5 octobre 2023 - Melina Tiphticoglou

 

Vie de l'UNIGE

Petit à petit, la durabilité fait son nid à l’UNIGE

La transition énergétique est en cours à l’UNIGE, mais son implémentation prendra du temps. En attendant, de nombreuses actions attestent de l’engagement de l’institution en matière de durabilité. Durant l’automne, une série d’événements vise plus précisément à favoriser la mobilité douce et la sobriété numérique.
 

 

2023_10_05_2842-A.jpg

Potagers sur le toit d’Uni Dufour. Photo: J. Erard/UNIGE


Comptant parmi les plus gros consommateurs d’énergie du Canton, notamment en raison de bâtiments scientifiques très gourmands en électricité, l’UNIGE est consciente de sa responsabilité environnementale et s’attache à réduire son impact. Après un premier bilan carbone à l’automne 2021, elle prenait le chemin de la sobriété énergétique l’année suivante pour faire face au risque de défaut en approvisionnement en électricité, avec l’ambition de se doter d’un plan de transition énergétique. Des efforts pour réduire la consommation énergétique de l’institution sont fournis en continu selon trois axes. Le premier consiste à collaborer étroitement avec l’État de Genève dont dépendent les aspects techniques de ses bâtiments (enveloppe, chauffage, ventilation). Le second concerne l’analyse des activités menées au sein de ses murs et dont l’amélioration est du ressort de l’Université, comme l’installation d’une pompe à chaleur récupérant la chaleur générée par le parc de serveurs sis à Uni Dufour. Enfin, le dernier axe vise à sensibiliser les usagers et usagères des bâtiments aux économies d’énergie individuelles.

«Nous avançons dans ces trois domaines, confirme Fabrice Calame, responsable des objectifs de développement durable à l’UNIGE et conseiller au Rectorat pour les questions de durabilité, mais nous avons encore besoin de comprendre les sources potentielles d’économies. Une société indépendante effectue actuellement une analyse fine de la consommation énergétique par bâtiment, dans le but de proposer un plan de décarbonation.»

Parallèlement à ce travail de longue haleine, des actions concrètes sont menées au travers du Service campus durable dans un large ensemble de secteurs allant de l’aménagement à la restauration en passant par la mobilité ou le recyclage. Tour d’horizon.

Institution éco-mobile
«Depuis septembre, l’UNIGE est certifiée institution éco-mobile, annonce Stéphanie Reusse, responsable des projets durabilité et du pôle mobilité. Ce label est accordé par le Département de la santé et des mobilités du Canton de Genève, et récompense nos efforts en faveur de la mobilité douce et active.» Parmi les engagements institutionnels pris par l’Université pour favoriser le transfert vers des modes de transport plus durables, on peut citer un vélo-cargo en libre-service, une participation financière aux abonnements de transports publics pour le personnel ou des tarifs privilégiés pour l’abonnement Mobility, mais aussi le développement d’une politique de télétravail et l’interdiction des vols pour des destinations atteignables en quatre heures de train.

En matière de mobilité, l’UNIGE fait par ailleurs plutôt figure de bonne élève. D’après des données collectées au printemps 2019, une large part des personnes qui se rendent à l’UNIGE le font en empruntant les transports publics (plus de la moitié des étudiant-es et près de 40% du personnel) ou en utilisant un mode de transport doux (entre 35 et 40%). Il est cependant probable que les pratiques de mobilité aient évolué ces dernières années, notamment en raison de la pandémie de Covid-19 et du développement du télétravail, c’est pourquoi un nouveau sondage sera conduit cet automne qui sera l’occasion d’actualiser les données et d’identifier les points à renforcer.

En attendant, des mesures sont prises pour rendre la vie des cyclistes plus facile. C’est le cas de la récente campagne de nettoyage, menée avec l’association des étudiant-es à vélo (AEVELO), qui a permis le débarras de quelque 70 épaves qui encombraient les places de stationnement devant les bâtiments. L’installation d’un parking à vélo sécurisé, gratuit et réservé aux membres de l’UNIGE, au sous-sol du 66 boulevard Carl-Vogt, en est un autre exemple.

En automne, toutes et tous en selle
Des vététistes aux cyclistes du dimanche, tous les amoureux et amoureuses de la petite reine sont en outre appelé-es à participer à l’Academic Bicycle Challenge. Seul-e ou en équipe de cinq à 25 membres, au nom d’une discipline ou d’un secteur académique, les participant-es à ce défi cycliste international réservé aux universités rouleront durant tout le mois d’octobre pour y défendre les couleurs de l’UNIGE. Lancé le 2 octobre, le concours peut être rejoint à n’importe quel moment. Il se terminera le 31 octobre par un événement festif et des remises de prix.


Conteneur_4.jpg


Pour celles et ceux qui souhaitent retrouver confiance ou s’initier à la circulation urbaine, des ateliers de remise en selle (gratuits sur inscription) sont proposés les 11 et 18 octobre. Et pour retaper son biclou, rendez-vous à Unicycle, l’atelier de réparation et d’entretien de vélo de l’UNIGE, qui, tout au long du mois de novembre, se déplacera sur les différents sites du campus.

L'apport participatif se déploie à l'UNIGE
Papier, PET et alu-fer blanc sont recyclés grâce aux points de tri en place dans les principaux bâtiments universitaires. Selon les activités du bâtiment, des matières plus spécifiques, comme le sagex, le polyéthylène souple (film d’emballage) ou le polypropylène (supports et boîtes de pointes de pipettes), sont également récupérées. En partenariat avec l’association NoOps, des collectes de téléphones et tablettes usagées sont organisées avec l’aide des loges des différents bâtiments.

