La Dre Kim Lauper, privat-docent au Département de médecine de la Faculté de médecine de l’UNIGE et cheffe de clinique scientifique dans le Service de rhumatologie des HUG, est la lauréate du Prix Jean et Linette Warnery de la recherche sur la polyarthrite rhumatoïde remis par la Société suisse de rhumatologie. Cette distinction récompense une étude, publiée dans le journal Annals of the Rheumatic Diseases, comparant l'efficacité de quatre médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde, une maladie autoimmune dégénérative et potentiellement invalidante touchant environ 0.5% de la population, fréquemment prescrits après échec de la première ligne de traitement. Cette étude est unique par la taille de l’échantillon et le nombre de traitement comparés.

«Nous avons analysé les données de plus de 30 000 malades inclus-es dans 19 registres nationaux afin d’évaluer l'efficacité pour les malades des traitements, et notamment des inhibiteurs de Janus kinases, le plus récent de ces médicaments», détaille Kim Lauper. «Il s’agissait de mesurer les réponses aux traitements, mais aussi les éléments qui pourraient pousser les malades à interrompre leur traitement comme des effets secondaires.» L’étude montre que la rétention — soit combien de temps les malades poursuivent le traitement, ce qui constitue une mesure d’efficacité — est similaire pour ces quatre médicaments. Au bout d’un an, environ 50% des patient-es voient les symptômes de leur maladie fortement diminués. Cependant, les raisons d’interruption du traitement diffèrent selon les médicaments. Les anti-IL-6 et les inhibiteurs de Janus kinases ont été moins souvent arrêtés en raison de leur inefficacité, comparativement aux inhibiteurs de TNF. En revanche, les inhibiteurs de Janus kinases ont été plus souvent arrêtés en raison d'événements indésirables que les inhibiteurs de TNF. Ces résultats permettent de mieux comprendre les effets réels et quotidiens de ces médicaments pour les malades et ainsi adapter les traitements.

Kim Lauper s’est formée en épidémiologie des maladies musculosquelettiques au Centre For Epidemiology Versus Arthritis de l’Université de Manchester. Depuis son retour à la Faculté de médecine de l’UNIGE et aux HUG, elle travaille principalement sur l’épidémiologie et la pharmaco-épidémiologie des traitements de la polyarthrite et sur la méthodologie des études observationnelles. Elle est également depuis juin 2023 la présidente sortante du comité EMEUNET, le comité représentant les jeunes chercheurs et chercheuses en rhumatologiqe de l’Association Européenne de Rhumatologie (European Alliance of Associations for Rheumatology - EULAR), après un terme de 2 ans comme présidente.