[784] Medical Humanities

  • Quels sont les enjeux culturels, sociaux, éthiques et économique des politiques de santé contemporaines ?
  • Comment construit-on un point de vue contextualisé, critique et clairvoyant sur la pratique médicale d’hier et d’aujourd’hui ?
  • Pourquoi certaines maladies résistent-elles à notre modernité scientifique ?
  • Quels sont les rôles assignés au médecin dans le passé, dans le présent… et dans le futur ? Comment comprendre les comportements passés de praticiens ?
  • La biomédecine s’oppose-t-elle à la littérature ? Existe-t-il encore des médecins-poètes ?
  • De quelle manière les nouvelles technologies IT et les médias de masse influencent-ils les débats sur la santé ?
  • En quoi l’éthique médicale d’hier diffère-t-elle de celle d’aujourd’hui ? Qu’est-ce que la médecine narrative ?
  • Peut-on faire l’histoire du futur de la médecine ?

Nos recherches sont méthodologiquement ancrées dans les sciences humaines. Elles abordent les défis intellectuels et scientifiques auxquels la médecine se trouve confrontée, dans le contexte de sociétés en perpétuelle évolution. En tant que littéraires, historiens ou philosophes travaillant dans une faculté de médecine, nos recherches sont interdisciplinaires. Nous collaborons aussi bien avec des cliniciens hospitaliers que des chercheurs fondamentalistes, avec des institutions culturelles (la Fondation Martin Bodmer, le Musée d’Histoire des Sciences de Genève, etc.) qu’avec des organisations internationales (OMS, Bibliothèque des Nations Unies, MSF, etc.).

Dans le monde globalisé de l’après deuxième Guerre Mondiale, qui recherche l’éradication des maladies, comment se fait-il qu’une pathologie identifiée, caractérisée, avec un traitement avéré, résiste à notre modernité médicale? La syphilis n’est qu’un exemple de non-disparition d’une pathologie : d’autres maladies ré-émergent, comme en attestent les récentes flambées de peste bubonique et pulmonaire en Chine et à Madagascar, ou la résurgence du choléra en de nombreuses régions du monde, ou encore la présence endémique de la tuberculose au sein de groupes de population vulnérables en Europe de l’Ouest. Notre recherche sur la syphilis constitue donc le cas exemplaire d’une problématique plus large, globale. Elle offrira un modèle de compréhension pour d’autres maladies décroissantes, oubliées, déconsidérées, résistantes puis finalement réémergentes.

 

Depuis ses débuts, le cinéma a été mobilisé pour lutter contre la tuberculose, les maladies vénériennes ou l’alcoolisme. Pendant la deuxième Guerre mondiale, des studios d’animation célèbres ont été réquisitionnés pour produire des dessins animés sanitaires à l’attention des soldats. Aujourd’hui, le succès des séries télévisées médicales en fait un acteur du débat public sur les missions des services de santé. Nous menons des recherches sur le rôle joué par ce type de cinéma de prévention dans l’histoire de la santé publique au 20e siècle.

En outre, depuis les applications mobiles proposant des consultations médicales virtuelles jusqu’aux outils algorithmiques dotés d’intelligence artificielle, les nouvelles technologies de l’information et du web apportent des mutations considérables au domaine de la santé. Cela entraîne l’apparition d’un nouvel imaginaire médico-social : nos recherches portent un regard critique sur ce monde nouveau qui modifie progressivement la perception que nous avons de la médecine et des professions médicales.

 

Les pratiques médicales, les normes régissant les interactions avec les malades et les valeurs défendues par les praticiens évoluent avec le temps. Peut-on soigner un malade contre son gré ? Faut-il essayer les remèdes violents sur des condamnés à mort ou des malades en fin de vie ? La contextualisation historique des pratiques permet de comprendre comment l’éthique du praticien évolue en fonction à la fois de la transformation de sa sensibilité, de valeurs sociales et des attentes de malade. Le voyage permet, in fine, de mieux comprendre la posture professionnelle du médecin aujourd’hui.

 

En collaboration avec le Bodmer Lab de la Faculté des lettres et de la Fondation Martin Bodmer, ce projet ambitionne de faire l’histoire des représentations de Venus dans les arts et la photographie des 19e et 20e siècles en lien avec la montée en puissance à cette époque des recherches bio-médicales sur les origines ou les traitements des maladies infectieuses d’origine vénérienne.