Journal n°122

MedSigne: apprendre à signer pour soigner les patients sourds

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En Suisse romande, peu de personnel médical est capable de s'exprimer en langue des signes, ce qui rend l'accès aux soins difficile pour les patients sourds. Un groupe d'étudiants propose des cours et des conférences pour sensibiliser et former le personnel médical

Si vous deviez consulter un médecin sur le tarmac d'un aéroport ou dans une boîte de nuit bondée, seriez-vous capable de lire sur ses lèvres? Et si, à son expression faciale, vous déduisiez une mauvaise nouvelle sans pouvoir en connaître le détail, comment réagiriez-vous? Cette situation est le lot commun de nombreuses personnes sourdes ou malentendantes. En effet, en Suisse romande, aucun médecin n'est capable de travailler en langue des signes, alors que l'on compte environ 2000 personnes sourdes. Ainsi, dans de multiples situations, personnel médical et patients se retrouvent dans l’incapacité de communiquer. Habituellement, les patients sourds ont recours à des interprètes, mais cette solution n'est pas la panacée: ceux-ci sont peu nombreux et il n’est pas toujours confortable de faire intervenir une personne tierce lors d’un rendez-vous médical qui peut relever de l'intimité.

Sans intermédiaire

Les personnes concernées soulignent d’ailleurs à quel point, dans le domaine médical, une communication directe est appréciée. Pour corriger cet état de fait, certains hôpitaux, de grandes villes françaises notamment, ont mis sur pied des pôles d’accueil en langue des signes: tous les membres de ces unités médicales parlent la Langue des signes française (LSF). Mais en Suisse romande, ce type de structure n'existe pas encore. Cette situation a interpellé un petit groupe d’étudiants de Genève qui, emboîtant le pas aux étudiants lausannois de l’association METIS, a fondé, à l’automne 2015, le projet MedSigne. Hébergé par l’Association des étudiants en médecine de Genève, celui-ci vise à sensibiliser le futur personnel soignant (étudiants de médecine, santé et sciences pharmaceutiques) à la problématique de la surdité et à le former aux bases de la Langue des signes française (LSF) et du Langage parlé complété (LPC, un complément à la lecture labiale associant un geste de la main à un son prononcé). Le cursus se compose d’une dizaine de cours de LSF sur des thèmes médicaux et d’une sensibilisation au LPC. En 2015-2016, 28 étudiants ont suivi cette initiation. Cette année, les effectifs augmentent: quatre classes (dont une de niveau 2) ont ouvert pour un total de 54 étudiants (sur 91 inscrits).

Etat des lieux aux HUG

La formation s’accompagne de trois ou quatre conférences, traduites en LSF, traitant de questions en lien avec la surdité. Celles-ci sont également ouvertes au corps médical ainsi qu'au grand public. La première de la saison aura lieu le 12 octobre et sera donnée par Valentin Marti, à l'initiative du projet MedSigne. Il présentera son mémoire de master intitulé «Patients sourds: barrières et stratégies de communication aux HUG».


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MedSigne, pour mieux s(o)igner