Soutien aux programmes

S'observer entre pairs: mode d'emploi

Enrichissez votre pratique enseignante grâce à l'observation entre pairs

L’observation entre pairs, qu’est-ce que c’est?

L’observation entre pairs (Peer Observation of Teaching) peut prendre plusieurs formes. Celle qui est proposée ici s'inspire notamment du modèle de la collaboration entre pairs (Gosling, 2005, 2009, 2014). Selon ce modèle, deux personnes qui enseignent (ou plus) collaborent pour développer ensemble leurs compétences en enseignement. Leur collaboration prend la forme d’observations mutuelles de leurs classes, précédées et suivies de discussions et de réflexions. Ces discussions débouchent le plus souvent sur l’échange à propos des stratégies et des techniques d’enseignement.

Dans cette perspective collaborative, il n’est nullement question d’évaluer les compétences des personnes ou de porter un jugement sur la qualité des cours. Il s'agit plutôt de se donner un feed-back constructif et de rechercher des pistes permettant d'évoluer et de se développer en tant qu’enseignant-e universitaire.

Comme la révision entre pairs qui vise in fine à assurer la qualité des articles scientifiques, l’observation entre pairs peut contribuer à renforcer la qualité de l’enseignement par la critique et les commentaires constructifs.

Les conseiller-ères pédagogiques du pôle sont à disposition pour vous accompagner, vous conseiller à tout moment et soutenir ce processus.

Est-ce que cette démarche est pour moi?

Que votre pratique enseignante débute ou soit déjà avancée, l’observation entre pairs a des bénéfices potentiels. Les personnes plus novices pourront par exemple bénéficier de conseils utiles par des collègues plus chevronné-es dès le début de leur carrière, tandis que les personnes plus expérimentées auront l’occasion de renouveler et perfectionner leur enseignement. Le Pôle SEA peut sur demande se joindre aux binômes ou équipes formées pour apporter un point de vue complémentaire aux échanges.

Selon le retour d’expérience à l’UNIGE, plus les personnes ont des affinités entre elles et se connaissent déjà, ou ont déjà échangé à propos d'enseignement, plus l’échange peut être fructueux. Mais l’échange entre des personnes qui n’enseignent pas la même matière peut aussi être très riche. Dans les deux cas, la personne qui observe peut être très proche de ce que les étudiant-es vivent et ressentent lors du cours.

Quels bénéfices?

Plusieurs objectifs peuvent vous pousser à vous engager dans l'observation entre pairs.

En voici quelques-uns issus de la littérature consultée (voir l’onglet «En savoir plus»; en particulier Daele & Sylvestre, 2015; Race et al., 2009) et des témoignages d’enseignantes et enseignants qui ont pratiqué l’observation entre pairs à l’UNIGE:

  • pour répondre à des questions que je me pose à propos de mon enseignement
  • pour me rassurer si je débute dans l’enseignement supérieur
  • pour recevoir un feed-back personnalisé sur ma façon d’enseigner
  • pour avoir le retour d’une ou plusieurs personnes extérieures sur une innovation, une nouvelle activité
  • pour prendre conscience de mes habitudes lorsque j’enseigne
  • pour identifier des pistes pour améliorer mon enseignement
  • pour échanger des bonnes pratiques, des stratégies efficaces avec un-e ou plusieurs collègues
  • pour découvrir de nouvelles façons d’enseigner et d’apprendre à l’université
  • pour développer mon réseau, et pouvoir avoir des personnes à qui exposer mes préoccupations sur l’enseignement
  • pour avoir l’occasion d’observer un groupe en train d’apprendre
  • pour développer une posture réflexive à propos de l’enseignement et de l’apprentissage
  • pour valoriser mes compétences pédagogiques

Des études démontrent que les enseignant-es qui entreprennent une démarche d’observation entre pairs estiment qu’il s’agit d’une activité utile pour leur développement professionnel (Gosling, 2014). Plusieurs avantages sont liés à l’aspect réciproque de la démarche, c’est-à-dire le fait d’être à la fois en posture d'observer et d'être observé-e (Race et al., 2009). Les deux postures sont complémentaires et chacune permet de développer des compétences particulières.

 

Sur quels sujets les observations et les discussions peuvent-elles porter?

Il n’y a aucune restriction en la matière, au contraire tout est possible! A titre d’exemple, l’observation peut porter sur les dimensions suivantes:

  • l’expression orale (langage verbal et non verbal)
  • l’organisation du contenu de l’exposé ou du cours
  • les activités proposées au groupe
  • la gestion du temps
  • l’attitude de la personne qui enseigne pendant le cours
  • sa gestion des interactions avec les étudiant-es
  • les supports de cours
  • l’usage d’une technologie en particulier
  • etc.

Par ailleurs, la collaboration peut aussi s’étendre au-delà de l’observation et porter sur des dimensions de l’enseignement qui sont moins facilement observables en une seule séance (Gosling, 2014), par exemple:

  • la planification d’un enseignement
  • la cohérence pédagogique (alignement entre objectifs – enseignement – évaluation)
  • l’encadrement des étudiant-es (labo, travail de master, etc.)
  • le travail en groupe
  • la gestion du stress et du trac
  • l’évaluation des connaissances et des compétences
  • le feed-back donné aux étudiant-es
  • la prévention et la gestion du plagiat et des incivilités
  • etc.

