Soutenances 2017
Eléonore DEVEVEY
Titre : Terrains d'entente. Anthropologues et écrivains dans la seconde moitié du XXe siècle »
Directeur.trice.s : Vincent Debaene et Laurent Demanze
Date de la soutenance : 08.12.2017
Résumé : À partir d’un corpus mêlant écrits d’anthropologues et d’écrivains, cette thèse éclaire la reconfiguration de leurs rapports dans la seconde moitié du XXe siècle, en s'attachant à la façon dont les uns et les autres construisent leur autorité et conçoivent leur travail. Elle prend pour objet des textes d'anthropologues écrits au moment des indépendances (parus dans la collection « Terre humaine ») ou du « retour vers le proche » de l'anthropologie, et des œuvres d'écrivains pour qui l’anthropologie a représenté un stimulant intellectuel, un réservoir de lectures et de pratiques à détourner. L'objectif est de montrer que les pratiques d'écriture non académiques des anthropologues comme celles des écrivains curieux d'anthropologie représentent alors une forme de résistance de fait à l'autonomisation de l'esthétique comme à l'attribution d'une fonction de connaissance à la seule expertise scientifique.
Philippe SIMON
Titre : La figure du monstre dans l'œuvre de Rabelais
Directeur.trice : Olivier Pot
Date de la soutenance : 07.10.2017
Résumé : Le bestiaire monstrueux qui peuple les œuvres de Rabelais est l'un des points d'intérêt majeurs de l'œuvre d'Alcofrybas. Cette étude se propose de reprendre la problématique en l'analysant sous l'angle du motif de la « rencontre avec le monstre » tel qu'il est mis en scène dans les récits, du Pantagruel au Cinquiesme Livre. Ce mode de prise en charge du texte permettra de définir une forme de phénoménologie de la perception du monstre rabelaisien, du stade restreint de la diégèse (au niveau des liens que cette phénoménologie entretient avec l'idée d'illusion perceptive ou de la gestion de la notion de l'estrange par les personnages), à celui de l'effort herméneutique qui est demandé au lecteur. La figure du monstre se révèle alors comme l'un des modèles du pacte de lecture exprimé par Rabelais dans les passages inauguraux du « Prologue » du Gargantua.
Valérie BUCHELI
Titre : Intertextualité exotique de Victor Segalen : « ne pouvoir imaginer qu’en fonction de l’adverse »
Directeur.trice : Juan Rigoli
Date de la soutenance : 16.06.2017
Résumé : Sous le nom d'« intertextualité exotique », cette thèse examine le phénomène d'inscription d'un texte dans un autre, décrit par la théorie littéraire, tel qu'on peut l'observer dans l'œuvre de Victor Segalen, c'est-à-dire en tant qu'il met en jeu, les validant ou les nuançant, les positions de l'écrivain sur l'altérité. Les deux versants de la production segalénienne sont analysés sous cet angle : les spéculations complexes et aporétiques, élaborées dans l'Essai sur l'exotisme, puis les expérimentations, suppléantes, réalisées dans les textes poétiques et narratifs. Dans Le Fils du Ciel, Équipée ou René Leys, l'intertextualité « affichée » ou « assumée » de Segalen, cette exhibition singulière des intertextes, est alors établie comme une des orientations fondamentales d'un travail d'écriture qui place ainsi l'altérité textuelle au centre de son dispositif stylistique, énonciatif et formel – de même que la théorie de l'exotisme postule une irréductible altérité sans cesse confrontée au sujet individuel.
Raphaël PIGUET
Titre : Dans la jungle des mythes : ritournelles et sanctuaires de Claude Lévi-Strauss
Directeur.trice : Frédéric Tinguely
Date de la soutenance : 11.02.2017
Résumé : Cette thèse porte sur l'œuvre de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss. Elle examine la dynamique formelle entre textes scientifiques et textes littéraires, montrant que ces deux modes d'écriture se nourrissent mutuellement et ne cessent de s'entremêler. À partir de l'expérience fondatrice du terrain ethnographique, ce travail décrit la progression herméneutique et philosophique d'une pensée tendue vers un sanctuaire où les tensions nées du voyage raconté dans Tristes Tropiques parviennent à se résorber. La complétion du « monde des mythes », décrite dans le cycle des Mythologiques, actualise ce lieu où réel et imaginaire se confondent enfin. La démarche de l'anthropologue s'éclaire alors d'un jour nouveau : les points obscurs de son œuvre, notamment la « formule canonique du mythe », sont réintégrés dans un système contradictoire, inspiré du bouddhisme, où ils trouvent tout leur sens. La place de Claude Lévi-Strauss dans l'histoire intellectuelle du 20ème siècle est ainsi réévaluée à l'aune d'une interprétation audacieuse.