Journal n°106

L’Université numérique est en marche

Un nouveau dicastère voit le jour sous le rectorat Flückiger, celui de «l’université numérique». Il permettra de profiter au maximum des nouvelles technologies

Numérisation de collections littéraires, médecine personnalisée, science citoyenne, archive ouverte, cours massifs en ligne, cours personnalisés, modélisation de processus naturels: les possibilités offertes par le numérique sont innombrables. Elles invitent aussi à repenser la place des experts, le rôle des bibliothèques ou la configuration des salles d’étude. Pour coordonner et assurer la gouvernance de «l’université numérique», amenée à se développer exponentiellement ces prochaines années, un dicastère du même nom a été créé par le nouveau recteur Yves Flückiger.

Fédérer sous un même toit

Projet transversal concernant toute l’institution, il a été placé sous la houlette du vice-recteur Jacques de Werra, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle et du droit de l’Internet. «Il s’agira avant tout de fédérer, sous un même toit, les initiatives de l’institution autour du numérique, de manière à maximiser les opportunités apportées par les nouvelles technologies dans nos missions fondamentales, explique le tout fraîchement nommé vice-recteur. Cela nous permettra aussi d’augmenter la visibilité de l’Université au-delà de son cercle habituel. De plus, nous avons un rôle à jouer dans le débat autour de la gouvernance d’Internet.» Concrètement, il s’agira d’abord d’établir un état des lieux du domaine à l’UNIGE, puis de définir les orientations stratégiques pour l’institution et, enfin, d’affecter des ressources à la mise en œuvre de projets.

Le potentiel du big data

L’Université baigne déjà dans un environnement numérique, que ce soit au niveau de l’enseignement, de la recherche ou encore de la gestion et du fonctionnement de l’institution. L’émergence des MOOC’s contribue à révolutionner le monde de l’enseignement, et l’Université s’y est largement engagée, en proposant déjà dix cours sous ce format (une dizaine d’autres sont en préparation). La recherche n’est pas en reste, notamment avec l’avènement des MOOR’s (Massive Open Online Research) où le citoyen est lui-même acteur de la recherche, ou encore avec l’utilisation du big data. «Aujourd’hui, les scientifiques peuvent faire de la recherche sans même avoir de laboratoire, en utilisant des données déjà existantes, constate Denis Hochstrasser, vice-recteur chargé du dicastère «système et technologies de l’information et de la communication» au service de ce projet transversal. L’épidémiologie numérique, par exemple, a permis d’établir une carte de la grippe bien avant tous les services de santé du monde, uniquement à partir des données récoltées sur les réseaux sociaux.» De son côté, le recteur Yves Flückiger se réjouit de constater que, loin de concerner les seules sciences dures, «les sciences sociales et humaines sont pleinement intégrées au mouvement de l’université numérique, notamment avec les humanités digitales». Un autre enjeu autour du numérique est lié au fait que les scientifiques produisent de plus en plus de données, des données qu’il faut pouvoir stocker, réutiliser, protéger, partager ou encore publier, et les plateformes nécessaires devront être développées.

Concernant l’amélioration de la gestion, l’institution se dote actuellement de plusieurs systèmes d’information (SI): un «SI-étudiants» pour suivre chacun d’entre eux tout au long de son parcours, de l’immatriculation en ligne et les inscriptions aux examens jusqu’au stockage de ses données personnelles confidentielles et du nombre de crédits obtenus; un «SI-RH» pour faciliter la gestion des ressources humaines (recrutement, absences, salaires, etc.) ou encore un «SI-achats» pour gérer les commandes et optimiser les dépenses de fonctionnement. Le pronostic de Denis Hochstrasser se résume en une seule phrase: «L’Université de demain sera numérique ou ne sera pas.»

Risques maîtrisés

Le passage au numérique entraîne toutefois son lot de contraintes. Certains investissements sont considérables et devront nécessairement être partagés entre différentes institutions académiques, probablement dans un cloud lémanique, voire suisse. Les risques de dérive en matière de protection de la personnalité devront être maîtrisés. L’objectif est d’arriver, d’ici à quatre ans, à une université numérique intelligente et régulée.

«Pour continuer à progresser, il faut soutenir l’innovation»
Les dicastères de la nouvelle équipe rectorale