Cycles semestriels

0

La « chimie » sert communément de métaphore désignant, sans en lever le mystère, le jeu des rencontres et attirances sexuelles, les combinaisons obscures du désir et du plaisir. Les individus, réduits à leur corps, obéiraient à des lois secrètes, dont les formules, si elles étaient connues, permettraient non seulement d’expliquer, mais aussi de maîtriser la sexualité. Tel est bien l’horizon concret que s’est donné, depuis l’Antiquité, le champ de savoir de la chimie, scientifique ou préscientifique, dans sa quête constante d’aphrodisiaques et d’anaphrodisiaques, de remèdes contre les excès du désir sexuel et contre ses défaillances, de moyens aptes à augmenter, orienter ou empêcher la fécondation. Une puissante pharmacopée sexuelle, tâtonnante ou efficace, a ainsi accompagné l’essor des sciences chimiques et biochimiques.

À l’occasion de son cycle de conférences du semestre de printemps 2021, le « Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités – CMCSS » de l’UNIGE souhaite revisiter les rapports que la chimie et la biochimie entretiennent avec le sexuel, en présentant quelques-unes de leurs hypothèses et découvertes, récentes ou contemporaines, qui participent de notre vie sexuelle et la façonnent, ou tendent à le faire. Il s’agira de comprendre à la fois les logiques scientifiques auxquelles elles obéissent et leurs ancrages idéologiques, ainsi que les changements sociétaux et culturels qu’elles induisent.

Des expert-es en lien avec les activités du CMCSS et issu-es de différentes disciplines – biomédicales, historiques, sociologiques et psychologiques – nous inviteront à réfléchir aux fondements et à l’impact de ses nouvelles « chimies sexuelles » au cours des dernières décennies. A quels enjeux de savoir ou de croyance répondent-elles ? Dans quels contextes médicaux, historiques, sociaux et politiques, s’inscrivent-elles ? Faut-il voir en elles, enfin, le signe d’un « progrès » et d’une « libération » ou la marque d’un contrôle et d’un asservissement des sexualités ?

25 février 2021, 12h15
Préservatif en cellulose 
- Essais scientifiques vers une sexualité éco-compatible
Khatiba Khatibi, Ezia Oppliger, Ezgi Gozlugol et Emma Jaques, étudiantes en Bachelor en sciences biomédicales, Faculté de médecine, UNIGE

La cellulose bactérienne est un bio-polymère produit par des bactéries acétiques. Il s’agit donc d’un produit naturel qui possède de nombreux avantages, dont celui d’être un matériau chimiquement pur, complètement biocompatible avec le corps humain et biodégradable dans l'environnement. Lors d'un cours qui portait sur le Business Design, dans le cadre de leurs études à la Faculté de médecine de l’UNIGE, ces quatre jeunes étudiantes ont eu l’idée d’étudier la possibilité de créer un produit dans le domaine de la santé sexuelle : un préservatif à base de cellulose bactérienne en développant le projet « OSE ! ». Elles ont remporté le prix InnoSciences 2020 de la Faculté des Sciences à l’UNIGE et eu accès à un laboratoire afin de commencer leurs recherches sur le préservatif en cellulose, sous la supervision du SIH (Science Innovation Hub) et du Dr. François Barja,  ainsi qu'avec le soutien du CMCSS. Par ailleurs, elles ont remporté la 2ème place au Concours de la meilleure idée, organisé par l’UNIGE en novembre 2020 dans le cadre de la Semaine de l’entrepreneuriat.

Lors de cette conférence, Khatiba Khatibi, Ezia Oppliger, Ezgi Gozlugol et Emma Jaques nous présente en quoi consiste leur recherche, ainsi que les obstacles auxquels elles sont confrontées dans leurs essais scientifiques orientés par la recherche d’une sexualité éco-compatible.

Plus d'informations sur le projet OSE!

0

25 mars 2021, 12h15
Viagra féminin -
Une histoire de la médicalisation de la sexualité féminine
Delphine Gardey, Historienne et sociologue, professeure ordinaire à l’Institut des Etudes Genre, UNIGE

Sexologie européenne et américaine, révolution psychanalytique, hormonothérapies, médecine sexuelle, pharmacopées du désir : cette conférence s’intéressera à la façon dont les connaissances savantes se sont bousculées au chevet du plaisir féminin et de ses défaillances. Historienne et sociologue à l’Institut des Etudes Genre de l’UNIGE, Delphine Gardey, interrogera notamment les enjeux normatifs et politiques qui accompagnent la biomédicalisation contemporaine des troubles du désir féminin.


22 avril 2021, 12h15, CONFÉRENCE ANNULÉE

Pilule et PrEP – La construction sociale des corps à risque

Marlyse Debergh, Assistante et doctorante en sociologie, UNIGE

Comment les corps à risque dans le domaine de la santé sexuelle sont-ils socialement construits ? Cette présentation s’attache à répondre à cette question par une comparaison sociologique entre l’accès à la pilule contraceptive combinée (dite communément la pilule) et l’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP). A l’occasion de cette intervention, Marlyse Debergh qui réalise actuellement une thèse sur la mise en pratique des politiques de santé sexuelle, présentera tout d’abord les deux médicaments, leurs histoires et leurs usages actuels en Suisse.
Basée sur une recherche ethnographique menée dans deux centres de santé sexuelle de Suisse romande, cette intervention nous permettra ensuite de comprendre comment les corps souhaitant bénéficier de ces traitements sont façonnés autour de compromis entre différents risques.

25 mai 2021, 12h15
Chemsex - Enjeux et préventions des pratiques sexuelles sous l’effet de psychotropes
Stéphane With-Augustin, Psychologue, responsable des consultations de psychologie clinique du Pôle Cité à la FPSE - Section de psychologie, UNIGE

CHEMSEX est un nouveau signifiant qui gagne progressivement le monde de la santé sexuelle et de l’addictologie. Forgé au sein de la communauté des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), le terme CHEMSEX désigne l’utilisation de produits psychoactifs au service de pratiques sexuelles. Lorsque cette pratique devient compulsive, l’usager se plaint d’avoir tellement été habitué à un plaisir sexuel décuplé qu’il n’envisage pas de retourner à une sexualité sans produits alors même que l’appétence pour le produit est devenue dommageable pour sa santé sexuelle, psychique et sociale. A l’occasion de cette conférence, Stéphane With-Augustin, psychologue et chercheur à l’UNIGE, présentera les enjeux de cette pratique très diffusée qui associe le sexe à la prise de drogues. Il abordera ainsi la diffusion de ce phénomène en matière de prévention et d’une prise en charge clinique de type psychologique

Cette dernière conférence du cycle « Chimies sexuelles » est organisée en collaboration avec l'ADEPSY (Association Des Etudiant.e.x.s en PSYchologie - FPSE - UNIGE) et dans le cadre de leur cycle de conférences « Regards psychologiques croisés sur les sexualités ». Fidji Jorat et Joana Carolina Correia Pereira étudiant.es de l'ADEPSY vont modérer la conférence du 25 mai.