Acquisition et troubles du langage

Prévention des troubles de l’apprentissage

Projet de recherche : la réponse à l’intervention

 

 

      Les enseignant-es font face à de plus en plus d’élèves en difficulté dès le début de la scolarité primaire, et notamment dans les apprentissages fondamentaux comme ceux de la lecture, de l’écriture et du domaine des mathématiques. La Réponse à l’Intervention (RàI) est une approche novatrice qui vise à proposer (1) un dépistage universel des difficultés d'apprentissage après quelques mois d'enseignement formel des bases du langage écrit et des mathématiques, et (2) une intervention pédagogique précoce et intensive à tous les élèves qui présentent des difficultés dans la mise en place de ces compétences. La RàI est beaucoup utilisée au-delà de nos frontières, en particulier sur le continent nord-américain et au Royaume-Uni, mais reste encore méconnue en Suisse. Elle se base sur plusieurs éléments : la qualité de l’enseignement initial, le dépistage universel des enfants en difficulté, la différenciation pédagogique via la gradation des interventions et le suivi des progrès. Cette approche concerne notamment l’enseignement du langage écrit et des mathématiques, qui constituent les domaines affectés dans les troubles développementaux des apprentissages tels qu’ils sont définis dans la Classification Internationale des Maladies de l’OMS (CIM-11, 2018).

      Depuis quelques années, une telle approche a été mise en place dans des établissements pilotes des cantons de Genève, Vaud et Valais. Suite à ces premiers essais, nous cherchons maintenant à tester plus formellement l'efficacité de ce dispositif pour repérer et aider les élèves le plus en difficulté. Dans cette perspective, une étude a été planifiée par des représentant-es de l'Université de Genève, de la Haute Ecole Pédagogique du Canton de Vaud et des directions générales de l'enseignement obligatoire des cantons de Genève et de Vaud afin d'étudier l'impact de la mise en place d'une telle approche sur les compétences scolaires des enfants en difficulté au cours de la 3 année Harmos, année particulièrement importante pour les apprentissages de base dans le domaine du langage écrit et des mathématiques.

      L’étude vise à comparer les compétences de langage écrit et de mathématiques de deux groupes d’élèves en difficulté auprès de qui une approche de type RàI sera mise en place. Pour l’un des groupes, l’objet d’étude sera le langage écrit, et pour l’autre, ce seront les mathématiques, chaque groupe constituant ainsi le contrôle de l’autre. Tous les élèves de 3P des établissements choisis seront testés dans les deux domaines à trois reprises : avant l’intervention, après l’intervention, et une année après l’intervention. Cette évaluation sera confiée à des auxiliaires de recherche sous la responsabilité des chercheur/euses des hautes écoles. Les groupes cibles seront formés par les élèves qui sont en difficulté (habituellement environ un cinquième à un quart de la classe) dans chaque domaine et auprès de qui l’intervention sera réalisée. L’intervention sera effectuée par petits groupes d’élèves sous la responsabilité de membres du corps enseignant (titulaires et/ou ECSP) à raison de 3 séances de 30 mn par semaine pendant 14 semaines. Pour des raisons méthodologiques (standardisation de l’intervention), des outils pédagogiques spécifiquement créés pour les besoins de ces interventions seront mis à disposition des enseignant-es. Ils reprennent les éléments démontrés efficace par la recherche pour favoriser les apprentissages dans les domaines du langage écrit et des mathématiques.

L'objectif est de faire en sorte que :

-          pour la majorité des élèves en difficulté, l'intervention précoce et intensive suffise à leur donner l'élan nécessaire pour poursuivre leurs apprentissages sans autre forme de soutien ultérieur, ce qui permettrait de diminuer à terme la demande d’intervention spécialisée,

-          pour les enfants dont la réponse à l'intervention est limitée, il s’agira de les adresser aux spécialistes (logopédistes et psychologues) pour réaliser une évaluation plus détaillée et mettre en place un plan d'intervention individualisé. Cette intervention pourrait ainsi débuter de manière bien plus précoce que les prises en charge actuelles, ce qui est susceptible d’accroître son efficacité et de réduire les conséquences secondaires de ces difficultés (échec scolaire, démoralisation, difficultés d’intégration socio-professionnelle).