L’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) a décerné son Prix de thèse 2021 à Cécile Petitdemange, doctorante en co-tutelle entre l’UNIGE et l’EHESS, sous la direction des professeur-es Didier Péclard (Faculté des sciences de la société et Global Studies Institute/UNIGE) et Fabienne Samson (EHESS) pour sa thèse intitulée «Bricoler au rythme du politique: l'ambivalence des islams au Tchad». Quelques semaines auparavant, Cécile Petitdemange avait été distinguée par le GIS Études africaines en France et la Société française des africanistes pour ce même travail.

En proposant une sociologie politique des islams au Tchad, cette thèse porte sur le «comment» des articulations entre islam et politique par l’entremise des mouvements réformistes et leurs effets en termes pratiques, imaginaires et identitaires.  Elle montre notamment comment le pouvoir au Tchad repose sur de subtiles modalités de domination et de persuasion incluant une variété d’acteurs, notamment religieux, mais également comment les opportunités suscitées par la lutte antiterrroriste ont permis à l’Etat tchadien d'accroître son pouvoir. Puis en adoptant une approche «au ras du sol», la thèse éclaire l’ambivalence des identités et pratiques islamiques, démontrant qu'il y a autant de manières d’être salafiste que de situations concrètes, et autant de manières d’énoncer le politique que d’acteurs religieux. Enfin l'auteure tempère l’idée d’une islamisation par le bas véhiculée par les dynamiques transnationales de l’aide, en montrant comment le religieux est négocié à l’aune de multiples rationalités, empêchant toute idée de «saoudisation» des pratiques islamiques tchadiennes.