29 octobre 2020 - Melina Tiphticoglou

 

Analyse

La politique sociale suisse
de A à Z

Avec plus de 250 articles entièrement revus et basés sur des constats étayés tant par la recherche que par la pratique, la nouvelle édition du «Dictionnaire de politique sociale suisse» fournit aux spécialistes ainsi qu’au grand public des connaissances de base en la matière.

 

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Distribution de denrées à Genève en mai. Avec la crise du coronavirus, situer et comprendre les politiques sociales se révèle d'autant plus important. Photo: MSF


C’est un travail colossal de synthèse et d’analyse qui paraît en deux langues (allemand et français) et en deux versions (électronique et papier) aux Éditions Seismo. Avec plus de 250 articles, rédigés par 242 auteur-es actif-ves dans la recherche, l’administration publique et la société civile, le Dictionnaire de politique sociale suisse offre un tour d’horizon très complet du domaine. Nouvel outil de référence, il apporte un éclairage sur sa mise en œuvre, ses objectifs et ses effets, l’inscrit dans un contexte historique, socio-économique et juridique et pointe les besoins d’action et les défis du domaine. Professeur en politiques sociales et vulnérabilités à la Faculté des sciences de la société de l’UNIGE, Jean-Michel Bonvin est membre du comité éditorial et initiateur du projet en tant qu’ancien président de l’Association suisse de politique sociale. Il figure par ailleurs parmi les intervenant-es d’une table ronde organisée, en ligne, vendredi 30 octobre, aux côtés de Thierry Apothéloz, conseiller d’État chargé du Département de la cohésion sociale, de Joëlle Libois, directrice de la Haute école de travail social de Genève, et de Blaise Matthey, directeur général de la Fédération des entreprises romandes. Entretien.

 

LeJournal: De A (abus) à X (xénophobie), on parcourt 251 thématiques, en passant par la délinquance des femmes, la naturalisation ou le surendettement. Le champ est large, comment avez-vous procédé?
Jean-Michel Bonvin: Avec une telle variété de sujets, personne ne peut prétendre disposer de toutes les connaissances. Nous avons donc défini 20 rubriques (famille, migration, travail, etc.) que nous avons confiées à des expert-es chargé-es de lister les thématiques et concepts de façon aussi exhaustive que possible et d’identifier les auteur-es. Ils et elles sont 242, vous pouvez imaginer la coordination que cela a nécessité. Mais le résultat est riche et très stimulant. On apprend beaucoup à la lecture de cet ouvrage et certains textes sont remarquablement écrits, même si les membres de l’équipe éditoriale seront probablement les seul-es à le lire de bout en bout!

Quelle est votre intention avec cette publication?
La réalisation de l’ouvrage a été portée par l’Association suisse de politique sociale, une association que j’ai présidée pendant plus de dix ans et qui se définit comme une passerelle entre le monde académique et les praticien-nes. Avec ce dictionnaire, nous visons pleinement cet objectif. Notre intention est également de donner un peu de recul, de permettre une mise en perspective. Pour les praticien-nes, il s’agit de relever la tête du guidon et de prendre conscience que leur travail, fait d’une multitude de détails techniques, revêt une importance sociétale, qu’il s’inscrit plus largement dans une politique nationale et s’ancre dans l’histoire. À l’inverse, pour les théoricien-nes, les académiques dont je fais partie, c’est l’occasion de comprendre comment la politique sociale s’incarne quand il s’agit de la mettre en œuvre.

Pourquoi une nouvelle édition?
Ce dictionnaire n’a pas une vocation uniquement théorique, il doit aussi être représentatif de ce qui se passe dans la société. Or, le monde a profondément changé depuis les dernières éditions, française et allemande, qui dataient du début des années 2000. Nous avons donc choisi d’actualiser entièrement son contenu. Nous le voulions également accessible au plus grand nombre, spécialistes aussi bien que grand public, c’est pourquoi nous avons porté une grande attention à sa structure. Les 251 articles sont volontairement concis et tous construits de la même manière. Après une brève définition et une description de l’objet, suivent les aspects historiques, économiques, sociaux et juridiques. Ensuite, le lecteur ou la lectrice se familiarise avec les spécificités de la politique sociale suisse en comparaison internationale, pour conclure sur une appréciation critique sur les enjeux actuels et futurs. Enfin, des références bibliographiques accompagnent chacun des sujets.

Vous avez choisi de traiter le sujet dans une optique nationale. La politique sociale ne se joue-t-elle pas surtout à l’échelle cantonale, voire communale?
C’est souvent vrai, mais le niveau fédéral reste la référence et en cela il est pertinent. Énormément de choses sont décidées au niveau national, sous l’influence notamment de traités internationaux qui évoluent. Dans beaucoup de cas, un fédéralisme d’exécution s’applique, c’est-à-dire qu’une même loi est mise en œuvre différemment selon les cantons. Pour cette raison, nous avons choisi de traiter les sujets d’un point de vue national, en mentionnant évidemment les différences régionales lorsque cela se justifiait pour certaines thématiques. L’aide sociale, par exemple, est cantonale en Suisse romande et communale en Suisse alémanique.

 

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Jean-Michel Bonvin, Valérie Hugentobler, Carlo Knöpfel, Pascal Maeder, Ueli Tecklenburg (dir.)
«Dictionnaire de politique sociale suisse»
Éditions Seismo, 2020

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La politique sociale de demain

Table ronde, en ligne, avec Thierry Apothéloz, Jean-Michel Bonvin, Joëlle Libois et Blaise Matthey
Vendredi 30 octobre 2020, 18h15

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