2 septembre 2021 - Alexandra Charvet

 

Événements

La santé numérique boostée par la pandémie

Alors que le monde entier redoute une quatrième vague et les nouvelles mesures sanitaires qui l’accompagneront inévitablement, les impacts positifs de la pandémie ne doivent pas être totalement occultés, notamment ceux sur la transformation numérique.

 

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Le 14 septembre prochain, un symposium fera le point sur l'accélération forcée de la transformation numérique dans le domaine de la santé. Durant un après-midi, un panel d’expert-es accompagné-es de professionnel-les de la santé, de chercheurs/euses, de régulateurs/trices, de représentant-es des ONG et de patient-es souligneront les rôles que jouent la télésanté, la modélisation et l’importance des données dans cet effort. Vice-recteur responsable de l’Université numérique et médecin-chef du Service de cybersanté et télémédecine des HUG, Antoine Geissbuhler inaugurera l’événement. L’occasion de livrer quelques réflexions sur la manière dont la crise sanitaire a révélé les enjeux et le potentiel des outils numériques. Le point en quatre questions.

LeJournal: Qu’est-ce que la pandémie a montré quant à la transformation numérique de nos systèmes?
Antoine Geissbuhler
: Cette crise a d’abord permis de prendre conscience que de nombreuses tâches pouvaient être effectuées à distance alors qu’on pensait ne pouvoir les réaliser qu’en présentiel, tels l’enseignement ou les consultations médicales. Mais elle a aussi révélé l’important degré d’impréparation dans certains secteurs, en particulier dans le domaine de la santé où les médecins ont été contraints de communiquer par fax avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) alors que cela fait des décennies que des outils numériques ont été développés. Ces exemples légitiment les efforts déjà déployés pour mettre en place des outils de collaboration ou de continuité de la prise en charge des patient-es. La crise a, de plus, nourri la réflexion autour de l’open science et de notre capacité à mutualiser les données de la recherche, en particulier quand il a fallu travailler ensemble pour mener à bien les études sur le coronavirus.


En quoi cette crise sanitaire a-t-elle été un catalyseur de la numérisation dans le domaine de la santé?
Lors du confinement, les HUG ont déployé du jour au lendemain près de 400 stations de télémédecine pour permettre aux médecins de continuer leurs consultations alors que les patient-es n’avaient plus accès à l’hôpital. Cela a mis en évidence le potentiel de ces outils au quotidien tout en ouvrant de nouvelles manières d’envisager certaines prestations de santé. Les patient-es peu mobiles, pour qui venir à l’hôpital n’est pas simple, ou les patient-es chroniques, qui doivent régulièrement se soumettre à des contrôles, souhaitent maintenir ces consultations à distance. Celles-ci peuvent aussi permettre d’éviter une admission aux urgences quand la situation est compliquée à la maison ou de résoudre un problème parce que le/la soignant-e est guidé-e par un-e expert-e à distance. Actuellement, les chirurgien-nes réfléchissent à raccourcir les séjours hospitaliers de certain-es patient-es, ces derniers/ères pouvant être joint-es à domicile. Un jour de moins à l’hôpital, c’est plus confortable pour les malades et représente aussi moins de risques d’infections nosocomiales. Quant à la dématérialisation de certains processus, elle s’est largement accélérée, comme c’est le cas pour la signature électronique, expérimentale depuis des années et qui est devenue la nouvelle norme. On a ainsi observé une simplification administrative de certains processus.


Cette transformation ne comporte-t-elle pas certains risques?
Il ne suffit pas de dématérialiser pour avoir une prestation de même niveau. On l’a bien vu dans le domaine de l’enseignement: les documents en ligne ne remplacent pas l’expérience pédagogique d’un cours en présentiel. La crise a permis de se rendre compte que la numérisation implique également une réflexion sur ses limites afin d’assurer un service de bonne qualité. Il est nécessaire de développer de nouvelles compétences chez les enseignant-es comme chez les médecins. La protection des données représente également un enjeu de taille. Elle nécessite non seulement des outils techniques mais aussi un ensemble de bonnes pratiques: obtenir le consentement du ou de la patient-e, assurer que ses données ne seront ni utilisées de manière inappropriée, ni révélées, etc.


Quels sont les prochains défis de cette numérisation?
L’obstacle majeur à la réalisation des promesses du big data et à une science pilotée par les données est ce qu’on nomme l’interopérabilité sémantique, c’est-à-dire la capacité à conserver le sens des données quand elles sont véhiculées d’un système à un autre. Il faudra également travailler sur le fossé qui existe entre notre imaginaire et ce que le numérique est réellement capable de refléter du monde réel. En ce sens, la crise sanitaire a aussi été une leçon, notamment avec l’application Swisscovid qui n’a pas véritablement fonctionné. La mise en place des outils numériques se heurte non seulement à des complexités techniques mais aussi à des complexités humaines et à des questions d’acceptation sociale.

LA PANDÉMIE DE COVID-19, UN CATALYSEUR POUR LA SANTÉ DIGITALE

Symposium

Mardi 14 septembre | 13h–18h45 | en ligne, sur inscription


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