11 mai 2023 - Melina Tiphticoglou

 

Vie de l'UNIGE

Les règles, un tabou
à la peau dure

Du 22 au 26 mai, divers événements se tiennent à Uni Mail pour marquer la Journée internationale de l’hygiène menstruelle. Organisée pour la première fois à l’UNIGE, elle est l’initiative d’une étudiante du GSI dans le cadre d’un cours de gestion de projets.

 

 

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«Je ne crois pas avoir été bonne aujourd’hui (…). Mes règles ont commencé hier, et j’étais particulièrement fatiguée.» En août 2016, aux Jeux olympiques de Rio, la nageuse chinoise Fu Yuanhui, déçue de sa performance, répond à la télévision centrale de Chine et crée la sensation en évoquant ses menstruations. L’interview sera reprise dans les médias du monde entier qui loueront le franc-parler de la sportive. C’est que le sujet est tabou dans le monde du sport, mais pas seulement. Dans la majorité des sociétés d’un bout à l’autre de la planète, il est enjoint aux femmes de dissimuler leurs règles et de subir fatigue, irritabilité ou douleurs en silence.

 

Avoir ses règles concerne pourtant un quart de la population mondiale, pour qui c’est une préoccupation durant 2500 jours, sur quarante ans, en moyenne. De récents mouvements visent à briser le tabou des règles et à alimenter le débat sur le sujet. C’est l’ambition de la Journée internationale de l’hygiène menstruelle, organisée pour la première fois cette année à l’UNIGE, du 22 au 26 mai, à l’initiative d’Anaïs Parade, étudiante du Bachelor en relations internationales au Global Studies Institute (GSI) dans le cadre du cours «Gestion de projets».

«Cette journée existe depuis 2014, explique Anaïs Parade. Elle a été lancée par l’ONG Wash United, qui, lors d’une enquête sur l’accès aux installations sanitaires, s’est rendu compte que l’hygiène menstruelle était très problématique pour des millions de femmes et de jeunes filles n’ayant pas accès à des installations convenables pour gérer leurs règles. Dans certains pays, cela provoque un taux d’échec scolaire important.» Depuis, le 28 mai marque le Menstrual Hygiene Day (MHD) dont l’objectif est de faire de la menstruation une réalité normale d’ici à 2030. Pour l’ONG, cela passe par un accès généralisé à des informations de base sur la menstruation; la fin de la stigmatisation, de l’exclusion et de la discrimination des femmes et des jeunes filles en raison de leurs règles; ainsi qu’un accès à des installations d’eau et d’hygiène adaptées aux règles partout dans le monde. Le MHD regroupe plus de 900 partenaires à travers la planète et son site internet met à disposition des ressources et du matériel d’information en de nombreuses langues.

Projet pilote pérennisé
À l’automne 2021, l’UNIGE s’engageait déjà sur la thématique des menstruations en déployant une campagne de sensibilisation et en installant des distributeurs de produits menstruels gratuits dans ses bâtiments. «C’était un projet pilote, mené pour la première fois dans une haute école suisse, rapporte Pauline Mamie, chargée de projets au Service égalité & diversité et coordinatrice du projet. Le bilan après une année s’est avéré très positif. Nous n’avons pas observé de dégradation des distributeurs ou d’usage excessif des produits. L’initiative a été très bien reçue et répond à une attente: environ 200 produits sont consommés quotidiennement. Nous avons donc décidé de pérenniser le dispositif et réfléchissons à son extension.» Les distributeurs de l’UNIGE sont signalés par un logo développé en partenariat avec la Ville de Genève qui indique les emplacements du programme «Stop précarité menstruelle», un réseau de plus de 100 distributeurs gratuits en ville.

Anaïs Parade salue ces améliorations, mais soutient qu’il y a encore beaucoup à faire pour briser le tabou des règles et réduire la précarité menstruelle. «Les étudiantes sont majoritaires dans notre université, elles représentent plus de 60% des effectifs, et les protections hygiéniques pèsent lourd dans leur budget. C’est ce qui m’a motivée à organiser la Journée internationale des règles – le terme a été choisi parce qu’il est plus court que “hygiène menstruelle“ – à l’UNIGE.» La précarité menstruelle sera au cœur de la table ronde, qui réunira Aline Bœuf, chercheuse et doctorante à l’UNIGE, Léna Fant, représentante de l’association For Womxn, period et Nathalie Fontanet, conseillère d’État du Canton de Genève (mardi 23 mai, 18h30, Uni Mail, salle MS130). Cette discussion sera précédée de la projection du documentaire Les règles de notre liberté (2018, USA, 26’), réalisé par Rayka Zehtabchi, qui raconte comment des femmes d’un village indien luttent contre la stigmatisation des règles en fabriquant leurs propres serviettes.

Tout au long de la semaine du 22 mai, le hall d’Uni Mail accueillera une exposition sur le tabou menstruel, réunissant des informations sur la santé, grâce à la contribution du groupe MedSexplain de l’Association des étudiant-es en médecine de Genève, et des œuvres, réalisées par l’Association Uni Art. Enfin, pour montrer qu’il existe des alternatives aux produits jetables et permettre aux étudiantes de les tester, des produits menstruels réutilisables – cups, culottes menstruelles et serviettes lavables – seront distribués gratuitement dans le hall d’Uni Mail, tous les jours, entre 11h et 16h jusqu’à épuisement des stocks. Cette dernière action est rendue possible grâce à une subvention de la Commission de gestion des taxes fixes (CGTF).

 

JOURNÉE INTERNATIONALE DES RÈGLES
Combattre la précarité menstruelle et briser un tabou

Table ronde, exposition et distribution de matériel

Du 22 au 26 mai 2023 | Uni-Mail

 

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