26 janvier 2023 - Alexandra Charvet

 

Vie de l'UNIGE

Des étudiantes découvrent les secrets des constructeurs romains

Pendant une semaine, cinq étudiantes en sciences de l’Antiquité ont été formées aux techniques modernes de construction par des apprentis maçons afin de mieux appréhender l’architecture romaine.

 

Vidéo: M. Deplanche

 

C’est une formation atypique qui a été dispensée mi-janvier en archéologie classique. Imaginée par Julien Beck, chargé de cours au Département des sciences de l’Antiquité (Faculté des lettres), elle visait à mieux comprendre l’architecture de l’époque romaine en confrontant ses techniques avec celles de la maçonnerie moderne. Le tout en réunissant des étudiant-es en archéologie (UNIGE) et des apprenti-es CFC maçon-nes (Institut de formation de la construction) afin de bâtir ensemble, une semaine durant, des arches en briques inspirées des aqueducs romains.


«L’archéologie expérimentale vise à construire comme le faisaient les Romain-es, en utilisant les matières premières, les gestes et les outils de l’époque, explique Julien Beck. Ce type de projet présente un réel intérêt scientifique. En construisant soi-même, en retrouvant des gestes anciens, on peut découvrir nombre de choses qui donnent des indications sur les processus, les aspects pratiques ou encore l’organisation du travail de l’époque. Côté formation, la démarche offre une approche pratique aux étudiant-es, tout en permettant de sensibiliser le grand public par son côté spectaculaire.»

Nommé Laboratorium Romanum, ce projet pédagogique inédit a débuté en novembre dernier avec une première étape liée à l’arpentage, soit la mesure de la superficie d’un terrain en vue de préparer une construction. Pour les étudiant-es ayant rejoint le programme, il s’agissait de reconstituer certains des instruments de l’époque romaine, comme la groma (appareil de levée), le chorobate (outil de vérification des niveaux) ou encore le dioptre (tube de visée), de se familiariser avec leur utilisation, puis de tester leur précision en comparant les résultats obtenus à ceux provenant d’un instrument moderne. La deuxième étape, quant à elle, s’est achevée mi-janvier et était consacrée à la maçonnerie moderne. Objectif: confronter les étudiantes aux réalités de cette spécialité (matériaux, outils, temporalité, contraintes), puis réfléchir aux différences constatées avec les méthodes romaines.

«Nous avons beaucoup appris lors de ce stage, relève Julien Beck. Même si le mortier et les briques sont identiques, nous avons complètement changé de perspective sur la construction. Les étudiantes ont notamment été surprises par la précision que la maçonnerie demande. De nombreuses questions ont émergé relatives aux niveaux horizontaux, des détails pratiques qui ne sont jamais évoqués dans les salles de cours.» Christine Dussud, coordinatrice pédagogique et responsable qualité de l’Institut de formation de la construction, partage cet enthousiasme: «Cette expérience à la fois humaine et technique a permis de valoriser nos apprenti-es et leurs compétences et de promouvoir nos métiers.»

Conçu pour durer, le Laboratorium Romanum s’intéresse à la construction romaine au sens large, de la préparation du terrain à l’édification d’ouvrages simples ou plus complexes, en passant par toutes sortes de questions ayant trait à la logistique et à l’organisation d’un chantier. «À terme, c’est une ville entière que nous aimerions reconstruire, un projet à grande échelle qui puisse servir de laboratoire», annonce Julien Beck.

 

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