28 octobre 2021 - AC

 

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Campagne présidentielle pour une école moins inégalitaire

 

 

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Barbara Fouquet-Chauprade


Spécialiste des politiques éducatives et maître d’enseignement et de recherche à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE), Barbara Fouquet-Chauprade était l’invitée du quotidien Le Monde, le 20 octobre dernier, pour décrypter la manière dont la campagne présidentielle française s’est emparée de l’école. «Que l’école soit, d’ores et déjà, au cœur du débat est un signal positif, se réjouit la sociologue de l’éducation. Cela dit, elle l’est à un niveau de généralités encore important. On entend résonner, un peu comme des slogans, des mesures emblématiques – "l’école du futur" dans la bouche du chef de l’État, le "doublement des salaires" dans celle d’Anne Hidalgo, et des propositions communes à Xavier Bertrand et à Valérie Pécresse sur le recrutement ou les "fondamentaux"... Mais on est encore dans le flou sur la capacité à concrétiser de telles promesses et à les insérer dans de réels projets.»

Pour la spécialiste, la crise sanitaire est venue rappeler à toutes et à tous, et en premier lieu aux décideurs/euses, l’importance que revêt l’école pour les familles. Mais cela n’a pas pour autant bouleversé les rapports à l’école. «Les premières propositions ne sont pas inattendues: en puisant, à droite, dans une inspiration libérale, en misant, à gauche, sur les questions des ressources humaines, les candidat-es pressenti-es sont chacun-e à leur place, constate Barbara Fouquet-Chauprade. Il n’y a pas de rupture radicale avec les positionnements passés.»

Pour l’instant, le discours politique ne s’est pas concentré sur la question des inégalités scolaires alors que la France est le pays où elles sont le plus expliquées par l’origine sociale des élèves. «Il n’est possible de s’emparer du problème qu’en touchant aux sources systémiques du phénomène: celles-ci sont scolaires mais aussi urbaines, économiques, etc., explique Barbara Fouquet-Chauprade. C’est une approche transversale qu’il faut porter. Cette complexité explique, en grande partie, les limites du discours politique. Mais ne nous voilons pas la face: il y a aussi une difficulté à porter, politiquement, un sujet qui remet en question le fonctionnement méritocratique de l’école.»

Barbara Fouquet-Chauprade relève également la quasi-absence de l’élève et de ses besoins dans le discours politique: «Nous sommes dans une situation un peu paradoxale, car au niveau pédagogique, nous vivons une période d’individualisation croissante de la prise en charge. Cela se traduit par un certain nombre de contradictions entre la gouvernance et la pratique. Le fait pour certain-es candidat-es de se centrer presque exclusivement sur les «fondamentaux» à l’école, sans penser les dimensions non cognitives des apprentissages comme le bien-être de l’élève par exemple, ou sa créativité, revient à laisser de côté tout un pan de l’expérience scolaire sur lequel il faut, pourtant, aussi travailler.»

RÉDUIRE LES INÉGALITÉS: QUE PEUT FAIRE L’ÉCOLE, EN RÉALITÉ?

Conférence avec Anne Émery-Torracinta, conseillère d’État responsable du Département genevois de l’instruction publique; Barbara Fouquet-Chauprade, maître d’enseignement et de recherche en sociologie des politiques éducatives (UNIGE); Francesca Marchesini, présidente de la Société pédagogique genevoise, et Priscille Dia-Laplace, enseignante d’allemand et doyenne au Cycle d’orientation de Sécheron

Mardi 2 novembre | 18h15 | Uni Mail, salle R280

 

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