Les métiers de l'insertion face à la rationalisation de l'action publique
Les politiques sociales contemporaines connaissent des transformations rapides dans le double sens de leur individualisation (avec l’émergence de prestations et interventions sociales taillées sur mesure en fonction des caractéristiques des bénéficiaires) et de leur contractualisation (avec l’apparition de nouveaux modes de gouvernance de l’action sociale inspirés de la logique du contrat). La plupart des travaux tendent à analyser séparément ces deux évolutions et ne parviennent donc à rendre compte que partiellement de leur impact sur les pratiques des agents locaux et sur les bénéficiaires. Le projet vise à combler cette lacune et à déterminer en quoi le nouveau contexte administratif et organisationnel, marqué par la mobilisation croissante des principes de la nouvelle gestion publique et le recours toujours plus fréquent à des outils tels que les contrats de prestations, les enveloppes budgétaires ou les indicateurs de performance, influence les modalités concrètes de l’individualisation des politiques sociales.
Ce projet se donne comme ambition d’analyser comment les professionnels de l’insertion sociale et professionnelle parviennent à intégrer les nouveaux outils de gouvernance dans leurs tâches quotidiennes et dans quelle mesure ce cadre leur permet d’assurer un suivi individualisé de qualité aux bénéficiaires. Par hypothèse, une trop grande formalisation des relations entre organisateurs de mesures actives de réinsertion et autorités publiques, assortie d’exigences quantitatives de résultat, comporte des risques accrus de standardisation des prestations et de dérives vers un accompagnement visant davantage à responsabiliser le bénéficiaire qu’à l’émanciper.
Quelques publications issues du projet :
- Bonvin, J.-M., & Moachon, É. (2010). Les dilemmes des conseillers des agences publiques pour l’emploi en Suisse. SociologieS, mise en ligne le 3 février 2010.
- Moachon, É., & Bonvin, J.-M. (2013). Les nouveaux modes de gestion du travail social et la marge discrétionnaire des travailleurs sociaux. In C. Bellot, M. Bresson & C. Jetté (Eds.), Le travail social et la nouvelle gestion publique (pp. 205-220). Québec : Presses de l’Université du Québec