Journal n°155

Un siècle d’enseignements publics

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«Notre université aspire à se mettre en contact avec l’ensemble de notre population. Les bâtiments universitaires sont bien connus de notre peuple par les cours publics et gratuits de l’aula organisés chaque année par le Département de l’instruction publique. Le Sénat a décidé cette année d’instituer quelque chose d’analogue, gratuit pour notre public, en faisant traiter par des professeurs compétents une question d’actualité.» C’est en ces termes que le recteur Raoul Gautier, professeur d’astronomie, annonce la création des cours publics de l’Université, dans le discours qu’il prononce le 5 juin 1919 à l’occasion du Dies academicus.

Le nombre d’étudiants étrangers, qui fournissaient jusqu’à 80% des effectifs (en 1910), a brutalement chuté

Le Sénat répond probablement par cette initiative à la volonté exprimée par une partie des autorités politiques de démocratiser l’Université. Au sortir de la Première Guerre mondiale, le nombre d’étudiants étrangers, qui fournissaient jusqu’à 80% des effectifs (en 1910), a brutalement chuté et les autorités universitaires comptent sur les étudiants suisses pour compenser cette perte. Aussi cherchent-elles très certainement à attiser l’intérêt du public genevois. En soulignant l’importance des liens avec la population et en inscrivant ce nouveau rôle public des professeurs autour de questions d’actualité, proches des préoccupations de la société, le Sénat donne en tout cas une forme moderne à cette démarche d’ouverture à la cité.

Cette version des cours publics perdure jusqu’en 1938, date à partir de laquelle ils sont appelés Conférences universitaires. Celles-ci sont données à l’aula d’Uni Bastions en soirée, par des professeurs. Chaque faculté est invitée à désigner deux conférenciers. Doyen de la Faculté des sciences économiques et sociales, et futur premier recteur de confession catholique (de 1952 à 1954), Antony Babel est à l’origine de ce changement par lequel il entend resserrer encore davantage les liens avec le public genevois.

Ces cours visent à trouver un dénominateur commun aux différentes disciplines, à travers le choix de thématiques transversales

Nouveau changement de cap en 1944, avec l’instauration des cours généraux. Antony Babel entend cette fois lutter contre la spécialisation du savoir. Ces cours visent à trouver un dénominateur commun aux différentes disciplines, à travers le choix de thématiques transversales. Ils  s’adressent aux étudiants autant qu’au public.

Mais le succès n’est pas au rendez-vous. C’est du moins le verdict rendu par le Sénat en 1958: lorsqu’un exposé est donné par un professeur de la Faculté des sciences, par exemple, l’auditoire est rempli par ses propres étudiants et assistants, alors que le but était d’attirer celles et ceux d’autres facultés. Il faut désormais revenir à des sujets plus grand public, estiment les autorités universitaires, qui annoncent une série de cours généraux sur le thème «Le sport et l’histoire».

La dénomination Cours publics refait ensuite surface à partir des années 1970. Aujourd’hui, l’Université propose chaque année une centaine d’enseignements ouverts à tous sur les thématiques les plus diverses. «Le savoir scientifique est une source de richesse quand il est partagé avec la collectivité et qu’il contribue à repenser le développement en vue d’une société viable, équitable et respectueuse des générations futures, observe le vice-recteur Stéphane Berthet. Le succès des cours publics témoigne de l’intérêt croissant du public pour ce type d’action et il nous encourage à poursuivre chaque année sur cette voie.»  —

www.unige.ch/public/formations/courspublics/

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