Manger moins est sain grâce aux bactéries intestinales
Manger moins riche est bénéfique pour la santé. Des expériences sur des animaux montrent que les individus soumis à un régime assez sévère (avec des réductions caloriques allant jusqu’à 40%) vivent plus longtemps, voient leur glycémie baisser plus rapidement et leur organisme brûler davantage de graisse. Une équipe internationale menée par Mirko Trajkovski, professeur assistant au Département de physiologie cellulaire et métabolisme (Faculté de médecine), a montré que la composition de la flore intestinale contribue de manière importante à ces effets bénéfiques sur le métabolisme. Dans un article paru le 30 août dans la revue Cell Metabolism, les chercheurs ont également identifié le rôle central joué dans ce processus par les complexes toxiques produits par les bactéries et appelés lipopolysaccharides (LPS). Une découverte qui leur a permis de développer des molécules capables de reproduire les effets de la restriction calorique en agissant directement sur les LPS. Cette avancée offre la possibilité d’imaginer de nouveaux traitements contre l’obésité ou le diabète.
Pour arriver à leurs résultats, les chercheurs ont réduit l’apport calorique chez des souris pendant trente jours et observé chez elles une augmentation de la quantité de graisse beige, un type de tissu adipeux qui brûle la graisse corporelle et contribue à la perte de poids. Ils ont ensuite prélevé des microbes intestinaux chez ces rongeurs et les ont transférés chez des congénères suivant une alimentation normale mais dont le tube digestif est totalement dépourvu de flore microbienne (un état obtenu en les élevant dans un environnement stérile). Ces derniers ont à leur tour développé davantage de cellules de graisse beige et se sont amincis, montrant qu’une modification du microbiote suffit à obtenir un résultat similaire à la restriction calorique.
Les rongeurs transformés ont mieux réagi à l’insuline, métabolisé le sucre et la graisse de manière plus saine dans le foie et davantage résisté au froid
Après analyse, il s’est avéré que les bactéries intestinales des souris suivant une restriction calorique produisent moins de LPS. Ces complexes toxiques sont connus pour déclencher chez l’hôte une réponse immunitaire en activant un récepteur spécifique appelé TLR4. Les scientifiques ont alors développé des souris génétiquement modifiées de manière à ce qu’elles soient privées de ce récepteur. Les rongeurs ainsi transformés ont non seulement accru leur taux de graisse beige et perdu du poids mais aussi mieux réagi à l’insuline, métabolisé le sucre et la graisse de manière plus saine dans le foie et davantage résisté au froid.
Finalement, l’équipe a testé, toujours sur des souris, une molécule capable de réduire directement la production de LPS toxiques par les bactéries et une autre à même de bloquer le récepteur TLR4. Les deux ont eu un impact positif comparable au fait de manger moins. Les auteurs de l’article concluent en imaginant le développement d’un traitement simulant la restriction calorique que l’on pourrait administrer aux personnes souffrant d’obésité. —