Journal n°159

Cancer: comment empêcher que son ADN ne se réplique

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Trouver un traitement fiable, simple et peu coûteux contre le cancer devient une urgence sanitaire en ce XXIe siècle. Ma thèse apporte une pièce à l’édifice. Pour comprendre mon approche, il faut saisir le fonctionnement d’une cellule. Au cours de sa vie, une cellule passe par différentes étapes : elle grossit, duplique son matériel génétique (ADN) puis se divise. L’ADN fait en quelque sorte office de «chef d’orchestre» de la cellule, et les protéines de «musiciens». L’ADN transmet des informations aux pro­téines, régule le tempo, et indique qui joue quoi, à quel endroit et à quel moment. Chaque nouvelle cellule se voit attribuer un chef d’orchestre. C’est pourquoi l’ADN se duplique au cours d’un processus appelé la réplication. L’ADN étant sa pièce maîtresse, la cellule prend des précautions lors de sa réplication, avec des points de contrôle à chaque étape, de sorte que si tous les feux ne sont pas au vert, la cellule ne procède pas aux étapes suivantes. On parle d’intégrité génétique. Lors de complications, des protéines spécialisées agissent comme «docteurs» de la cellule.

La duplication de l’ADN, processus complexe, requiert une «machine de réplication». Le chef d’orchestre peut donner ses ordres à distance mais aussi via un contact direct avec les protéines. Cependant, les musiciens peuvent rester bloqués, empêchant la bonne progression de la machine de réplication. Cela entraîne une collision, un arrêt, puis un dommage à l’ADN: il est alors essentiel de le réparer. Empêcher la réparation de l’ADN entraînerait la mort de la cellule.

En cas de cancer, les cellules cancéreuses prolifèrent de façon anarchique, sans se soucier des contrôles: les défauts bénins ne seront pas réparés. L’accumulation de ces altérations superficielles rend ces cellules d’autant plus dangereuses et compromet l’intégrité génétique. Mais nous avons un avantage précieux: les cellules cancéreuses ont besoin de réparer les dégâts mortels. Les voies de réparation sont aussi essentielles que chez une cellule saine. Un traitement anticancéreux idéal ciblerait les cellules cancéreuses, tout en laissant les cellules saines vivre leur vie. Ma thèse vise à comprendre les processus de réparation de l’ADN en détail. à terme, cela permettra le développement de traitements ciblant au mieux les cellules cancéreuses, les empêchant de réparer leur ADN, conduisant à un arrêt de leur duplication et de leur prolifération, puis à leur mort. —

Concours
Audrey Noireterre a participé à l’édition 2019 de Ma thèse en 180 secondes.
Finale nationale : 6 juin 2019, La Chaux-de-Fonds.