Journal n°154

La rénovation énergétique des bâtiments est insuffisante

image-4.jpgL’assainissement des bâtiments permet d’améliorer significativement leur consommation énergétique. Toutefois, les économies réalisées restent souvent inférieures à celles prévues. Une équipe de chercheurs menée par Pierre Hollmuller, chercheur à l’Institut des sciences de l’environnement, et Jad Khoury, actuellement aux Services industriels de Genève (SIG) et qui a défendu une thèse consacrée à ce sujet en 2014, vient de publier un rapport sur les causes de cet écart de performance. Ce projet, mandaté par l’Office fédéral de l’énergie, a permis d’émettre des recommandations sur la manière d’exploiter plus efficacement le potentiel énergétique des assainissements.

Après les rénovations, l’énergie finale pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire est passée en moyenne de 644 à 465 mégajoules par mètre carré

L’étude est fondée sur l’analyse de 26 grands immeubles d’habitation collectifs construits après-guerre, surtout au cours des années 1960, et rénovés depuis 2005 à Genève (rénovation globale ou par étapes de l’enveloppe thermique, avec ou sans la rénovation des systèmes techniques). L’échantillon regroupe plus de 3000 logements et totalise une surface de référence énergétique d’environ 285 000 m2. Avant travaux, ces bâtiments étaient entièrement dépendants des énergies fossiles.

Après les rénovations, l’énergie finale pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire est passée en moyenne de 644 à 465 mégajoules par mètre carré, soit une économie relative de 29 %. Les émissions annuelles de carbone liées à l’exploitation ont baissé en moyenne de 46 à 27 kg de CO2 par m2, ce qui signifie une baisse relative de 41 %. Quant à la consommation électrique totale, elle a baissé de 6,3%, passant de 36,5 à 34,3 kilowattheures par m2. Une baisse qui s’inscrit dans la tendance générale observée à Genève.

Le résultat est donc positif mais pas autant que souhaité. En effet, dans la réalité, l’économie obtenue par les travaux n’atteint, selon les cas, que 29% à 65% des objectifs théoriques. Les auteurs en déduisent que si l’on généralisait les pratiques actuelles de rénovation à l’ensemble du parc genevois de bâtiments résidentiels d’après-guerre, à peine la moitié (42%) du potentiel théorique d’économie de chauffage pourrait être atteinte.

Pour corriger ces écarts de performance énergétique, le rapport propose au moins deux recommandations. La première consiste à mettre en place une «assistance à la maîtrise d’ouvrage», à savoir une attention particulière des acteurs du projet portée au volet énergie, le choix d’une approche par rénovation globale visant un très haut standard énergétique, la vérification que les travaux soient réalisés comme prévu, etc. La seconde serait une «assistance à la maîtrise d’usage» visant, elle, à accompagner les locataires durant la phase d’exploitation, accompagnée d’une phase d’optimisation et de suivi énergétique.

Grâce à ces mesures d’optimisation, la part effectivement réalisée du potentiel d’économie théorique passerait d’environ 65% à 80%. Le solde serait principalement dû aux valeurs optimistes utilisées pour calculer les économies théoriques, en particulier une température des logements à 20 °C alors que les locataires la fixent plutôt à 21,5 °C.  —


 

Utilisé contre le cancer, le tamoxifène s’attaque aussi à une myopathie rare

Des chercheurs genevois ont réussi à multiplier par sept l’espérance de vie de souris atteintes de myopathie myotubulaire. Cette maladie génétique incurable, transmise par le chromosome X, touche un petit garçon sur 50 000. Elle cause une paralysie des muscles et provoque la mort avant l’âge de deux ans. Comme le rapporte un article paru le 19 novembre dans Nature Communications, Leonardo Scapozza, professeur ordinaire à la Section des sciences pharmaceutiques (Faculté des sciences), et ses collègues ont administré à des rongeurs du tamoxifène, une molécule déjà utilisée dans les traitements contre le cancer du sein. Les souris ainsi traitées ont vécu en moyenne 290 jours – certaines même plus de 400 jours – contre seulement 45 pour un animal malade non traité. La progression de la paralysie a également été fortement ralentie, voire entièrement stoppée, la force musculaire triplée et 60% du déficit musculaire récupéré. Pour l’heure, les scientifiques ont entamé le traitement sur des souris de 3 semaines et montrant déjà les premiers symptômes de la maladie. Des essais menés en parallèle au Canada montrent qu’en le commençant encore plus tôt, la myopathie myotubulaire ne se déclare pas du tout. Chez l’être humain, cependant, la maladie commence déjà chez le fœtus. Il est donc difficile de savoir si une absence totale de paralysie pourrait être envisagée si le tamoxifène était administré après la naissance.

Première mesure précise de l’hélium dans l’atmosphère d’une  exoplanète

L’exoplanète HAT-P-11b est en train de perdre son atmosphère à grande vitesse. Il faut dire que cette «Neptune chaude», située à 120 années-lumière de la Terre, est très proche de son étoile autour de laquelle elle tourne en moins de cinq jours. Comme le rapporte un article paru dans la revue Science du 7 décembre, Romain Allart, doctorant au Département d’astronomie (Faculté des sciences), et ses collègues ont réussi à détecter l’échappement du gaz qui l’enveloppe grâce à une mesure inédite de l’hélium qu’il contient. L’élément le plus abondant dans l’atmosphère d’une exoplanète est l’hydrogène. Mais la signature de ce dernier se trouve dans l’ultraviolet, un rayonnement qui est très fortement absorbé par le milieu interstellaire. L’hélium, lui, trahit sa présence par un signal dans l’infrarouge, dans une longueur d’onde qui voyage mieux mais qui reste hors de portée de la plupart des instruments actuels. Les auteurs de l’article ont profité de la mise en service de Carmenes, un spectromètre installé sur le télescope de 4 mètres de l’Observatoire de Calar Alto en Andalousie et capable de distinguer plus de 100 000 couleurs dans l’infrarouge. En se basant sur leurs mesures ainsi que sur une simulation numérique, les chercheurs ont déduit que l’hélium contenu dans l’atmosphère de HAT-P-11b était expulsé depuis le côté jour vers le côté nuit à une vitesse de 3 km/s et que 300 kg de cet élément s’échappaient dans le vide chaque seconde.