Journal n°102

Quatre ans de plus pour suivre les trajectoires des plus fragiles

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Le Pôle de recherche national «LIVES» a décroché son financement pour une nouvelle phase, qui durera jusqu’en 2018. Elle sera centrée sur l’extension des études existantes et le transfert des savoirs

Le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) vient d’octroyer 14,5 millions de francs au Pôle de recherche national (PRN) LIVES pour une deuxième phase de quatre ans. Grâce à ce financement, les équipes de recherche intégrées au sein du PRN, réparties dans les universités de Genève, de Lausanne, de Fribourg, de Berne et de Zurich vont être en mesure de poursuivre les enquêtes initiées en 2011, et ainsi aboutir à des résultats scientifiques approfondis.

Vision au fil du temps
LIVES étudie les effets de l’économie et de la société post-industrielle sur l’évolution de situations de vulnérabilité par le biais d’études longitudinales et comparatives. Son objectif est de mieux comprendre l’apparition et l’évolution de la vulnérabilité ainsi que les moyens de la surmonter pour favoriser l’émergence de mesures sociopolitiques innovantes.
«Au sein du Pôle, nous sommes pris dans une certaine tension, que l’on peut qualifier de créatrice, souligne Michel Oris, codirecteur du PRN LIVES et directeur du Centre interfacultaire de gérontologie et d’études des vulnérabilités. Nous sommes chargés d’étudier des populations fragiles, et donc de prendre en considération des groupements d’individus, tout en privilégiant l’individualisme méthodologique. Nous avons pour ambition de voir comment le contexte social, politique et économique peut agir sur les trajectoires individuelles. Nous nous méfions des stéréotypes et des a priori.»

Eviter les généralités
Pour les chercheurs du PRN LIVES, la généralisation n’a pas droit de cité. Car la vulnérabilité est un attribut qui ne se cantonne pas à des strates prédéfinies de nos sociétés. «Tout le monde peut se révéler fragile. La vulnérabilité peut être soit réalisée – sous la forme d’une dépression, de chômage de longue durée, par exemple – et être ainsi reconnue par la société, soit être latente et se révéler selon les vicissitudes rencontrées au cours de la vie», soutient Michel Oris.
Jusqu’ici, les projets de recherche du PRN LIVES se sont attachés à considérer les trajectoires biographiques de quelque 25 000 personnes dans leurs diverses dimensions (santé, famille, travail et institutions). Avec ce nouveau mandat du FNS, le prolongement des études longitudinales permettra davantage de transferts de savoirs. Une façon, pour les scientifiques, de concrétiser une forme d’engagement public qui fait partie de l’ADN même du Pôle de recherche.


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