Journal n°130

«Il faut des instruments susceptibles d’agir vite»

unige_15605.jpgC’est une première dans le domaine de l’égalité. À l’occasion du lancement du programme fédéral P7 2017-2020, la totalité des 27 hautes écoles de Suisse se sont réunies à l’UNIGE le 3 mars dernier. Témoignant de l’ampleur de l’engagement déployé dans le domaine et de la diversité des projets, cette rencontre inédite a permis de stimuler les échanges et le partage de bonnes pratiques.

Il faut rappeler que, dans ce domaine, toutes les hautes écoles ne font pas face aux mêmes problématiques du fait de profils très différents. «L’UNIGE est une université polyvalente, la question de l’égalité se pose différemment selon qu’on soit en faculté de droit ou des sciences», commente le recteur Yves Flückiger.

Parmi les universités polyvalentes de Suisse, l’UNIGE présente le taux le plus élevé de professeures. «Mais les progrès sont lents, de l’ordre de 1 à 2% tous les 2-3 ans, poursuit le recteur. À ce rythme, il nous faudra une trentaine d’années pour arriver à la parité. C’est plutôt déprimant et c’est pourquoi il est important de trouver des instruments susceptibles d’avoir des effets très rapidement.»

La mesure des quotas existe à l’UNIGE et sa forme est assez novatrice.

Parmi les moyens qui suscitent l’espoir, le programme «Professeures» lancé en 2015. Il s’agit de postes passerelles destinés à des candidates qui sont nommées par anticipation d’un poste professoral qui deviendra vacant dans un délai de 1 à 3 ans. «Cette mesure permet d’avoir un impact réel: les ressources investies font immédiatement augmenter le nombre de femmes à ces postes» ajoute le recteur. Avant «Professeures», la stratégie était d’attribuer des «Bourses d’excellence» pour soutenir les jeunes chercheuses qui se destinaient à devenir professeures, mais ce n’était pas toujours suivi d’effets. «Dans le domaine, il est important de tester différents programmes pour apprendre et privilégier ceux qui déploient leurs effets rapidement», conclut-il.

La mesure des quotas existe à l’UNIGE et sa forme est assez novatrice. Ils ne se situent pas au niveau de l’attribution des postes, mais interviennent dans la composition des listes de candidats qui seront auditionnés. Les commissions de nomination doivent en effet présenter une «short-list» comportant un tiers de femmes. Si cela ne s’avère pas possible, une exception doit être demandée au Rectorat. «Les facultés prennent cela au sérieux, précise le recteur. Ce d’autant plus que dans chaque commission siège un délégué de l’égalité (extérieur à la Faculté) qui s’assure que le processus de nomination est correctement suivi.»

La rémunération moyenne des femmes est inférieure de 14,7% à celle de leurs collègues masculins

Par ailleurs, l’UNIGE s’intéresse de près à l’égalité des salaires, une démarche inédite parmi les hautes écoles suisses. Réalisée en 2016 par Vahan Garibian, économiste à l’Observatoire universitaire de l’emploi (OUE), l’analyse de l’égalité salariale entre femmes et hommes à l’UNIGE a révélé que la rémunération moyenne des femmes est inférieure de 14,7% à celle de leurs collègues masculins. Un résultat étonnant dans une institution qui utilise des grilles salariales pour fixer la rémunération de ses collaborateurs.

«L’analyse s’est basée non pas sur les fonctions des personnes, mais sur leurs profils (formations, expérience, ancienneté), explique le recteur, économiste de formation et responsable de l’OUE durant plusieurs années. Elle a, entre autres, révélé que beaucoup de femmes étaient surqualifiées pour les postes qu’elles occupaient. Cela peut s’expliquer par toutes sortes de raisons, mais ce qui me semble essentiel, c’est que dans ces cas, les femmes continuent d’avoir la possibilité de voir leur carrière évoluer.»