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Enseignement: l’Unité «infections» renouvelle sa pédagogie

L'équipe enseignante de l’unité «infections», dernier thème abordé avant la fin du Bachelor en médecine humaine, fait évoluer ses approches pédagogiques afin notamment de renforcer les interactions avec leurs étudiantes et étudiants et favoriser le travail en équipe. Dix semaines intenses qui mêlent classes inversées, apprentissage par problèmes, e-learning et visites de laboratoire.

Numéro 47 - février 2024

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© iStock

Les études de médecine humaine se structurent en trois phases distinctes: la première année, centrée sur les sciences fondamentales, prépare au concours de sélection. Les 2e et 3e années Bachelor, voient l’approfondissement des enseignements en sciences médicales de base et au raisonnement scientifique. Et enfin, les 3 années de Master qui constituent le grand plongeon dans l’apprentissage en milieu clinique.

Les 2e et 3e années Bachelor comportent une douzaine d’unités d’apprentissage — système respiratoire, système reproducteur, neurosciences, etc. «L’unité "infections" clôt les enseignements thématiques et précède l’unité d’intégration, dont l’objectif est de réactiver les connaissances acquises précédemment dans une optique clinique», explique Mathieu Brochet, professeur associé au Département de microbiologie et médecine moléculaire et l’un des co-responsables de l’unité «infections». «Notre objectif est d’examiner le domaine de l’infection sous tous ses angles, du niveau moléculaire jusqu’aux malades en passant par un aperçu de l’épidémiologie. Qu’est-ce qu’un virus? Une bactérie? Un parasite? Pourquoi causent-ils des maladies? Pour comprendre les mécanismes en jeu, nous apportons une vision générale qui sera ensuite détaillée pendant les années master, en équilibrant les connaissances fondamentales en regard de la future pratique clinique. Comprendre les différences biologiques entre un virus et une bactérie permettra par exemple à ces futur-es médecins de ne pas prescrire d’antibiotiques contre une infection virale et en général de mieux utiliser l’arsenal limité d’antibiotiques dont nous disposons.»

Recréer une dynamique d’interaction et de coopération

Les unités d’enseignement utilisent principalement des cours ex-cathedra combinés à des apprentissages par problèmes (APP) en petit groupe, où les étudiantes et étudiants reçoivent une vignette clinique et des lectures suggérées afin d’essayer de décrypter, ensemble, le cas qui leur est soumis. «Or, entre les résumés des connaissances à acquérir facilement disponibles, l’arrivée de l’intelligence artificielle générative, les auditoires restés presque vides depuis le COVID-19 et la modification profonde des habitudes de travail, où l’individuel à distance a pris le pas sur le groupe en présence, force est de constater qu’il nous faut repenser nos méthodes», détaille Mathieu Brochet.

Les modèles pédagogiques, vieux de 25 ans, s’essoufflent d’autant plus que de nouveaux outils apparaissent continuellement. De plus, les mentalités et modes d’interaction des étudiantes et étudiants ont aujourd’hui beaucoup changé. La communication interpersonnelle, élément clé de la pratique médicale, est moins naturelle que précédemment. Or, elles et ils doivent commencer à incarner leur future identité professionnelle. Mathieu Brochet: «Le besoin de recréer du lien entre étudiantes et étudiants, et enseignantes et enseignants, est important. Cet objectif constitue par ailleurs la base du projet de parrainage Intermed, porté notamment par la Pre Johanna Sommer à l’Institut universitaire de médecine de famille et de l’enfance (IuMFE). Nos réflexions sur la pédagogie médicale partent des mêmes constats.»

Proposer de nouveaux formats d’apprentissage

Afin de favoriser le travail en groupe et la recherche d’information, les enseignant-es de l’Unité «infections» ont décidé de tester différents modèles pédagogiques complémentaires à l’APP, et notamment les classes inversées. Par groupe de huit, les étudiantes et étudiants ont un thème, par exemple, en virologie cette année, les encéphalites à tique. Chaque groupe doit ensuite traiter un sous-thème à restituer à ses pairs sous forme orale, qui fera ensuite l’objet d’un test de connaissances en ligne. Si le fond n’est pas nouveau — lecture d’un article, travail en groupe, transmission et partage des connaissances — la forme déconcerte souvent. Et en particulier, savoir résumer clairement et de manière concise ou encore parler devant un public, une compétence pourtant essentielle.

Parmi les autres formats testés, un groupe visitera le laboratoire de bactériologie diagnostique et restitueront ensuite leur expérience de «terrain» à leurs camarades. Des vignettes cliniques en e-learning ont aussi été développées permettant aux étudiants-es d’apprendre à leur rythme. «L’idée est de stimuler la curiosité pour un cas qu’ils/elles découvrent peu à peu, sur une période de plusieurs heures. Notre objectif est aussi de complexifier les cas, en décrivant par exemple des co-infections virus/bactérie très courantes en milieu hospitalier mais aussi en les formant à la lecture critique d’articles scientifiques d’actualité. On les confronte ainsi à des cas réels où les problématiques se mélangent et s’additionnent, tout en veillant à conserver la cohérence d’ensemble.»

Une émulation pour le Département de microbiologie et médecine moléculaire et les services des HUG liés aux infections

Comme toute unité d’enseignement, l’équipe enseignante est composée d’une soixantaine de médecins cliniques et de spécialistes en médecine fondamentale. En partageant ensemble la construction d’un enseignement biomédical, les enseignantes et enseignants créent également des synergies utiles à la recherche. Cela renforce la cohésion des équipes et permet l‘émergence d’une vraie vision de l’enseignement au niveau du département et de l’hôpital. 

L'équipe d'enseignement de l'unité «infections»

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