme en atteste un article publié dans Le Matin Dimanche du 29 novembre qui rend compte de deux récentes recherches menées dans ce domaine. La première, réalisée en Australie par les universités Flinders et d’Adélaïde, a révélé que de plus en plus d’individus naissent avec une artère dite médiane dans l’avant-bras. La seconde, publiée l’an dernier par une équipe de scientifiques de l’Imperial College de Londres, mettait en évidence la prévalence en hausse de la fabella, un tout petit os des ligaments du genou. «Deux mécanismes fondamentaux sont à l’œuvre dans le processus évolutif, explique Estella Poloni, généticienne des populations à l’Unité d’anthropologie. Le hasard, dû à la grande variabilité statistique, et l’adaptation à l’environnement. Si la pression de l’environnement favorise certains profils par rapport à d’autres, les mieux dotés auront plus de chances de se reproduire et donc de transmettre leur patrimoine génétique.» Si l’artère médiane semble se répandre, ce serait donc parce qu’elle nous serait plus utile qu’il y a trois siècles, par exemple en irriguant mieux la main. Pour les scientifiques australien-nes, cette évolution permettrait en tout cas davantage de puissance et d’agilité dans l’extrémité du bras. Quant à la fabella, l’hypothèse émise est que sa plus grande fréquence est corrélée à l’augmentation de la taille de la population. «Au sein de notre espèce, la stature est très variable et demeure multifactorielle, modère toutefois Estella Poloni. Plusieurs gènes y participent. Le mode de vie et l’alimentation entrent aussi en compte.» Si l’augmentation de la taille est peut-être ainsi seulement une micro-évolution qui finira par disparaître, notre espèce évolue constamment. «Notre échelle de temps est la génération et il en faut un certain nombre pour commencer à voir l’impact de ce phénomène dans l’ADN, précise la généticienne. C’est le cas, par exemple, de certaines populations africaines face à la malaria. La forme la plus grave de paludisme a exercé sur elles une pression de sélection durant plusieurs millénaires. Certaines personnes possédaient des gènes mieux armés pour survivre à cette maladie. Désormais, dans plusieurs régions, la majorité de la population est en partie protégée contre cette forme plus mortelle grâce à son patrimoine génétique.»

 

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