La philanthropie, nouveau sujet d’étude scientifique
Henry Peter (à d.), directeur du Centre en philanthropie et Yves Flückiger, recteur de l’UNIGE, lors de la réunion de lancement, le 11 septembre 2017.
Le rôle joué par la philanthropie dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’environnement ou de la culture est de plus en plus manifeste. Deux exemples genevois récents sont là pour l’illustrer. En juin dernier, neuf fondations privées de la place finançaient à hauteur de 430 000 francs la mise sur pied d’un projet de soutien pyscho-éducatif pour les requérants d’asile mineurs non accompagnés qui ne pouvaient être scolarisés faute de classes d’accueil. Un peu plus tôt, c’est le rachat des anciennes usines Elna par une fondation privée qui a permis la création d’un campus de 16 000m2 pour la Haute école d’art et de design (HEAD).
Forte de plus de 13’000 fondations d’utilité publique pesant près de 70 milliards de francs de capital, la Suisse voit chaque année entre 1,5 et 2 milliards de francs investis dans des causes d’intérêt public. Genève joue un rôle prépondérant à cet égard de par son rayonnement international et en raison de son implication dans le domaine de la philanthropie.
Les récentes évolutions confirment le besoin d’une réflexion académique et d’un éclairage fondamental sur ce secteur.
Forte de ces atouts, l’Université de Genève a décidé de créer le Centre en philanthropie avec trois fondations partenaires –les Fondations Edmond de Rothschild, la Fondation Lombard Odier ainsi qu’une fondation privée genevoise. Lancée à la rentrée de septembre, la structure permettra d’encourager la recherche et la formation universitaires en matière de philanthropie et d’assurer le transfert des connaissances auprès des praticiens et de la cité. «Les récentes évolutions confirment le besoin d’une réflexion académique et d’un éclairage fondamental sur ce secteur dont l’influence est réelle dans les domaines clés que sont les ressources en eau, la migration, le réchauffement climatique ou encore le patrimoine culturel», souligne Yves Flückiger, recteur de l’Université.
Les questions que pose la philanthropie sont interdisciplinaires. Elles ont principalement trait au management, au droit, à la finance, à l’économie et à la psychologie, disciplines auxquelles peuvent s’ajouter les sciences politiques et humaines, la sociologie et l’éthique. S’appuyant sur les compétences présentes au sein de l’UNIGE, le Centre espère donc servir de catalyseur pour créer de nouvelles synergies.
Les activités du Centre seront de trois ordres. Le développement de la recherche d’abord, avec l’ouverture d’une ou de plusieurs chaires qui s’attelleront à mieux cerner l’engagement philanthropique, ses outils, ses stratégies et ses mécanismes. Cette approche scientifique permettra également de développer de nouveaux champs d’étude tels que la durabilité de l’action philanthropique, la place de l’innovation sociale ou la finance comportementale.
La formation sera la seconde mission du Centre. Ainsi, dès la rentrée 2018, de nouveaux enseignements dans les domaines du management international, de la gouvernance des ONG et de la responsabilité sociale des entreprises intégreront les programmes de masters existants. Des formations continues pourront également être développées en concertation avec les partenaires et les praticiens.
Le Centre rejoindra des réseaux de recherche européens et internationaux.
Le troisième et dernier volet concerne le partage des connaissances. Des rendez-vous réguliers (workshops/luncheons), des colloques et des conférences publiques stimuleront le dialogue entre recherche et pratique. Une conférence internationale – le Geneva Summit on Philanthropy – réunira par ailleurs, tous les deux ans, les meilleurs chercheurs et les praticiens de la philanthropie. Enfin, le Centre s’inscrira dans la collaboration avec d’autres centres universitaires existants et rejoindra des réseaux de recherche européens et internationaux.
Cofinancé par l’UNIGE et les fondations partenaires, le Centre dispose de sa propre équipe placée sous la supervison d’un comité stratégique présidé par le recteur de l’Université. D’autres représentants de l’UNIGE ainsi que des fondations partenaires y siègent également. Cette structure est renforcée par un comité scientifique, à vocation académique. «Cette configuration permet d’aborder efficacement les axes thématiques qui se dessinent en matière de recherche et sera la garante de la qualité de ses activités du point de vue académique», précise le professeur Henry Peter, de la Faculté de droit, qui s’est vu confier la direction du nouveau Centre. —