L’utilisation du jeu en situation d’apprentissage connaît un succès grandissant. Le jeu instaure en effet un cadre distinct de la réalité, cadre dans lequel l’apprenant-e peut expérimenter sans craindre de se tromper. Utiliser des jeux dans un contexte éducatif relève cependant d’un paradoxe, souligne dans son dernier ouvrage Éric Sanchez, professeur à l’Unité des technologies de formation et apprentissage (Tecfa/FPSE). Jouer c’est en effet endosser le rôle d’un-e marionnettiste qui tient les fils d’un personnage à l’intérieur du jeu. La marionnette n’est rien sans l’action de celle ou celui qui la manipule, mais elle finit tout de même par prendre vie et dicter sa propre conduite. «Mes marionnettes me suggèrent souvent de faire des choses auxquelles je n’aurais pas pensé par moi-même», témoigne à ce propos la marionnettiste Victoria Nelson.

Éric Sanchez part de cette relation complexe pour comprendre cet autre paradoxe lié à l’utilisation du jeu à des fins éducatives: comment une activité frivole peut conduire à apprendre des choses très sérieuses sur le monde réel. Pour cela, il importe de tenir compte, selon l’auteur, de la manière dont le joueur ou la joueuse s’investit dans son jeu de rôle. Sur la base de ce constat, il décrit un certain nombre de dispositifs pertinents pour intégrer le jeu dans le contexte éducatif, tout en élaborant une théorie globale des relations entre jeu et apprentissage.