Journal n°159

La démarche scientifique, un outil pour déceler les «fake news»

image-6.jpgInfo ou intox? Scoop ou fake news? Les fausses nouvelles ont toujours existé, mais aujourd’hui, face à une surabondance d’informations véhiculées à très grande vitesse par les réseaux sociaux, il devient de plus en plus difficile de trier le bon grain de l’ivraie. Entre croyance absolue et méfiance totale, quelle attitude adopter? L’atelier Scienti-fix s’adresse aux jeunes élèves pour les encourager à développer un esprit critique en utilisant la démarche scientifique vis-à-vis d’informations transmises par les médias. Cet atelier du Bioscope est proposé pour la première fois au printemps aux élèves de 7P (11-12 ans), dans le cadre de l’événement «Et si j’étais scientifique» organisé par le DIP avec l’UNIGE et l’EPFL.

Nous sommes dans les locaux du Bioscope, le 19 mars. Les 23 élèves commencent par quelques éléments théoriques et semblent avoir les idées assez claires tant sur ce qu’ils considèrent comme des sources émettrices d’informations (les réseaux sociaux, les parents, les journaux) que sur celles auxquelles l’on peut se fier (les parents, l’école, les dictionnaires). Face à des images énigmatiques, les participants fourmillent d’hypothèses pour expliquer ce qu’ils voient. Ce crop circle (grand motif géométrique), par exemple, apparu dans un champ en une nuit, pourrait avoir été causé par le passage d’animaux ou d’extraterrestres, ou encore réalisé par plusieurs hommes utilisant une grosse tondeuse. Face à cette autre photo représentant un squelette de géant découvert en Arabie saoudite en 2004, les élèves supposent une sculpture, un dessin, un photomontage – «une fake news» s’exclament certains – ou plus simplement la preuve que des géants ont existé.

Ce n’est pas parce que beaucoup de gens y croient que c’est vrai!

Petit à petit, les enfants éveillent leur sens critique et, à cet animateur qui déclare posséder un dragon, ils rétorquent «prouve-le!». C’est la réaction correcte, car c’est bien à celui qui déclare quelque chose d’extraordinaire d’en fournir la preuve.

Il est maintenant temps de passer à l’action et de vérifier une seule hypothèse retenue pour chaque image. Par petits groupes, les jeunes scientifiques, en véritables détectives, s’attellent à se forger une opinion fondée sur des faits. Ils analysent les indices, en évitant de se laisser influencer par leurs propres croyances. Un majorité d’indices analysés penchent désormais en faveur de l’hypothèse. Les participants en concluent que les crop circles ont probablement été dessinés par des humains armés de simples outils. «Eh oui, l’explication la plus simple est souvent la meilleure», commentent les animateurs. Par contre, le squelette géant est un faux. Preuve en est cette photo, au trucage identifiable, utilisée pour illustrer la même découverte en différents coins du monde (France, Chine, Arabie saoudite). «Ce n’est pas parce que beaucoup de gens y croient que c’est vrai», concluent les animateurs. —