Journal n°132

La correspondance complète de Théodore de Bèze est enfin publiée

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Fruit de cinquante-sept ans de recherches, la publication de la correspondance complète de Théodore de Bèze, chef du protestantisme réformé au XVIe siècle et premier recteur de l’Académie, est enfin achevée. La collection, parue aux éditions Droz, compte 43 volumes dont le premier est paru en 1960. Abritée à l’Institut d’histoire de la Réformation (Faculté de théologie), elle est le fruit du travail de la Société du musée historique de la Réformation, soutenue par le Fonds national suisse.

Alain Dufour, ancien directeur des Éditions Droz, a consacré bénévolement plus d’un demi-siècle à l’édition de cette correspondance

Acteur principal de cette immense entreprise de rassemblement, de lecture et de retranscription, Alain Dufour, ancien directeur des Éditions Droz, a consacré bénévolement plus d’un demi-siècle à l’édition de cette correspondance, «afin, précise-t-il, que le matériel, ainsi mis à disposition, conduise à de nouvelles interprétations touchant à l’histoire religieuse, politique et intellectuelle du XVIe siècle».

Pour réunir les 2972 lettres qui constituent cette correspondance, Alain Dufour, secondé notamment depuis les années 1970 par Béatrice Nicollier, chercheuse à l’Institut d’histoire de la Réformation, a contacté les bibliothèques du monde entier. Les deux chercheurs ont décidé de les publier chronologiquement afin de garantir une continuité dans la pensée du théologien. Principalement en latin, les lettres sont toutes accompagnées d’un résumé en français qui comprend l’essentiel du texte, les noms propres et des annotations expliquant les éléments politiques, théologiques, géographiques ou encore personnels.

Le ton est souvent à l’inquiétude. Théodore de Bèze et ses correspondants redoutent de voir la Réforme être balayée de toute l’Europe

On y retrouve des lettres adressées à Jean Calvin mais aussi à des personnalités comme Henri IV. Le ton est souvent à l’inquiétude. Théodore de Bèze et ses correspondants redoutent de voir la Réforme, jeune de quelques décennies, être balayée de toute l’Europe par une coalition du pape, des rois et des princes catholiques.

Pour les chercheurs, cette correspondance représente une source inestimable pour l’étude de la seconde moitié du XVIe siècle, que ce soit sur l’histoire de la transmission des informations politiques et leur déformation au fil des missives, la théologie, la publication et la circulation des livres, l’élaboration de doctrines de résistance ou encore l’histoire de l’Université et de ses étudiants.

Diplomate et fervent défenseur du calvinisme, Théodore de Bèze a occupé entre 1559 et 1563 le poste de recteur de l’Académie – devenue l’Université de Genève en 1873. Il a contribué à la réputation internationale de l’institution, attirant nombre d’étudiants et de savants vers cette «pépinière du calvinisme» mondialement connue.