Journal n°145

La lutte contre le harcèlement continue

image-7.jpg«Le pire ce n’est pas les remarques, les pressions, le malaise, l’humiliation, c’est que personne ne réagisse.» En novembre dernier, les murs et les sols de l’UNIGE se couvraient de différents messages contre le harcèlement sexuel dans le cadre d’une vaste campagne menée par le Service égalité. Cinq mois plus tard, sa directrice, Brigitte Mantilleri, en tire un bilan positif: «Le guide explicatif Gardons les yeux grands ouverts a été largement distribué et téléchargé. Et, fait qui nous réjouit, la parole semble s’être libérée: nous avons reçu un nombre important de réactions, de questions et de témoignages. Des dizaines de demandes ont aussi été adressées au groupe de confiance.» Cette structure est composée de deux spécialistes en matière de protection de la personnalité qui sont externes à l’Université, travaillent en toute indépendance et garantissent une totale confidentialité. Elle peut être contactée via l’adresse e-mail confiance(at)unige.ch. La plupart du temps un entretien est ensuite organisé pour écouter, aider à clarifier la situation et formuler des propositions de solutions adaptées à chaque situation. Ce service gratuit est à la disposition des membres du personnel et du corps estudiantin de l’UNIGE.
«Nous constatons souvent que, dans des cas de harcèlement, les personnes tardent à demander de l’aide, poursuit Brigitte Mantilleri. En effet, personne n’a envie d’être une victime. Donc on tient le coup, en essayant de se convaincre que ce n’est pas grave, mais elles le vivent mal et ne s’en sortent pas. Elles devraient s’adresser plus vite au groupe de confiance qui les aidera à agir avant que la situation ne se dégrade.»

Informer  et sensibiliser
Depuis novembre, le Service égalité continue son travail de sensibilisation. Par exemple, en participant aux collèges des professeurs pour présenter les outils et échanger sur les attitudes à adopter en cas de doute ou de suspicion. «Pour les responsables d’équipe de recherche, il n’est pas évident de savoir comment agir, commente Brigitte Mantilleri. Ce n’est pas leur métier, c’est pourquoi nous sommes là pour les aider et les conseiller.» Le Service égalité intervient aussi lors de cours ex cathedra face aux étudiantes et étudiants. «La question de la différence entre harcèlement et séduction revient souvent, relève la directrice. Or, elle est claire: pour parler de séduction, il faut le consentement de l’autre.»
Le Service égalité œuvre pour la prévention, mais souhaite aussi rendre plus accessible l’ouverture d’une enquête administrative. «Il faut que ces démarches fassent moins peur aux personnes qui témoignent», confirme Brigitte Mantilleri. Deux professeures de droit ont été sollicitées dans ce sens.  —

 

L’UNIGE pour la diversité

L’Université entend lutter contre toute forme de discrimination. Cette intention est clairement revendiquée depuis la décision d’adhérer à la charte suisse de la diversité en entreprise. Celle-ci sera signée le 17 mai par le recteur, date de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie à laquelle l’UNIGE participe. Ce jour sera aussi l’occasion de présenter un état des lieux de l’application des droits LGBTIQ+ à l’UNIGE. Un rapport a en effet été effectué dans le cadre d’un stage académique qui s’est tenu en marge de la Law clinic sur les droits des personnes vulnérables (voir n° 144). Des stands, une performance et une projection complètent le programme.

Jeudi 17 mai
Journée contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie
www.unige.ch/egalite

 

 

Conclusions de l’enquête sur le sexisme au Rectorat

Mandatée en décembre, la commission d’enquête indépendante a rendu son rapport. Le recteur annonce une série de mesures

Courant 2017, le Rectorat a été confronté à des accusations de sexisme et de mobbing à l’égard de femmes cadres. Pour faire la lumière sur cette question, le recteur a décidé de l’ouverture d’une enquête indépendante en décembre. Celle-ci a été confiée à Sabine von der Weid, présidente suppléante de la Chambre des relations collectives du travail, vice-présidente de la Croix-Rouge genevoise, et à Luc Recordon, avocat et docteur en droit, conseiller aux États vaudois de 2007 à 2015.
Durant plus de deux mois, la commission d’enquête a procédé à l’audition de 52 personnes. Elle n’a pas cherché à confronter les points de vue, mais a privilégié l’anonymat des déclarations, afin de favoriser la collecte la plus large d’indices. Son rapport a été remis début avril au recteur et au président du Comité d’éthique et de déontologie de l’UNIGE.
Les enquêteurs ont identifié des cas de souffrance au travail et de grand inconfort, sans toutefois les qualifier de sexisme. Ils n’ont pas relevé  d’autres «agissements relevant du sexisme et du mobbing envers des femmes cadres et pouvant être reprochés aux membres du Rectorat».

Train de mesures
Sur la base des faits énoncés dans le rapport, le recteur a annoncé une série de mesures. Un bilan des différents outils en place pour lutter contre le harcèlement sexuel et sexiste et la souffrance au travail devra être effectué dans un délai de six mois; les enquêtes administratives ou autres procédures jugées nécessaires seront ouvertes ou poursuivies; les réflexions déjà entamées sur l’organisation générale du Rectorat et ses relations avec ses divisons et services seront menées et abordées en juin lors du Conseil d’orientation stratégique.
Doutant que les conditions d’un travail serein et utile à l’institution puissent être reconstruites et lassé des attaques répétées dont il a fait l’objet, un vice-recteur a par ailleurs présenté sa démission de ses fonctions. Celle-ci sera effective le 31 juillet 2018.
L’intégralité du rapport de la commission d’enquête peut être consultée en ligne. —

www.unige.ch/-/ceish