16 décembre 2020 - JE

 

Analyse

La philanthropie et la fiscalité

Les incitations fiscales à la philanthropie sont-elles équitables et efficaces? Cette question a fait l’objet d’une recherche menée conjointement par l'OCDE et le Centre en philanthropie de l’UNIGE qui a débouché sur la publication d’un rapport de l’OCDE.

 

 

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La philanthropie joue un rôle grandissant dans le financement de projets d’utilité publique. Cela est particulièrement vrai dans les périodes de crise (catastrophes naturelles, pandémie de Covid-19 actuelle, etc.). Des moments durant lesquels il est nécessaire de mobiliser rapidement des ressources substantielles en faveur des personnes et des lieux affectés. Dans le but d’encourager cette activité et d’orienter le financement vers les domaines jugés prioritaires, de nombreux gouvernements ont mis en place des systèmes d’allègement fiscal. Si cette politique a jusqu’ici fait l’objet d’un certain consensus, des questions ont néanmoins émergé sur la relation entre fiscalité et dons philanthropiques: est-il justifié d'offrir des déductions fiscales comme «récompense» pour les dons? Les incitations fiscales à la philanthropie sont-elles conçues de manière équitable et efficace? Peut-on identifier les meilleures pratiques en comparant les régimes nationaux existants?

 

Ces questions sont au cœur d’un projet de recherche lancé conjointement par le Centre en philanthropie de l’UNIGE (GCP) et l’OCDE en septembre 2019. Celui-ci a notamment débouché sur l’organisation d’un colloque international qui s’est tenu du 25 au 27 novembre dernier ainsi que sur la publication d’un rapport de l’OCDE offrant le panorama le plus complet et le plus détaillé jamais produit des régimes fiscaux appliqués au secteur de la philanthropie dans divers pays.

Ce document constate que le rôle sociétal de la philanthropie est globalement positif et suggère un certain nombre de pistes que les décideurs-euses politiques devraient suivre afin de soutenir l’activité philanthropique, tout en s’assurant de ne pas introduire de déséquilibre dans l’allocation des ressources. Selon les auteur-es, les pays doivent d’abord veiller à ce que l'éventail des activités éligibles à l'aide fiscale soit limité aux domaines qui correspondent à leurs objectifs politiques sous-jacents. Sur les 40 pays inclus dans l’étude, l'incitation fiscale la plus populaire pour les dons philanthropiques étant une déduction fiscale, les scientifiques estiment que celle-ci peut bénéficier de manière disproportionnée aux contribuables à revenus plus élevés. Un crédit d'impôt associé à un plafond s’avérerait donc plus équitable et plus conforme aux principes démocratiques. Enfin, le rapport indique que les États pourraient envisager d'exonérer les revenus provenant d'activités commerciales, mais uniquement dans la mesure où ceux-ci sont liés à l'objectif philanthropique de l’entité. L'imposition des revenus commerciaux non liés réduira ainsi au minimum les effets de distorsion sur le plan concurrentiel que pourrait entraîner cette politique d’incitation. 


Pour en savoir plus

  • Conférence de Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE, sur le rapport à l’occasion de la conférence Taxation & Philanthropy

 

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