Dans ce cas, en complément de l’observation, on pourra avoir recours à d’autres méthodes, comme la lecture des documents de cours (syllabus, examens, consignes pour les travaux, etc.), le questionnement, l’explicitation de ses choix pédagogiques, le récit d’une expérience, etc.

Quoi qu’il en soit, il est important que chaque personne observée exprime clairement ses attentes quant aux dimensions à aborder (Daele & Sylvestre, 2015). La séance initiale est l’occasion par excellence de clarifier ces dimensions et de s’entendre sur les éléments précis (les indicateurs) sur lesquels on se basera pour apprécier chaque dimension (voir l'étape «Préparer l’observation», dans la rubrique «Comment procéder)».

Des exemples de dimensions sont disponibles dans la rubrique «Outils». 

Quelle démarche suivre?

 Dans le cadre du Laboratoire de l’enseignement, nous vous suggérons une démarche en 3 phases:

  1. la phase de préparation
  2. la phase d’observation
  3. la phase de retour et de suivi

Déroulement de l'observation

Les étapes et conseils proposés ci-dessous s’appuient sur la littérature consultée (voir l’onglet «Ressources»; en particulier Daele & Sylvestre, 2015) et sur le retour d’expérience d’enseignant-es de l’UNIGE.

I. La phase de préparation

Choisir un-e partenaire (ou plusieurs)

Les questions suivantes peuvent orienter le choix d’un ou plusieurs partenaires (Daele & Sylvestre, 2015; Lambert, Huneault, & Daele, 2016):

  • Est-ce que je préfère collaborer avec une seule personne ou avec plusieurs?
  • Est-ce que je préfère collaborer avec une personne qui enseigne la même discipline que moi ou une autre discipline?
  • Est-ce que je préfère collaborer avec une personne qui a sensiblement le même niveau d’expérience que moi ou une personne plus experte/novice?
  • Est-ce que je préfère collaborer avec une personne qui enseigne le(s) même(s) type(s) de cours (grands amphithéâtres, petits groupes, cours obligatoires, travaux pratiques, etc.) ou qui a une expérience différente?

Toutes les combinaisons sont possibles et chacune offrira des opportunités différentes en termes de feed-back. Il peut être intéressant en ce sens de multiplier les expériences d’observation entre pairs, en choisissant des partenaires possédant des caractéristiques différentes et complémentaires.

Même si le plus courant est de former des binômes, il est tout à fait envisageable de constituer des trinômes, voire des équipes, au sein desquelles chaque personne observe l’enseignement d’une ou plusieurs personnes et réciproquement.

Les différentes formules d'observation entre pairs 

Il est possible de solliciter le soutien d’un-e conseiller-ère pédagogique du pôle SEA à tout moment du processus.

Étapes de l'observation

Vous avez la possibilité de choisir vous-même vos pairs et la formule de votre choix. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi nous contacter et nous fournir quelques renseignements (votre profil et vos préférences) pour que nous puissions vous proposer un tandem avec une autre personne. Vous pouvez aussi prendre contact avec ces ambassadeurs et ambassadrices.

Préparer l’observation

Le bon déroulement de la démarche repose sur une bonne préparation, c’est pourquoi il est important que les pairs se rencontrent au moins une fois avant l’observation.

Lors de cette rencontre initiale, il est utile que la personne observée:

  • exprime les raisons qui la poussent à solliciter l’observation d’un-e pair
  • précise son contexte d’enseignement (voir fiche de contextualisation dans la rubrique «Outils»)
  • identifie les dimensions qu’elle souhaiterait que l’autre observe en particulier (voir la rubrique «Sur quoi s'observer»?)

Ensuite, les partenaires:

  • adaptent ou construisent les outils qui serviront à l’observation (voir des exemples de grilles dans la rubrique «Outils»)
  • s’entendent à l’avance sur les modalités de l’observation (à quelle heure arrivera la personne qui observe, où se placera-t-elle, le groupe sera-t-il informé de sa présence, etc.)
  • fixent déjà la séance de feed-back (quelques jours après l’observation de préférence)

Un-e conseiller-ère pédagogique peut participer à cette rencontre ou vous aider à la préparer.

II. La phase d’observation

Observer un enseignement et se faire observer

En général, la personne qui observe arrive un peu à l’avance et se place à l’endroit convenu lors de la séance de préparation. S’installer à l’arrière de la salle ou en retrait du groupe  permet habituellement d’avoir un point de vue global et de «faire oublier» sa présence. A moins que cela n’ait été prévu lors de la séance de préparation, la personne qui observe n’intervient pas pendant le cours.

Pour la personne observée, il s’agit de donner son cours naturellement. Pour la personne qui observe, il s’agit de prendre des notes en utilisant l’outil qui a été convenu préalablement (voir des exemples dans la rubrique «Outils»).