En moyenne, 40% des déchets générés sont triés, ce qui reste loin des 80% exigés d’ici à 2025 par le Plan cantonal de gestion des déchets pour les administrations publiques. Afin d’atteindre cet objectif, l’UNIGE déploie petit à petit l’apport participatif dans ses bâtiments. Ce dispositif, déjà en vigueur depuis plusieurs années aux Battoirs ou au 66 boulevard Carl Vogt, consiste à retirer les poubelles individuelles et à demander à chacun-e de se rendre au point de collecte le plus proche. «On a constaté que, de cette façon, la qualité du tri augmente considérablement, car une fois face au point de tri, chacun-e fait l’effort de déposer le déchet dans le bon conteneur, commente Aurélie Kropf, responsable de la gestion du recyclage avec France Favarger. Nous proposons des ateliers sur le tri des déchets, car la qualité du tri est primordiale pour atteindre les objectifs fixés par l’État. Si une bouteille en verre est jetée à tort avec le PET, l’entier du sac sera incinéré et tous les gestes de tri auront été vains.»

Manger local et moins de viande
La réduction des déchets se fait également en partenariat avec les cafétérias qui, depuis l’été 2022, utilisent toutes de la vaisselle consignée, acceptent les récipients personnels et mettent à disposition des fontaines à eau. Dans l’assiette, l’offre est généreuse en plats végétariens et intègre davantage de produits locaux.

Deuxième vie pour le mobilier
De son côté, les trois membres de l’équipe mobilier et aménagement s’engagent fortement pour le réemploi. «Dans le mobilier stocké dans notre dépôt – armoires, bureaux, fauteuils… –, 90% sont de seconde main, rapporte Camilo Monteros acheteur spécialisé et gestionnaire. Les meubles proviennent généralement de sociétés privées qui débarrassent du matériel souvent en excellent état. Seul le transport nous est facturé, c’est donc également très avantageux d’un point de vue économique.» C’est ainsi que les nouveaux locaux de l’Ancienne École de médecine ont pu être intégralement équipés avec du mobilier cédé par une grande banque.


AmisTimbereng.jpg


À l’inverse, le mobilier dont l’UNIGE se sépare est mis à disposition gratuitement. «On jette le moins possible, confirme Camilo Monteros. Ce qui est en état est revalorisé via des associations, le réseau des professionnels ou le site Re-sources des SIG.» L’été dernier, une vingtaine de tables et une cinquantaine de chaises, gracieusement offertes à l’association Amis de Timbereng, ont ainsi permis de meubler plusieurs salles de classe dans la région de Dakar, au Sénégal.

Sobriété numérique
Enfin, l'UNIGE est signataire de la Charte numérique responsable depuis janvier 2023. Son plan d’action «Sobriété numérique» prévoit plusieurs axes d’intervention: limiter les impacts et la consommation, rendre accessible, inclusif et durable, rendre éthique et responsable, favoriser la résilience institutionnelle et permettre l’émergence de nouveaux comportements et valeurs. Des événements en lien avec ce sujet sont régulièrement organisés. Une journée du numérique responsable se tiendra le 6 décembre, tandis que des fresques du numérique – ateliers interactifs et ludiques permettant de se former aux enjeux environnementaux du numérique – se déroulent tout au long de l’année. Les prochaines auront lieu les 2 novembre et 1er décembre, de 9h à 12h.

 

L’UNIGE est prête à faire face à une pénurie énergétique

Si l’énergie vient à manquer en Suisse cet hiver, la Confédération prévoit de déployer deux programmes d’urgence: Ostral pour l’électricité et OIC Gaz pour le gaz. Une telle situation affecterait inévitablement les activités de l’UNIGE, c’est pourquoi un plan de gestion de crise a été établi. Porté par un groupe de travail réunissant des membres de la Division des bâtiments (DIBAT), du Service santé au travail, environnement, prévention et sécurité (Steps), de la Division Système et technologies de l’information et de la communication (DiSTIC), du Rectorat, ainsi que des représentant-es des facultés des sciences et de médecine, il s’appuie sur l’analyse d’un cabinet de conseil spécialisé qui a permis d’identifier les gros postes de consommation énergétique en collaboration avec l’Office cantonal des bâtiments (OCBA).

En cas de pénurie d’électricité, la Confédération prévoit de gérer la crise en quatre étapes progressives – sensibilisation, restrictions, contingentement et délestage – de sorte à éviter le black-out, soit la coupure totale d’électricité. Le plan de l’UNIGE dicte les mesures à prendre au niveau institutionnel pour chacun de ces quatre niveaux. Le premier, qui compte sur les économies volontaires, prévoit une campagne de sensibilisation sur le modèle de ce qui a été fait l’hiver dernier. Le second introduit des restrictions pour certains équipements, dont la liste serait établie par la Confédération. Le troisième impose un contingentement aux gros consommateurs, à savoir une économie d’énergie de 10, 20 ou 30%. Enfin, dans le cas où le dernier niveau d’urgence devait être déclaré, délestages seraient opérés par tranches de quatre heures, tout en préservant les bâtiments critiques. Pour l’UNIGE, il s’agirait notamment du CMU (support médical), des Sciences (installations critiques), d’Uni Dufour (data center et nœuds de communication) et de l’Observatoire (data center et acquisition de données satellites). Des groupes électrogènes permettraient également de maintenir une alimentation électrique des installations critiques, notamment à Uni Mail.

Si le gaz venait à manquer, l’UNIGE aurait recours aux réserves de mazout pour ses chaudières bicombustibles (dont les sites majeurs sont équipés), afin d’assurer la continuité de la fourniture de chaleur nécessaire à ses infrastructures.

 

Vie de l'UNIGE