Chansons

Les lacs du Connemara

 

« La chanson décrit ces paysages à la manière d’un prospectus touristique. Ne connaissant pas plus l’Irlande que moi, les paroliers s’inspirent assez librement de photos d’une publication diffusée par l’Office du tourisme irlandais. Assez librement est un euphémisme. Les paysages participent plus d’un univers celtique fantasmé que d’une nature irlandaise. Le « temps des Gaëls » inscrit le pays dans les récits s’attachant à valoriser une identité celtique transnationale, qui contribua d’ailleurs à la naissance du festival interceltique de Lorient. Les « monstres des lacs », « qu’on voit nager, certains soirs d’été » avant qu’ils ne « replong[ent] » renvoient plus à un imaginaireécossais qu’irlandais. La figure de Cromwell constitue une présence sombre sur les lacs de la verte Erin, où le lord protecteur est perçu comme un génocidaire. Je réalise que tout était dit dès l’amorce de la chanson. Le vent d’abord, sur lequel on plaque quelques graves accords de pianos puis le son aigrelet d’un instrument à vent et enfin les cordes de quelques violons… On est, plus que dans une veine irish, dans un univers qui est celui du roman gothique. »

Extrait choisi, texte de Laurent Matthey