16 juin 2022 - Alexandra Charvet

 

Vie de l'UNIGE

Réanimer, c’est sauver

Deux étudiant-es en médecine se sont engagé-es pour inciter leurs collègues de première année à rejoindre un réseau de premiers/ères répondant-es, permettant une intervention rapide lors d’un arrêt cardiaque. Leurs résultats ont fait l’objet d’un article dans le «Journal of Medical Internet Research».

 

AdobeStock_163069799_J.jpg

L’arrivée des premiers/ères répondant-es avant les secours traditionnels permet la mise en place rapide des mesures de réanimation et une augmentation importante de la survie. Image: Pixelaway

 

Après un arrêt cardiaque, chaque minute sans prise en charge diminue de 10% les chances de survie de la victime. Afin de réduire le délai d’intervention entre l’appel au 144 et l’arrivée des secours professionnels, l’organisation Save a Life a mis en place un réseau de premiers/ères répondant-es formé-es aux gestes de premiers secours et de réanimation cardiaque. L’action de ces bénévoles permet de gagner de précieuses minutes et augmente ainsi les chances de survie, tout en réduisant les séquelles neurologiques. Toute personne qui a suivi une formation BLS-AED, un cours de réanimation cardiaque d'une durée de 3 heures minimum, est à même de rejoindre le réseau.


C’est quand elle et il ont constaté qu’en matière de réanimation, les étudiant-es en médecine de première année possédaient des connaissances insuffisantes, que Tara Herren et Victor Taramarcaz, deux étudiant-es «seniors», ont décidé de lancer un projet visant à inciter les jeunes volées à se former et à rejoindre le réseau. «C’est seulement en deuxième année de médecine que nous sommes formé-es à la réanimation cardiopulmonaire, relève Tara Herren. Dans ce domaine, nous trouvions dommage que la société se passe des compétences des étudiant-es en début de cursus. Et ce, d’autant plus que si un accident survient, il sera attendu une participation plus active de la part d’un-e étudiant-e en médecine que d’un simple témoin.»

 

Trois étapes ont été imaginées pour inciter les étudiant-es à rejoindre le réseau: une courte intervention au début d’un cours magistral pour expliquer le projet, une formation à distance d’une trentaine de minutes et une session pratique d’environ une heure. «Avec le covid et le passage à l’enseignement en ligne, l’intervention prévue dans les auditoires s’est transformée en une vidéo que nous avons voulue ludique afin de capter l’attention du public, précise Tara Herren. Nous avons essayé de motiver les étudiant-es en leur montrant en quoi cette formation allait leur être utile, non seulement pour le réseau mais également pour leurs compétences personnelles.» Pour assurer la gratuité de la formation pratique, celle-ci était dispensée par des étudiant-es de master, lesquel-les sont formé-es à être moniteurs/trices par des ambulanciers/ères du Service mobile d’urgence-réanimation (SMUR) des Hôpitaux universitaires de Genève.

 

Chaque étape du processus a été suivie d’un questionnaire, afin d’évaluer les résultats d’une telle approche. À l’issue du projet, 102 étudiant-es avaient suivi la formation dans son entier parmi lesquel-les 48 s’étaient finalement inscrit-es au réseau, soit 9,1% de la volée (529 étudiant-es). L’étude a en particulier montré que les facteurs contribuant à l’inscription étaient d’avoir confiance en ses compétences et de se sentir utile. «La plupart des participant-es avaient déjà suivi un cours de premiers secours, que ce soit avec les Samaritains ou dans le cadre de l’armée, observe Victor Taramarcaz. Suite à notre projet, ils et elles ont déclaré avoir mieux compris les enjeux de la réanimation et mieux savoir quoi faire et quand.» Les résultats de l’étude menée sont à lire dans le Journal of Medical Internet Research du mois de mai dernier.

 

À l’avenir, les deux étudiant-es espèrent pérenniser le projet, son impact sur la santé publique étant substantiel. «Même si seuls 10% des étudiant-es rejoignent Save a life, ce sont 50 premiers/ères répondant-es de plus par année pour Genève», constate Victor. Toutefois, la charge de travail se révèle lourde, entre réservation des salles, recrutement des équipes, organisation des formations et promotion du projet. Ainsi, Tara et Victor formulent le vœu que la Faculté puisse intégrer un tel cours dans le cursus. «Outre l’impact sur la santé de la population, cette formation permettrait d’amener un peu de pratique dans une année très théorique et, pour les étudiant-es, de toucher du bout du doigt ce qui va être leur futur métier», assure Victor Taramarcaz.

 

 

Vie de l'UNIGE