Il est également possible de filmer la séquence observée, de façon à garder une trace objective du déroulement du cours. En plus de permettre de croiser plusieurs regards, l’enregistrement permet de revenir plus tard sur ses pratiques et de constater son évolution. Le Pôle de soutien à l'enseignement et à l'apprentissage (SEA), tout comme les centres audio-visuels, mettent à votre disposition le matériel nécessaire.

Un-e conseiller-ère pédagogique peut observer également la séance en vue de participer à la phase de retour.

III. La phase de retour et de suivi

Préparer la séance de feed-back

Le plus rapidement possible après l’observation, pendant que les souvenirs sont frais à la mémoire, il est recommandé de noter ses impressions (pour la personne observée) et de consolider ses notes (pour la personne qui observe). C’est l’occasion de reprendre une par une les dimensions sur lesquelles un feed-back est souhaité et d’identifier ce qui était positif et ce qui semble pouvoir être amélioré. La personne observée peut à cet effet utiliser la fiche d’auto-évaluation (voir la rubrique «Outils»). Il est aussi utile de mettre sur papier les questions que l’on souhaitera poser à l’autre lors de la séance de feed-back, avant de les oublier.

Donner et recevoir le feed-back

Nous vous recommandons de planifier la séance de feed-back dans les jours qui suivent l’observation, de façon à pouvoir bénéficier d’un juste recul par rapport à l’expérience, sans en oublier les détails importants.

Pour donner et recevoir un feed-back constructif, il est utile de respecter certains principes, qui sont présentés dans la fiche Donner et recevoir du feed-back (à télécharger dans la rubrique «Outils»).

Un-e conseiller-ère pédagogique peut participer à la phase de retour et vous aider à envisager la suite.

Quels outils sont à ma disposition?

Pour mener une observation, vous avez à disposition ci-dessous des fichiers Word à télécharger. Ils sont entièrement personnalisables et sont fournis à titre d’exemples seulement: vous pouvez bien sûr créer vos propres outils d’observation.

  • deux listes de dimensions sur lesquelles observer vos enseignements respectifs
  • quatre grilles d'observation différentes
  • des conseils pour se donner du feed-back constructif
  • un radar pour auto-évaluer sa prestation et une fiche d'auto-évaluation

La liste des documents est appelée à évoluer au fur et à mesure des expériences, retours et suggestions à propos de ces outils. Écrivez-nous!

Vous voulez en savoir plus sur l’observation entre pairs ?

Venez au Pôle de soutien à l’enseignement et à l’apprentissage (SEA) situé au 10 rue du Conseil-Général ou écrivez-nous, nous vous mettons volontiers à disposition l’une des références consultées pour préparer ce mémo:

  • Daele, A., & Sylvestre, E. (2015). Pratiquer l’observation de l’enseignement entre pairs. In N. Rege-Colet & D. Berthiaume (Eds.), La pédagogie de l'enseignement supérieur : repères théoriques et applications pratiques. Vol. 2 - Se développer au titre d’enseignant du supérieur, 151-168. Berne: Peter Lang.
  • Fullerton, H. (2003). Observation of teaching. In H. Fry, S. Ketteridge, & S. Marshall (Eds.), A handbook for teaching and learning in higher education. Enhancing academic practice. (2ème éd.), 226–241. London: Routledge-Falmer.
  • Gosling, D. (2005). Peer observation of teaching, London: Staff and Educational Development Association, SEDA paper no. 118.
  • Gosling, D. (2009). A new approach to peer review of teaching. In D. Gosling & K. Mason O’Connor (Eds.), Beyond the peer observation of teaching, 7–15. SEDA.
  • Gosling, D. (2014). Collaborative Peer-Supported Review of Teaching. In J. Sachs & M. Parsell (Eds.), Peer Review of Learning and Teaching in Higher Education: International Perspectives. Professional Learning and Development in Schools and Higher Education, 9, 13-31. Dordrecht: Springer.
  • Lambert, M., Huneault, C., & Daele, A. (2016). Au-delà des ateliers: différentes initiatives pour soutenir la formation des enseignants. In A. Daele & E. Sylvestre (Eds.), Comment développer le conseil pédagogique dans l'enseignement supérieur?, 151-168. Bruxelles: De Boeck.
  • Race, P. et al. (2009). Using peer observation to enhance teaching. Leeds Met Press. Leeds, UK : Leeds Metropolitan University. Consulté à l'adresse: http://phil-race.co.uk/peer-observation-teaching/
  • Sachs, J. & Parsell, M. (Eds.) (2014). Peer Review of Learning and Teaching in Higher Education: International Perspectives. Professional Learning and Development in Schools and Higher Education, 9. Dordrecht: Springer.

autres Lecture utiles

  • Hendry, G. & Oliver, G. Seing is believing. The benefits of Peer Observation. (2012). Journal of University teaching & Learning Practice, 9(1).
  • Svinicki, M., & McKeachie, W. J. (Eds.). (2011). McKeachie’s teaching tips. Strategies, research, and theory for college and university teachers (13th ed.). Belmont, CA: Wadsworth.

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