Les premières doses de vaccin contre le Covid-19 ne devraient pas arriver en Suisse avant janvier, mais de nombreuses questions agitent déjà la population. Pour y répondre, la Tribune de Genève a fait appel, dans son édition du 14 décembre, aux experts universitaires, dont Alessandro Diana, chercheur à la Faculté de médecine et membre de la plateforme d’information sur les vaccinations Infovac.

L’une des principales sources d’inquiétude porte sur la méthode de vaccination. Les premiers vaccins disponibles ont en effet recours à une technologie ARN qui apprend aux cellules à produire elles-mêmes une protéine constituante du virus pour que l’organisme parvienne à la reconnaître. Cette approche diffère de la méthode classique qui consiste à produire une telle protéine en laboratoire. Le fait que l’ARN injecté modifie le comportement des cellules équivaut-il à une modification du génome humain?

«C’est une inquiétude légitime. Mais il faut savoir que l’ARN ne va pas dans le noyau des cellules. Il reste dans la partie externe, que l’on peut schématiquement comparer au blanc d’œuf. Il ne pénètre pas le jaune», relève Alessandro Diana. «Par ailleurs, le messager ARN se dégrade rapidement pour disparaître en 48 à 72 heures, il n’y a donc aucun risque de modification du génome», ajoute le médecin.

La rapidité avec laquelle ces premiers vaccins ont été mis au point constitue un autre vecteur de malentendus. «Les phases d’étude ont été respectées, rassure Alessandro Diana. Les entreprises pharmaceutiques mettent leurs travaux à la disposition des agences de régulation sans savoir s'ils vont ensuite capoter. Cela permet d'écourter drastiquement les temps administratifs. Par ailleurs, la technologie de l’ARN n’a pas été inventée en 2020. Celle-ci fait l’objet de travaux scientifiques depuis une dizaine d’années. L'accélération a été de l’utiliser chez l'humain. Ce Covid-19 a clairement été un catalyseur pour mettre en place ces nouvelles technologies.»