«Cette décision a constitué une grande déception et nous l’avons fait savoir, confirme Thierry Mathieu, président de l’Assemblée. Mais, en fin de compte, nous avons choisi de maintenir le cap et de relancer la procédure.» Chose faite le 2 mai avec la publication d’un nouvel appel à candidatures. Cependant, avant cela, l’Assemblée ne pouvait faire l’économie d’un bilan d’expérience et se devait d’en tirer les conséquences quant à la procédure de désignation.
Séance publique de présentation des candidat-es
«Il nous est apparu crucial d’améliorer la communication, aussi bien vis-à-vis de la communauté universitaire que de l’extérieur, indique Thierry Mathieu. Pour cette raison, nous avons notamment prévu une séance publique au cours de laquelle les candidat-es finalistes présenteront leur programme. Nous avons par ailleurs souhaité avoir la possibilité de suspendre temporairement la procédure, dans le cas où il n’y aurait pas suffisamment de candidat-es ou si nous étions confronté-es à un problème de qualité des candidatures, de manière à nous éviter d’être poings liés au calendrier.»
Trois commissions ont par ailleurs été créées afin de renforcer l’encadrement du processus de désignation. Parmi elles, la Commission de recrutement (Corec) qui a déjà entamé son travail visant à conduire la phase de recherche des personnes intéressées par le poste.
Susciter les candidatures dans la confidentialité
Il est notoire que la tâche de rectrice ou de recteur est à la fois très exigeante et difficile à cerner pour qui ne l'a jamais exercée. C’est très certainement l’un des facteurs expliquant le nombre très restreint de candidatures ayant émergé lors du précédent appel. Dans ce contexte, la Corec entend jouer un rôle de facilitatrice.
«Notre principal mandat est d'attirer des candidatures», explique Anouchka Hofmann, coprésidente de la Commission et représentante des étudiant-es. «Nous sommes là pour écouter les personnes qui veulent se présenter, encourager celles qui auraient des hésitations ou des réticences, et cela dans le plus strict respect de la confidentialité.»
Encourager, certes, mais comment convaincre? «Nous souhaitons faire passer un message d’ouverture, affirme Ecaterina Bulea Bronckart, représentante du corps professoral. Le but est de susciter une palette de candidatures en adéquation avec le profil qui soit la plus large possible. Et pour ce faire, nous abordons cette phase de recrutement sans a priori.» À ce stade, il n’est pas de la compétence de la Corec, par exemple, de recaler un-e candidat-e pour des raisons liées à sa connaissance des langues. L’appel d’offres met plutôt en avant des compétences linguistiques en français, en anglais et en allemand qui garantissent une interaction optimale avec les différents partenaires académiques et politiques. De même, la porte n’est pas fermée à un-e candidat-e qui voudrait s’en tenir à un mandat de quatre ans.
La Commission met par ailleurs l’accent sur le fait que la mission de la rectrice ou du recteur s’inscrit dans un processus collectif. «On n’est pas seul-e quand on est rectrice ou recteur, résume Ecaterina Bulea Bronckart. On s’appuie sur une équipe, des collègues expérimenté-es. Nous voulons éviter l’auto-censure. Il est de toute façon difficile de cocher toutes les cases pour un poste aussi exigeant. Donc il faut oser!» En d’autres termes, il est question de désacraliser quelque peu une fonction s’inscrivant dans une tradition aussi ancienne que l’université, ce qui peut la faire paraître hors de portée. «Notre rôle est de rendre ce poste légitime pour des personnes qui pourraient a priori ne pas se sentir légitimes, notamment des femmes», souligne Anouchka Hofmann.
À la recherche de candidates
Dans cette optique, les travaux de recrutement sont suivis par la Délégation à l’égalité. Une collaboration jugée nécessaire au vu de l’absence de candidates lors du précédent recrutement. La représentante de la Délégation, la professeure Silvia Naef, apporte notamment son expertise des processus de nomination des professeur-es. L’Assemblée s’est en outre attaché les services d’un cabinet de recrutement dans le but de viser plus spécifiquement les candidatures externes et d’accompagner le processus.
Au-delà de l’actuelle succession d’Yves Flückiger, la Commission envisage les effets de son travail dans la durée. «Il se pourrait que des personnes hésitantes ne se présentent pas cette fois mais le fassent dans quatre ans. Nous voulons surtout amorcer une dynamique, y compris avec l’autorité politique, en instaurant un dialogue qui nous permette d’être à l’écoute de leurs messages tout en faisant valoir nos prérogatives», conclut Ecaterina Bulea Bronckart.