11 avril 2024 - Alexandra Charvet

 

Analyse

«Une réassociation au programme Erasmus+ permettrait d’améliorer les conditions et les offres de mobilité»

Nadège Widmer, coprésidente de l’Union des étudiant-es de Suisse (UNES)


LeJournal: La réforme de Bologne avait pour objectif de promouvoir la mobilité étudiante. Celle-ci est-elle suffisamment développée aujourd’hui?
Nadège Widmer:
La mobilité étudiante est cruciale, car elle permet d’enrichir et de diversifier les connaissances, tout en apportant des compétences professionnelles et sociales. Le processus de Bologne en a posé les jalons. Mais en tant que base de la mobilité, il n’améliore pas automatiquement les échanges, ceux-ci dépendant aussi de la coopération effective et des programmes d’échange. À cet égard, les taux de mobilité étudiante sont malheureusement encore loin des objectifs définis par l’ensemble des membres de l’Espace européen de l’enseignement supérieur (EEES). La mobilité reste un point central, notamment dans le développement de l’EHEA (European Higher Education Area). N’étant pas membre de l’Union européenne, la Suisse n’est pas directement impliquée dans le développement de ce réseau. Un investissement dans la mobilité étudiante, notamment à travers une réassociation au programme européen Erasmus+, permettrait cependant d’améliorer les conditions et les offres de mobilité pour les étudiant-es de Suisse.

 

L’offre et la qualité des formations dispensées en Suisse sont-elles suffisantes?
L’Union des étudiant-es de Suisse (UNES) en est satisfaite. Nous voyons comme acquis les piliers fondamentaux définis par la Conférence ministérielle de l’EHEA. Néanmoins, le système suisse d’enseignement supérieur doit mieux incorporer la représentation estudiantine à tous les niveaux. Seule une intégration des étudiant-es dans la gouvernance et les dispositifs d’assurance qualité permet un système répondant aux besoins de tous les groupes concernés par l’enseignement supérieur. Actuellement, nous devons déployer énormément d’énergie pour nous faire entendre, et ce, sans ancrage institutionnel, ce qui rend notre implication très difficile. De plus, la qualité de l’enseignement et de la recherche dépend directement des moyens financiers mis à la disposition des hautes écoles. C’est pourquoi les coupes prévues par le Conseil fédéral dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation (FRI) nous inquiètent beaucoup pour l’avenir.

  

Les universités devraient-elles mettre en œuvre des mesures pour renforcer l’employabilité du bachelor sur le marché du travail?
L’UNES estime qu’il est important de distinguer les différents cursus proposés dans le cadre de l’enseignement supérieur. C’est la raison pour laquelle nous pensons que les filières HES doivent favoriser et faciliter l’accès au marché du travail pour les étudiant-es et se différencier des parcours des hautes écoles universitaires.

 

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