Journal n°116

Pour une médecine plus égalitaire

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Lutter contre la contrefaçon

Les contrefaçons de médicaments, qui sont monnaie courante dans les pays émergents, représentent une sérieuse menace pour la santé publique. En effet, les faux médicaments peuvent renfermer des doses inappropriées ou des substances toxiques, voire même ne pas contenir de composés actifs. Le professeur Serge Rudaz (Section des sciences pharmaceutiques) a collaboré avec les HUG et les ingénieurs de la HES-Fribourg pour mettre au point un appareil de contrôle des médicaments adapté aux besoins du Sud. Dix prototypes sont actuellement répartis dans le monde (Mali, Cambodge, Congo, Sénégal, Rwanda et Madagascar). Des améliorations sont continuellement apportées, notamment pour diminuer les coûts de production et simplifier les procédures de dosage. La portabilité de l’appareil et son autonomie énergétique restent encore à perfectionner. Mais maintenant que le concept a fait ses preuves, l’équipe cherche à l’implémenter massivement, notamment par l’intermédiaire des acteurs politiques.

http://pharmelp.ch

Prévenir les risques de mort en couche

Près d’un demi-million de femmes meurent chaque année des suites d’une grossesse ou d’un accouchement. 99% d’entre elles vivent dans les pays en développement. En cause dans plus d’un quart des décès: les hémorragies post-partum, qui peuvent pourtant souvent être évitées par l’injection immédiate d’ocytocine. Supportant mal la chaleur et nécessitant un personnel qualifié pour son administration, il est couramment difficile d’employer cette substance là où elle est le plus nécessaire. Robin Offord, professeur honoraire à la Faculté de médecine, a eu l’idée de changer la forme du médicament, le transformant en poudre contenue dans un petit inhalateur en plastique. Un système simple, robuste et peu onéreux. Pour le mettre à la disposition de celles qui en ont besoin, des essais cliniques doivent encore être menés et nécessitent près de 2 millions de francs. Un financement que le professeur espère pouvoir obtenir en sensibilisant le public et les investisseurs.

www.mintakafoundation.org

L’enfant global

La gestion intégrée des maladies de l’enfant (PCIME) repose sur l’idée que les programmes de santé doivent porter sur l’ensemble du bien-être de l’enfant, et non pas se concentrer sur une maladie isolée. C’est l’une des stratégies clés de l’OMS pour réduire la mortalité dans les pays en développement. Toutefois, les agents de santé formés en PCIME sont peu nombreux dans la plupart de ces pays. Pour en augmenter le nombre, un didacticiel (ICATT) a été développé afin de réduire la durée et les coûts des formations. Beat Stoll, chargé de cours à l’Institut de santé globale, s’est occupé de son implémentation sur le terrain au Mali, au Burkina Faso, au Cameroun et aux Philippines. Pour diffuser au mieux le logiciel, il a fallu innover en s’adaptant aux spécificités de chaque pays. Ainsi, au Burkina Faso, une version simplifiée du didacticiel a été développée afin de pouvoir l’utiliser sur une tablette, alors qu’au Cameroun, celui-ci a été intégré dans la formation de base des médecins et des infirmiers.

www.icatt-impactt.org

Sauver l’Afrique des maladies cardiaques

Sauver l’Afrique des maladies cardiaques

Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde, avec 17,5 millions de décès enregistrés annuellement (31% de la mortalité mondiale totale), dont plus des trois quarts dans les pays à revenu moyen ou faible (source OMS). Afin d’améliorer leur dépistage, Arthur Zang, un jeune ingénieur camerounais, a mis au point le CardioPad, une tablette tactile médicale qui permet à toute personne, même sommairement formée, de mesurer les données cardiaques d’une personne. Celles-ci sont ensuite transmises par voie électronique au médecin, qui délivre son diagnostic et les prescriptions éventuelles. Un outil prometteur pour les pays où la majorité de la population est éloignée des centres de soins, comme au Cameroun qui compte moins de 50 cardiologues pour 20 millions d’habitants. Une centaine de tablettes ont d’ores et déjà été commercialisées.

www.himore-medical.com

Dépistage au smartphone

Le cancer du col de l’utérus représente la première cause de mortalité par cancer chez la femme dans les pays en voie de développement. Alors qu’il s’agit d’une maladie qui peut être évitée dans la majorité des cas, elle est souvent découverte à un stade trop avancé, faute de dépistage. La performance d’un diagnostic à distance a été évaluée par Patrick Petignat, professeur au Département de gynécologie et d’obstétrique et médecin-chef du Service de gynécologie des HUG, dans une étude menée à Madagascar. Le résultat d’un test réalisé à l’acide acétique (VIA) est photographié grâce à un smartphone et l’image est envoyée auprès d’un centre de lecture pour interprétation immédiate. Les experts déterminent alors si une prise en charge spécialisée est nécessaire. Le logiciel de classification des images a, quant à lui, été développé à l’EPFL.

www.gfmer.ch/vic/

La technologie médicale low cost vedette du Geneva Health Forum
Des marathoniens de l’innovation